Les produits dérivés font l’objet de nombreuses questions d’entretien. Il ne suffit pas de maîtriser la théorie, il faut pouvoir en parler avec aisance : un véritable défi quand il s’agit de proposer une explication claire.

 

Qu’est-ce qu’un produit dérivé ?

Depuis les années 1980 les produits dérivés occupent une place majeure dans le système financier. Ils désignent les instruments financiers dont la valeur dépend de celle d’un actif sous-jacent. Ils regroupent trois grandes catégories d’instruments financiers : les contrats à terme (futures/forward), les options, et les swaps.

Les produits dérivés peuvent être échangés sur les marchés de gré à gré (over-the-counter – OTC) – ie être négociés directement entre les parties du contrat, comme c’est le cas pour les swaps. Ils peuvent également être échangés sur les marchés organisés. Le marché OTC est le plus important des deux et n’est pas régulé. La différence substantielle entre les deux types de marchés est le risque : les contrats négociés OTC sont sujets au risque de défaut de la contrepartie alors que la chambre de compensation (Clearing House) ôte ce risque sur un marché boursier organisé.

 

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A quoi servent les produits dérivés ?

Trois raisons sont invoquées pour l’usage des produits dérivés :

  • la couverture d’une position
  • l’amplification de l’effet de levier
  • la spéculation sur les mouvements d’un actif

Couvrir sa position permet de se prémunir d’un risque. Prenons l’exemple du détenteur d’une action qui anticipe une baisse de sa valeur. Pour se protéger de cette baisse il peut acheter un put, c’est-à-dire une option de vente. L’investisseur acquiert le droit de vendre, pendant une période et à un prix convenu à l’avance, une certaine quantité d’actif sous-jacent. En contrepartie de ce droit il verse un premium au vendeur : c’est le prix de l’option. Si le cours de l’action, le spot, baisse effectivement, l’acheteur de l’option exercera son put et réalisera un profit ; le vendeur du put sera ainsi dans l’obligation d’acheter les actifs sous-jacents au strike, le prix fixé. Si, au contraire la valeur de l’action monte, l’investisseur n’exercera pas son option car le strike est inférieur au spot.AlumnEye produits dérivés humour swaps options futures

Les produits dérivés permettent d’accroître l’effet de levier, c’est-à-dire de démultiplier les profits ou les pertes. Ils sont particulièrement utiles dans les marchés volatiles. C’est pourquoi beaucoup d’investisseurs s’intéressent à l’indice du VIX (Chicago Board Options Exchange Volatility Index), lequel mesure la volatilité des options S&P 500 Index.

Enfin, les produits dérivés sont utilisés pour spéculer sur les mouvements de prix d’un actif. Les investisseurs parient sur le prix futur d’un actif sans le posséder, et font un profit en cas de prévision juste une fois le produit dérivé arrivé à son terme.

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Pour mieux comprendre les différents métiers liés aux produits dérivés, lisez l’article AlumnEye sur les métiers en finance de marché !

 

Les types de produits dérivés

Les options

Une option est un contrat entre deux parties par lequel l’une accorde à l’autre le droit (mais non l’obligation) de lui acheter (option d’achat) ou de lui vendre (option de vente) un actif, moyennant le versement d’un premium. L’achat (ou la vente) de cet actif se fera à un prix déterminé, le prix d’exercice ou strike price, durant une période (pour les options « américaines ») ou à une date précise (pour les options « européennes »).

Les options sont utilisées par les investisseurs qui ne veulent pas prendre une position au comptant mais souhaitent se couvrir ou spéculer sur les mouvements de prix de l’actif sous-jacent.

  • Long Call : si l’investisseur anticipe une hausse du cours d’une action, il acquiert le droit d’acheter cette action. Ses gains seront positifs si le prix de l’action dépasse (le prix d’exercice + le premium payé pour acquérir le call).
  • Long Put : si l’investisseur anticipe une baisse du cours, il achète le droit de vendre l’action. Ses gains seront positifs si le prix de l’action est inférieur (au prix d’exercice – le premium payé pour acquérir le put).
  • Short Call : si l’investisseur anticipe une baisse du cours, il peut vendre un call. Si le prix de l’action baisse l’’acheteur du call pourra décider s’il souhaite exercer l’option. Les gains pour le vendeur sont égaux au premium versé par l’acheteur. Si au contraire l’action dépasse le prix d’exercice additionné au premium, alors le vendeur réalise une perte.
  • Short Put : si l’investisseur anticipe une hausse du cours, il peut vendre un put. Si le prix de l’action augmente, les gains pour le vendeur sont égaux au premium reversé par l’acheteur. Si, au contraire, le prix de l’action tombe en dessous du prix d’exercice moins le premium, le vendeur réalise une perte.

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Les swaps

Un swap est une opération financière consistant en un échange de flux financiers entre deux contreparties.

Un swap peut porter sur des créances, des créances en actions, des devises, des matières premières, des taux d’intérêt. Prenons l’exemple du détenteur d’une obligation à échéance 5 ans avec un coupon annuel fixe. Cet investisseur anticipe une hausse des taux d’intérêt d’ici l’échéance. Il réalisera un swap de taux d’intérêt pour échanger sa structure de flux à taux fixe contre une structure de flux à taux variable. AInsi, à chaque tombée de coupon jusqu’à l’échéance il reversera son taux fixe et recevra le taux variable qui équivaut à la période (calculé sur le nominal de l’obligation), bénéficiant ainsi de la hausse des taux si ses anticipations sont exactes.

Les swaps sont utiles quand une partie dispose d’un avantage comparatif dans un domaine. A titre d’exemple, un swap s’avère intéressant si une partie emprunte à taux variable (floating rate) pendant que la deuxième emprunte à taux fixe. Un swap « plain vanilla » désigne la version la plus simple d’un swap. Les trois swaps les plus courants sont :

  • Les swaps de taux d’intérêt
  • Les swaps de devise
  • Les swaps de matière première (similaires aux futures)

 

Les contrats à terme forwards et les contrats futures

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Les contrats forwards et les futures sont des contrats entre des parties qui se mettent d’accord sur un prix de vente/d’achat futur d’un actif. Ils sont particulièrement utiles pour se couvrir du risque de fortes variations du prix de matières premières. Les futures sont des contrats standards qui s’échangent sur les places boursières alors que les forwards sont non-standards et s’échangent OTC.

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Warren Buffett et les produits dérivés

En 2002, dans sa lettre aux actionnaires, Warren Buffett exprimait ses inquiétudes sur les produits dérivés et les décrivait comme des « instruments de destruction massive » et des « bombes à retardement ».

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Peut-être tire-t-il sa méfiance de sa propre expérience. Quand Berkshire rachète la compagnie de réassurance General Re pour 22 milliards de dollars, Buffett hérite de quantités de produits dérivés. Alors qu’il cherche à fermer General Reinsurance Securities, la filiale en charge des dérivés, il ne trouve pas d’acheteur, ce qui lui fait dire qu’il est facile d’entrer dans les dérivés mais quasiment impossible d’en sortir. Il mène alors une difficile opération de débouclement de ses positions (unwinding) qui lui coûtera 409 millions de dollars avant impôt.

La Banque des règlements internationaux (BIS) met en garde contre le fait que, depuis 2002, le volume des produits dérivés a grossi de 100 à 600 trillons de dollars, créant potentiellement une bulle.

Buffett souligne que sa prophétie d’un danger imminent ne concerne que certains types de produits dérivés et concède que beaucoup ont un impact vertueux sur le système financier, à condition qu’ils soient utilisés avec intelligence. Arthur Leavitt’s, ancien président de la SEC, ne disait-il pas que « les produits dérivés sont un peu comme l’électricité, dangereux si mal manipulés mais qui portent un formidable potentiel pour faire le bien » ?

Théodore Vauquier, étudiant à HEC Paris et Contributeur du blog AlumnEye