C’est avec ce premier banquier incontournable qu’AlumnEye lance sa série de portraits sur les grands banquiers français. Il est indispensable de connaître ces personnalités de la finance pour comprendre le secteur du M&A.

 matthieu pigasse lazard

Ses dates clés

 

  • 1968 : Naissance à Clichy (Hauts-de-Seine).
  • 1992 : Entrée à l’ENA après Sciences Po.
  • 1994 : À la sortie de l’ENA, il est nommé en tant qu’administrateur à la Direction du Trésor. Il est chargé de la gestion de la dette et de la trésorerie de l’Etat.
  • 1998 : Conseiller technique de Dominique Strauss-Kahn.
  • 2000 : Directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius chargé des questions industrielles et financières à 32 ans.
  • 2002 : Il est élu associé-gérant de Lazard à 34 ans.
  • 2003 : Il prend la tête de l’activité de conseils aux gouvernements, le Sovereign Advisory Group.
  • 2009 : Codirecteur général de Lazard France.
  • 2015 : Responsable mondial des activités M&A et Sovereign Advisory pour Lazard.
  • 2019 : Démission de Lazard pour poursuivre d’autres ambitions personnelles.
  • 2020 : Co-dirige le bureau parisien de la banque d’investissement Centerview Partners.

 

 

Ses faits d’armes

 

Matthieu Pigasse est avant tout l’expert du conseil aux gouvernements et c’est dans le Sovereign Advisory Group de Lazard qu’il commence sa carrière en finance après son passage dans le public. La politique et la finance dans le parcours de Matthieu Pigasse sont intimement liées pour celui qui se définit comme un banquier de gauche engagé. Selon lui, l’activité de conseil aux gouvernements se rapproche de ses convictions politiques et ses différents mandats lui donne un air de « Che Guevara » de la finance.

Voici ses principaux mandats en tant que directeur du Sovereign Advisory Group :

 

  • 2002 : Renégociation de la dette argentine pour un montant de 100 milliards de dollars.
  • 2004 : Restructuration de la dette irakienne.
  • 2006 : Conseil sur la nationalisation du gaz bolivien.
  • 2008 : Annulation d’une partie de la dette équatorienne.

 

Il a aussi conseillé de grands groupes français dans leurs opérations de M&A :

 

  • 2006 : La fusion de Gaz de France et Suez dans le but de former GDF-Suez (aujourd’hui Engie) pour 66 milliards d’euros.
  • 2008 : L’augmentation de capital de Natixis.
  • 2011 : La vente du PSG à Colony Capital pour plus de 40 millions d’euros.
  • 2014 : Le rachat de 8% de son capital appartenant à Nestlé par L’Oréal pour 6 milliards d’euros.

 

Pourquoi parle-t-on de lui ?

 

lazardMatthieu Pigasse détonne dans le milieu feutré de la banque d’affaires où la discrétion est de mise. Il a d’ailleurs publié l’essai Eloge de l’anormalité en 2014. L’anormalité, Matthieu Pigasse la cultive : il se présente comme le banquier « rock’n’roll » après son rachat du magasine Les Inrocks en 2009. Il habite l’hôtel Costes, dort 4 heures par nuit et joue aux jeux vidéos à ses heures perdues. Alors que les banquiers sont d’ordinaire discrets sur la question, il n’a jamais caché ses convictions politiques et fait parti de plusieurs think tanks de gauche comme Terra Nova ou Les Gracques. Il devient par ailleurs copropriétaire du journal Le Monde avec Xavier Niel et Pierre Bergé en 2010. Mais Matthieu Pigasse est avant tout un banquier très talentueux et sa récente nomination au poste de responsable mondial de la M&A chez Lazard n’est pas anodine et pour le moins exceptionnelle. Il a fait bouger les lignes tant chez Lazard que dans toute la finance française. Après le départ d’Erik Maris, son concurrent pour la direction de Lazard France, il a redoré le blason de l’emblématique banque franco-américaine qui s’est classée première sur le marché français des transactions M&A en 2014 après une huitième place décevante en 2013.

Matthieu Pigasse a quitté Lazard fin 2019, mettant ainsi fin à son rôle de responsable mondiale du M&A et du Sovereign Advisory au sein de la banque d’affaires. Son départ a été annoncé de manière formelle, sans que des détails spécifiques sur les raisons de cette décision ne soient publiquement divulgués.

 

Energique et charismatique, Matthieu Pigasse appartient à cette nouvelle génération de banquiers touche-à-tout aux confluents de la finance, de la presse et du monde littéraire. Si vous deviez l’évoquer en entretien, prenez garde à ne jamais tomber dans des considérations politiques. Insistez plutôt sur le nouvel élan qu’il donne à la finance française. Insistez également sur le recentrage sur Paris de la banque Lazard suite à la nomination de Matthieu Pigasse comme responsable mondial du M&A et du Sovereign Advisory.

 

Hadrien Comte, étudiant à HEC Paris et Contributeur du blog AlumnEye

LA4  Lire aussi : Le Sovereign Advisory Group de Lazard : aux frontières de la finance et de la politique