Rym Zerroug a décidé de se reconvertir dans la Tech après avoir travaillé 3 ans en salle des marchés. Passée notamment par Crédit Suisse et RBS, elle travaille aujourd’hui chez Snapchat en tant qu’Account Manager.

Rym revient dans cette interview sur son passé en Trading, et sur sa reconversion réussie dans le monde des start-ups.

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

Après deux années de maths appliquées, je me suis spécialisée en ingénierie financière pour ensuite me tourner vers le Master 203, un master spécialisé en finance de marché à Dauphine.

J’ai ensuite travaillé pendant trois ans à Londres en tant que Trader avant de rentrer à Paris et de me ré-orienter dans “le monde de la Tech”.

J’ai effectué toute ma carrière financière en finance de marché. Mon tout premier stage était en fonds d’investissement puis je me suis tournée vers des banques : j’ai notamment travaillé chez Crédit Suisse et RBS.

Avant de rejoindre Snapchat, j’ai participé au lancement d’une start-up Tech spécialisée dans le marketing programmatique où j’étais responsable des Opérations, c’est-à-dire responsable de la mise en place opérationnelle des campagnes de publicité et de l’Account Management.

 

On dit souvent qu’en Trading, le profil ingénieur est privilégié. En quoi le master 203 de Dauphine t’a aidé à faire ce métier-là, du moins à tes débuts ?

En salle de marché, j’ai toujours été entourée d’ingénieurs et notamment de Centraliens. Mais le master 203 n’a rien à envier aux formations d’ingénieurs. C’est une formation très solide au niveau théorique et pratique. En effet, c’est un diplôme très quantitatif avec par exemple des cours de calcul stochastique et de programmation assurés par des professeurs très réputés mais aussi des interventions pratiques de professionnels, traders et structureurs, ce qui nous permettait de travailler sur des cas réels.

La formation permet d’arriver en salle des marchés avec de solides bases. C’était donc pour moi un très bon combo !

 

Au-delà de l’image qu’en a le grand public, peux-tu nous expliquer réellement le métier de Trader ?

Le métier de Trader va dépendre de la structure où l’on travaille (si on est en banque ou en Hedge Fund), mais aussi des assets qu’on va traiter (taux, dérivés, Fixed Income, etc.).

Mais le but premier d’un Trader est de hedger ses positions, donc de faire en sorte de ne pas perdre d’argent et en parallèle que les positions qu’on prend soient « PnL positives ».

Certains desks ont plus de latitude sur la partie propre Trading, celle où on s’amuse un peu plus : on prend des positions non seulement pour se hedger mais aussi pour gagner le maximum d’argent. Cela dépend justement de la structure et des produits qu’on traite.

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Tu as travaillé sur divers produits financiers, tu peux nous dire en quoi ils sont différents ? Certains produits étaient-ils plus techniques que d’autres ? 

J’ai toujours travaillé sur les dérivés actions. J’ai commencé par les dérivés vanilles, ce sont les produits simples (options de vente et d’achat).

Ensuite, j’ai travaillé sur des produits un peu plus compliqués, ceux qu’on appelle les produits structurés.

Le quotidien est différent selon les produits qu’on traite : sur des produits structurés on va prendre plus de temps à pricer un produit qui est complexe parce qu’il y a plus de paramètres à prendre en compte, là où sur des dérivés vanille les produits sont plus simples et en revanche le quotidien est beaucoup plus rythmé car il y a plus de volume à traiter.

Personnellement, je préférais les produits structurés parce que je traitais des produits complets donc je touchais un peu à tout : des dérivés, des actions, du taux d’intérêt et du FX.

 

BNP, Crédit Suisse, RBS : quelle banque avait la meilleure ambiance ?

Je garde un super souvenir de mon expérience chez Crédit Suisse probablement parce que c’était ma première expérience à Londres. Plein d’events étaient organisés pour nous : soirées, team buildings, activités caritatives, etc. ; ça permet de créer rapidement des liens avec les autres analystes et au sein de la banque.

 

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Quel a été le déclic, le moment où tu t’es dit « ça y est, je quitte la finance » ?

Une reconversion réussie c’est tout un process. Cela prend du temps et de l’implication pour être sûr(e) de soi.
Plus je découvrais le monde des start-ups et de la Tech, et plus je trouvais cela passionnant !

Ensuite, en mûrissant l’idée, j’ai simplement senti que c’était le moment de me lancer !

Beaucoup prétendent qu’une carrière en finance de marché rend difficile les reconversions. Tu prouves le contraire avec tes différentes expériences post-Trading. Comment as-tu fait ?

Je suis d’accord sur le fait que ça ne soit pas facile ! Contrairement à la finance d’entreprise où on voit plus de choses, en finance de marché et surtout en Trading on est hyper spécialisé et parfois cantonné à une classe d’actifs par exemple.

Ce qui rend la reconversion pas évidente mais tout à fait possible.

A l’époque, j’étais très intéressée par le digital mais je n’y connaissais rien. J’ai eu la chance d’avoir un mentor chez Crédit Suisse qui m’a encouragé à me tourner vers la Tech, qui fascinait déjà tout le monde : c’était les débuts de Twitter, Facebook venait d’être introduit en bourse, il se passait vraiment quelque chose dans le monde de la Tech. Petit à petit j’ai suivi des cours sur le Digital Marketing, je me suis rendue à des events spécialisés puis de fil en aiguille, j’ai réussi ma reconversion post finance de marché en start-up/Tech.

 

Tu travailles à présent chez Snap, peux-tu nous expliquer tes missions ? 

Je suis commerciale chez Snap et mon travail consiste à accompagner les marques et les start-ups dans leur stratégie de communication, d’acquisition et d’expansion sur Snapchat. On a une plateforme self service qui s’appelle Snap Ads Manager qui permet aux marques de créer leurs campagnes publicitaires qui seront diffusées dans l’application Snapchat.

Mon rôle est donc de les aider dans leur stratégie pour atteindre leurs objectifs.

La plupart de mes clients ont des objectifs de performance : d’acquisition de nouveaux utilisateurs et surtout de croissance.

Snapchat est devenu maintenant incontournable dans une stratégie d’acquisition et de growth. 

 

Quels aspects de ton ancienne vie en Trading t’aident dans ton quotidien chez Snap ?

C’est une question que beaucoup de gens me posent. Je pense que le Trading est une excellente école pour apprendre à travailler sous pression, à être efficace et rigoureux.

On absorbe tellement de choses en Trading, on apprend à aller vite et à s’adapter, ce qui rend les choses plus faciles finalement lorsque l’on arrive dans un domaine/job qu’on ne connaît pas forcément.

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Snap est connu pour être le réseau social des adolescents. Ton expérience actuelle te permet-elle de comprendre un peu mieux la génération de demain ? Si oui, sous quels aspects ? 

Il faut savoir que sur Snapchat, plus de 80% de l’audience en France a plus de 18 ans.

C’est passionnant de travailler chez Snap parce que c’est une boite très innovante !

On a la chance d’être au cœur des changements aussi bien de communication que d’innovation, notamment sur la réalité augmentée.

Clairement, ça me permet de mieux comprendre les besoins et les habitudes de la génération de demain.

 

On dit souvent qu’en Front Office, on vit des journées très intenses. Ça ne te manque pas trop ? 

C’est vrai qu’en salle de marché, les journées sont hyper dynamiques, il y a une émulsion qui pour moi est unique, notamment à Londres (et j’imagine à NY). Le quotidien en start-up est différent mais peut être aussi très intense dans un autre style donc je m’y retrouve quand même.

 

Quels conseils tu donnerais, notamment au niveau des choix d’études et de stages, à quelqu’un qui veut faire du Trading ?

Je pense que le choix de la formation est très important tant sur ce que tu vas apprendre que pour le réseau que tu vas te faire. Selon moi, le Master 203 est une bonne porte d’entrée pour faire du Trading pour les raisons évoquées tout à l’heure.

En ce qui concerne les stages je recommanderais de faire plusieurs classes d’actifs, c’est très intéressant de faire du taux ET des actions avant de s’orienter. C’est très important de toucher à tout pendant ses stages, en M1, en M2, en Summer aussi. L’idéal serait un Summer où l’on fait plusieurs desks pour ensuite choisir ce qui nous correspond le mieux.

 

Mehdi El Moussaoui, étudiant à l’EDHEC Business School et contributeur du blog AlumnEye