Découvrez un parcours atypique : celui d’un ancien trader chez Goldman Sachs pendant 7 ans, aujourd’hui reconverti en streamer sur Twitch !

Comment monter les échelons rapidement dans une grande banque d’affaires comme Goldman Sachs ? A quel type de missions s’attendre ? Découvrez le témoignage de Marc Lesage-Moretti aka “Jokariz”, qui nous donne tous ses conseils pour lancer au mieux sa carrière dans la finance et qui nous explique sa transition vers le monde de la Creator Economy !

Apprenez-en plus sur les étapes de son parcours et ses différentes expériences, tous ses conseils pour évoluer en finance, sa vision de la Creator Economy et son quotidien de créateur de contenu.

Peux-tu te présenter et nous décrire ton parcours ?

Trader Goldman Sachs devenu streamer sur TwitchJe m’appelle Marc Lesage-Moretti et j’ai 31 ans. Après diverses expériences dont notamment 7 ans passés au sein de Goldman Sachs en tant que Cross Asset Sales, j’ai décidé de me lancer dans un nouveau challenge sur Twitch, celui de créateur de contenu sur League of Legends, le jeu vidéo le plus compétitif de l’e-sport.

Concernant mon parcours étudiant, j’ai commencé par faire une prépa ECS avant d’intégrer l’ESCP. J’y ai effectué une année de césure à la BNP, où j’occupais un poste en structuration. Par ailleurs, afin d’intégrer ce genre d’équipe, qui plus est dans une banque française, il est primordial de venir d’une bonne école ; les banques françaises sont très sensibles à cela. Parallèlement à mes études, ayant un goût prononcé pour les mathématiques, je donnais des cours à des étudiants de deux classes préparatoires au sein du groupe Ipésup.

A l’époque, les banques françaises ne prenaient que des profils d’ingénieurs pour des postes de structuration. Il y avait donc une session de tests de logique et de finance qui était organisée par BNP dans mon école mais elle était réservée aux étudiants en double-diplôme avec Supélec. J’ai envoyé un mail à la RH en lui demandant si je pouvais participer aux tests, en insistant sur le fait que j’étais bon en maths, mais j’ai été refusé. Je me suis quand même présenté le jour des tests et la RH, bien que surprise, a finalement accepté de me laisser passer l’épreuve. Plus tard, je passais avec succès les entretiens avec l’équipe et je devenais l’un des premiers stagiaires structureur à la BNP sans formation d’ingénieur. Cette anecdote est révélatrice du fonctionnement des banques : il faut provoquer votre chance.

J’ai par la suite effectué mon deuxième semestre de l’ESCP à Londres, j’y suivais notamment des cours de finance de marché et j’y ai développé mon intérêt pour cette discipline. Lors du premier semestre de ma dernière année, j’ai effectué un échange à Chicago à la UIUC College of Business. En termes d’enseignement, les cours d’économie étaient très poussés en mathématiques et étaient abordés de manière originale, ce qui m’a beaucoup plu. En revanche, j’ai trouvé les cours de finance de marché trop basiques. J’ai aussi pu, au cours de ces 6 mois, bénéficier des infrastructures de l’école et de son cadre. Ce fût pour moi l’occasion de voyager aux États-Unis ou encore d’être capitaine de l’équipe de football du campus.

Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai effectué un stage de fin d’études chez Goldman Sachs en 2015 à Paris. J’arrive alors dans une toute petite équipe de trois vendeurs, spécialisée en produits structurés. Après avoir fait décoller ce business, nous avons recruté petit à petit de nouveaux collaborateurs.

À la différence de la BNP, et plus largement des banques françaises qui offrent de nombreuses possibilités aux étudiants sortant d’école à travers des stages, l’équivalent dans les banques américaines, les “Offcycle”, sont plus rares et très concurrentiels (comptez 8 entretiens pour un stage et 20 pour un CDI). En revanche, une fois entré, la montée en responsabilité et la diversité des missions s’accélèrent plus rapidement. Au bout de deux ans en tant qu’Analyst, je suis passé Associate grâce à un programme “fast track” qui se faisait peu à l’époque. Le fait d’être français et donc d’avoir plus d’années d’études et d’expérience professionnelle que la moyenne a clairement joué en ma faveur pour accéder à ce programme. En tant qu’Associate, on m’a confié mes propres clients, de tailles de plus en plus conséquentes. C’est le moment dans une carrière en finance où les success stories s’écrivent et où il est possible de monter en puissance rapidement.

Après plus de deux ans en tant qu’Associate, je suis passé Vice-Président. Et là, encore une fois, mon métier a beaucoup évolué. Mes nouvelles responsabilités liées à la politique interne m’ont éloigné du cœur de métier qui me plaisait à l’origine : la technicité des produits et la relation client. J’ai alors décidé de quitter Goldman Sachs en février 2022 pour me consacrer au lancement d’un projet ambitieux et complètement différent : devenir créateur de contenu dans le domaine de l’e-sport !

Qu’est-ce qui t’a le plus plu durant ces 7 années de vendeur au sein de Goldman Sachs ?

En commençant en tant qu’Analyst, ce qui m’animait profondément était tout d’abord la partie mathématique et logique. Étant dans une petite équipe, il y avait beaucoup à faire et le fait d’avoir la liberté d’être force de proposition sur beaucoup de sujets était très motivant. En plus de cette partie technique, la découverte de l’écosystème, des différents produits, comprendre comment sont organisés les desks, appréhender la complexité des outils financiers était passionnant. Cela m’a permis de développer mes compétences.

Goldman SachsEnsuite, lorsque je suis passé Associate, j’ai été amené à gérer mes propres clients et à développer ma fibre commerciale. Ce fût un très bon challenge car je n’avais jamais eu l’occasion de travailler dans cet environnement. Le fait de créer des relations de confiance avec ses clients tout en essayant de maximiser son P&L est un défi haletant et quotidien. La transparence et la mise en place d’une relation win-win avec mes clients ont été les piliers de mes relations professionnelles au sein de Goldman Sachs. Le fait d’entretenir des liens de confiance sur le long terme, quitte à ne pas closer certains deals sur le court terme, est essentiel pour sa réputation et l’image que l’on renvoie.

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Que conseillerais-tu aux étudiants qui souhaitent intégrer ce secteur ?

Si vous souhaitez faire carrière en finance, il faut bien prendre conscience que c’est un marathon. La plupart du temps, les carrières sont courtes car vous aurez un train de vie très éprouvant et vous devrez faire beaucoup de sacrifices. Pour tenir ce rythme effréné et monter en hiérarchie, il est essentiel d’être régulier et d’avoir une hygiène de vie saine, au même titre qu’un athlète. C’est un monde très intense et très exigeant. Vous accéderez, certes, à une rémunération très attractive mais il faudra accepter l’impératif de disponibilité qui accompagne ce type de job et les sacrifices qu’ils nécessitent souvent sur le work/life balance.

Par ailleurs, le networking est très important dans ce milieu, ce qui n’était pas naturel chez moi au départ. Pour les personnes plus introverties, je vous conseille de développer cet attrait tout en restant franc et honnête. Restez vous-mêmes tout en jouant le jeu afin de vous faire remarquer positivement dans cet univers en perpétuelle compétition.

De plus, lorsque vous effectuerez vos premiers stages, décomplexez-vous et ne culpabilisez pas sur le fait d’être un peu “shark”. Soyez force de proposition, échangez un maximum avec des personnes d’expérience et valorisez votre travail. Quitte à jouer à l’extraverti, faites votre publicité et intéressez-vous aux autres. À la fin de votre stage, si vous avez fourni un bon travail et que vous avez appliqué ces conseils, votre MD vantera sûrement vos mérites auprès des boss des autres équipes !

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Pour quelles raisons as-tu décidé de quitter le milieu de la finance ?

Tout a commencé lorsque je discutais avec des amis qui travaillent dans la Silicon Valley. Nous parlions d’un sujet central aujourd’hui : la “Creator Economy”. Pour moi, c’est une révolution économique similaire à celle provoquée par Airbnb ou Uber il y a une dizaine d’années, lorsque nous nous sommes rendus compte que de simples plateformes de matchmaking entre l’offre et la demande pouvaient valoir plusieurs milliards. Pour vous définir simplement ce qu’est la Creator Economy, je dirais qu’il s’agit d’une économie de plateformes où des créateurs indépendants (non salariés de la plateforme) apportent à la fois des contenus innovants quotidiennement et font venir par eux-même des clients (viewers) en communiquant sur leurs propres réseaux sociaux. L’influenceur pourra développer sa communauté et, in fine, ses revenus tandis que la plateforme voit son nombre d’utilisateurs augmenter, ce qui représente pour elle de nombreuses opportunités commerciales : une stratégie win-win. Les exemples les plus connus sont les réseaux sociaux comme Youtube, Twitch, Instagram, TikTok et même LinkedIn. Cette économie étant en plein essor, on retrouve toutes les plus grosses entreprises mondiales sur ce créneau (Youtube appartient à Google, Twitch a été racheté par Amazon il y a déjà 8 ans, Facebook a développé les “reels” sur le modèle de Tiktok, etc…).

Finance et trading

Pour rebondir, j’avais pensé à aller dans une entreprise comme Jellysmack, tout en étant conscient que cela s’accompagnerait d’une forte baisse de salaire. Mais je me suis dit que j’allais profiter du fait d’avoir bien gagné ma vie durant ces quelques années pour prendre beaucoup plus de risques et découvrir la Creator Economy en tant que créateur directement. Le jeu vidéo et l’écosystème qui l’entoure étant encore sous-exploités en France, je pense qu’il y a de nombreuses opportunités à saisir. C’est ce nouveau challenge passionnant, autant sur les plans intellectuel, stratégique que créatif, qui m’a donné envie de me lancer en tant que créateur sur Twitch, Youtube, Linkedin et bientôt TikTok.

Enfin, ce qui m’attire aussi dans le streaming c’est le côté théâtral, le one-man-show. Je prends beaucoup de plaisir à aborder la partie technique de ce job (analyse des parties, des prises de décision, du calcul des risques et des probabilités…) de manière ludique et fun et à interagir avec ma communauté.

Peux-tu expliquer ton projet sur Twitch ?

Streamer sur Twitch en reconversion

Tous les jours, du lundi au vendredi, j’anime des lives sur Twitch sous le pseudonyme de “Jokariz”. Je propose à mon audience des parties de League of Legends (LoL) que je commente et analyse en direct. Ce jeu, très populaire dans le monde (125 millions de joueurs en 2022), vous plonge dans un univers où deux équipes (5 joueurs contre 5 joueurs) ont pour objectif de détruire la base adverse. La trame de ma série Youtube est la suivante : est-ce qu’un joueur qui a de faibles mécaniques peut compenser par une bonne stratégie et atteindre le niveau diamant (top 1% des joueurs dans le monde).

Pour chaque plateforme que j’utilise, j’ai une stratégie assez classique qu’on appelle TOFU/MOFU/BOFU. Sur Linkedin, je m’adresse à une audience qui suit mon projet de très loin et qui souhaite juste comprendre ce qu’est la Creator Economy, quelles sont ses répercussions sur notre société, comment marchent les algorithmes des différentes plateformes. Ma communauté Linkedin constitue donc mon Top of the Funnel (TOFU). A l’opposé, les viewers qui me suivent sur Twitch en live 3h par jour, sont plus des “hardcore gamers” et veulent voir des games de haut niveau et tout connaitre sur les meilleures stratégies suite à la derniere mise à jour du jeu, il s’agit donc de mon Bottom of the Funnel (BOFU). Entre les deux, il y a ma communauté Youtube qui a de l’appétit pour regarder une ou deux parties par semaine, c’est mon Middle of the Funnel (MOFU). Je propose donc des contenus différents à ces 3 communautés, adaptés à ce qu’ils recherchent.

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Pourquoi ce nouveau challenge ?

Jusqu’à aujourd’hui, toute ma vie étudiante et professionnelle a tourné autour de la finance. Avec ce nouveau projet, je dois repartir de zéro dans un nouvel univers, ce qui est très excitant. Si je devais ne retenir qu’une seule chose de ce que j’ai appris en 7 ans chez Goldman Sachs, c’est que sortir de sa zone de confort est ce qui vous force à donner le meilleur de vous-même.

Enfin, m’adresser via Linkedin aux générations de plus de trente ans et leur faire découvrir, à travers mon expérience, le monde de la Creator Economy est un des objectifs principaux de mon projet. L’écart qui se creuse entre les plus jeunes qui vivent, consomment et s’informent essentiellement via ces plateformes, et les plus âgés qui n’en ont parfois jamais entendu parler me pousse à réfléchir à des moyens de vulgariser le fonctionnement de ces plateformes pour les personnes de ma génération et de les sensibiliser à toutes les opportunités qu’elles offrent.

Quels sont tes objectifs vis-à-vis de ton évolution sur la plateforme ?

Je me donne deux ans pour “percer” en tant que créateur de contenu sur les différentes plateformes. Créer une communauté est très long, notamment dans le gaming : c’est le challenge le plus difficile à relever. S’accorder deux ans pour réaliser ce projet est finalement très court mais motivant car je dois trouver les moyens de réussir par moi-même.

Performance

En termes de chiffres, j’ai pour objectif de dégager 3000 ou 4000 euros sur la plateforme avec d’éventuels placements de produits. Cependant, ce chiffre pourra être revu à la hausse ou à la baisse en fonction de mon évolution. Malgré tout, je ne veux pas que mon CV de banquier aguerri se périme totalement car cela reste un excellent filet de sécurité. Je ne pense pas retourner  dans le milieu de la banque. Néanmoins, rejoindre une entreprise en pleine croissance dans la Creator Economy pourrait être une prochaine étape intéressante, qui me permettrait de mettre à profit mon expérience de vendeur pour aider l’entreprise à développer son activité commerciale.

Quelle discipline t’imposes-tu au quotidien ?

Ma journée est très organisée, j’aime bien me lever vers 9h, ce qui peut paraître assez tard comparé à mon ancienne vie. Généralement, je consacre ma matinée à m’entrainer sur le jeu : je fais des parties en mode compétitif, j’analyse le replay de mes parties, je travaille la théorie, je prends même parfois des leçons d’anciens joueurs professionnels. League of Legends est un jeu extrêmement complexe qui nécessite beaucoup de connaissances et d’entraînement. Pour vous donner un exemple, c’est comme si vous jouiez aux échecs, sauf qu’il y a 170 pièces uniques différentes, que chacune des pièces peut faire 5 actions différentes, que vous jouez à 5 contre 5 en temps réel, que vous avez parfois quelque secondes pour prendre la meilleure décision parmi un grand nombre de possibilités.

L’après-midi, je prépare mes lives, je gère mes mails et j’échange avec mon monteur et mon graphiste pour leur donner des indications sur la trame des vidéos que je partage sur Youtube et bientôt sur TikTok. Le soir, je prends également le temps de préparer les contenus et les posts que je vais partager sur les réseaux sociaux et analyser les KPIs que je me suis fixés.

Enfin, je fais du sport, jusqu’à quatre fois par semaine, pour garder un rythme de vie sain. Tous les jours du lundi au vendredi, de 16h à 19h, je stream sur Twitch. Ce rythme est idéal pour moi car cela me permet de garder une vie sociale le soir et le weekend. Couper des écrans est primordial quand on passe toute sa journée sur l’ordinateur.

Une fois ces objectifs atteints, que souhaites-tu faire dans le futur ?

FuturSi j’atteins mes objectifs, j’aimerais développer de nouveaux formats plus axés sur le Talk Show. À titre d’exemple, j’aimerais m’inspirer de ce que propose Domingo avec son émission “Popcorn”. Ce streamer français vient également de League of Legends et propose aujourd’hui une émission hebdomadaire sur des sujets de société  et autres sujets culturels. Il est accompagné d’autres streamers/chroniqueurs et reçoit des personnalités du jeu vidéo, du cinéma, du sport…

Enfin, si je devais réorienter mon projet professionnel, j’examinerais les opportunités au sein d’entreprises telles que Jellysmack, me permettant d’allier mes compétences dans le milieu financier et mon expérience en tant que créateur. Quoi qu’il en soit, je m’en serais voulu de ne pas avoir tenté ma chance et de ne pas avoir pris mon courage à deux mains pour me lancer dans cette aventure.

Pour en savoir plus sur Marc aka “Jokariz”, son parcours et profiter des best-of de ses lives, c’est par ici  : https://snipfeed.co/jokariz