On définit le shadow banking – ou finance de l’ombre – comme l’ensemble des activités et des acteurs contribuant au financement non bancaire de l’économie.

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Qu’appelle-t-on le shadow banking ?

Le Conseil de stabilisation financière (FSB), créé en avril 2009 par le G8, a défini le shadow banking comme un système d’intermédiation du crédit impliquant des entités et des activités en dehors du système bancaire traditionnel. 
Par opposition au système bancaire traditionnel dans lequel les banques collectent des dépôts qu’elles transforment en crédits à long terme, le shadow banking se compose d’institutions ne recevant pas de dépôts et menant des opérations de crédit à fort effet de levier.

Le shadow banking s’est développé aux États-Unis dans les années 1990 et s’est étendu à l’Europe, devenant rapidement partie intégrante du système financier international. Le Conseil de stabilité financière a tenté de mesurer la taille globale du shadow banking mondial à partir des actifs des « autres intermédiaires financiers » non bancaires. Après avoir fortement augmenté au début des années 2000, passant de 26 000 milliards de dollars en 2002 à 62 000 milliards en 2007, le shadow banking a connu une légère diminution en 2008 ; en 2012 il représente 67 000 milliards de dollars.

Parmi les institutions du shadow banking on trouve les fonds de capital-investissement, les hedge funds, les fonds de private equity, les fonds de dette, les « tax-efficient business development companies ».

Point majeur expliquant le développement très rapide de cette industrie : ces acteurs financiers ne sont pas soumis à la supervision prudentielle édictée par le Comité de Bâle et par la régulation américaine relative entre autre aux exigences de fonds propres.

 

Le shadow banking, une alternative aux banques traditionnelles

La finance de l’ombre apparaît comme une alternative plus « libre » car moins régulée. Elle est vectrice d’opportunités pour les banquiers frustrés par la régulation et qui savent identifier les opportunités. Sur les marchés occidentaux, le processus de migration des banquiers vers les activités de shadow banking est devenu un schéma classique. Ces institutions sont porteuses d’opportunités et de risques plus élevés que la finance traditionnelle.

Alors que les banques ont diminué leurs activités de crédits pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires, les anciens clients et employés des banques se tournent vers ces institutions alternatives pour y chercher du financement ou un métier plus risqué et potentiellement plus rémunérateur.

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Si les Hedge funds ont bénéficié des évolutions réglementaires aux dépens des banques traditionnelles, ils ont également été sources de solutions pour l’industrie bancaire traditionnelle. Par exemple, lorsque le Crédit Agricole a voulu améliorer sont ratio de capital en 2012, le fonds BlueMountain a fait l’acquisition d’un de ses desks de trading permettant ainsi à la banque française de réduire ses actifs risqués de €14Mds. De même, certains fonds de gestion d’actifs tels que le fonds Renshaw Bay ont des activités d’ « optimisation de capital bancaire », ou « arbitrage », qui consistent à prendre des parts de l’exposition d’une banque au risque de crédit. Cela permet au fonds ayant de faibles besoins en capital de réduire les exigences en fonds propres d’une banque, soumises depuis quelques années à des réglementations strictes avec les Accords de Bâle.

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Depuis que les banques américaines et européennes sont sujettes à de nouvelles régulations limitant le capital qu’elles peuvent accorder sous forme de crédits, la demande des investisseurs a augmenté pour les fonds d’investissement alternatifs tels que GSO Capital Partners, l’institution de crédits du groupe de private equity Blackstone. Ainsi cette année GSO a levé un fonds de $750 millions pour accorder des prêts pour l’achat de terrains dans le cadre de projets de construction de maisons. Le business model de ces fonds est moins risqué que celui des banques dans la mesure où dans le cadre d’un deal (un crédit par exemple) les taux d’intérêts sont plus élevés pour compenser le risque pris, et les collatéraux plus importants. Enfin, ces fonds peuvent prendre des participations ou obligations à bon de souscription d’actions. En Mars, GSO a accordé un crédit de $200 millions à la société autrichienne Ring International Holdings, en dette et titres structurés dans le cadre de l’acquisition de son concurrent Helios. Ring International n’avait pas accès à un financement bancaire et n’avait pas la structure pour entrer sur le marché de capitaux local. Le taux d’intérêt du prêt a été fixé à 12%, et GSO a reçu une participation optionnelle dans la société, qui lui accordait 1/3 des parts de la société en cas d’exercice. GSO et les autres fonds de même nature ne sont en général pas en compétition avec les banques dans la mesure où leurs clients n’ont pas accès au crédit bancaire et n’ont pas d’autres options de financement. Selon GSO, le fonds participe à un système bancaire meilleur et plus sûr.

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En 2008 se développent des « Business Development Companies », BDCs telles que Fifth Street Finance, qui tente de lancer une IPO, le cours de l’action des banques et autres institutions financières ayant chuté. Le fondateurs et gérant du hedge fund Greenlignt Capital choisit d’appuyer le développement de Fifth Street. Les BDCs sont considérées comme partie intégrante de la finance de l’ombre : elles prêtent à des PME et investissent dans leur dette tout en ayant un statut qui les met à l’abris des taxes, un élément qui parle fortement aux investisseurs. Les BDCs publiques ont vu leurs actifs augmenter de $28Mds début 2008 à $43Mds au troisième trimestre 2013 (source : Wells Fargo).

 

Le cas de la Chine

La finance de l’ombre inquiète particulièrement sur le dossier chinois : elle représente la moitié du PIB de la Chine, etLa Chine alumneye fait planer un risque systémique sur l’économie du pays avec un poids de plus de €3 100 Mds, selon l’estimation de l’Académie chinoise des Sciences sociales citée par l’AFP. L’organisme de recherche gouvernemental met lui-même en garde contre le risque que le système bancaire parallèle non régulé fait courir au système financier chinois. Il y a 10 ans, les banques traditionnelles, presque intégralement contrôlées par le gouvernement et très réglementées, étaient à l’origine de tous les prêts en Chine. Aujourd’hui, le crédit est disponible chez un éventail d’institutions alternatives telles que les fonds, des entreprises de leasing, constituant les shadow banks. Bien que nombreuses soient parfaitement respectables, d’autres sont questionnables et contournent la régulation bancaire notamment en ce qui concerne les montants des crédits et les taux d’intérêt.

 

Quelques définitions

Les fonds de Private Equity ou de capital-investissement sont spécialisés dans l’achat et la renvente d’actifs des sociétés non cotées en bourse. Il s’agit donc d’investissements plus risqués et moins réglementés que les investissement « traditionnels ».

L’effet de levier désigne le fait d’accroître la rentabilité d’un investissement par un recours à l’endettement : en effet, l’endettement accroît mécaniquement la rentabilité des fonds propres. Cela ne vaut que si le taux d’intérêt est plus faible que le taux de rentabilité du capital.

La supervision prudentielle l’ensemble des dispositifs nationaux et internationaux destinés à maintenir la stabilité du système bancaire et financier. En font notamment partie les règles édictées par le Comité de Bâle, qui imposent aux banques une gestion préventive de leurs différents risques. Celles-ci doivent en effet respecter un ratio de fonds propres (le rapport entre les risques et les fonds propres ne doit pas excéder un certain seuil).