Zoom sur : Grégoire Chertok, la force tranquille de Rothschild & Co

Dans les coulisses du capitalisme français, Grégoire Chertok s’impose comme une figure aussi influente que discrète. Associé-gérant chez Rothschild & Co depuis l’an 2000, il incarne la fidélité à une maison, le conseil de long terme et la constance stratégique. Pendant que d’autres banquiers font la une, lui fait les deals — plus de 150 à son actif — souvent parmi les plus structurants pour l’industrie française.

L’homme-clef d’une banque centenaire

Grégoire Chertok n’a jamais quitté Rothschild depuis son arrivée en 1991. Diplômé de l’ESSEC (1988) et de l’INSEAD (1993), il devient associé-gérant à 33 ans, plus jeune encore que son célèbre rival Matthieu Pigasse. Il entre au comité exécutif de la banque en 2007, et contribue depuis à son expansion dans un écosystème de plus en plus internationalisé, tout en conservant un ancrage fort dans les cercles de décision parisiens.

Son approche ? Être le conseiller de confiance des patrons du CAC 40, de Martin Bouygues à Jean-Pierre Clamadieu, avec une prédilection pour les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des infrastructures. Contrairement aux profils flamboyants de la place, Chertok cultive une certaine idée du banquier d’affaires : sobre, précis, loyal.

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Des transactions emblématiques

Parmi ses opérations les plus notables figurent :

  • 2005 : défense de Suez contre l’OPA hostile de l’italien Enel, prélude à la fusion avec Gaz de France.

  • 2010 : spin-off d’Accor, qui scinde ses activités en deux entités cotées, AccorHotels et Edenred.

  • 2012 : acquisition de International Power par GDF Suez (devenu Engie), pour près de 25 milliards d’euros, l’un des plus gros deals énergétiques français.

  • 2014 : bataille pour SFR, où il conseille Bouygues Telecom face à Altice/Numéricable — un duel resté dans les annales.

  • 2015 : rachat du Club Med par le conglomérat chinois Fosun, une OPA longue et complexe qu’il mène jusqu’au bout.

  • 2022 : spin-off de Suez avec Veolia post-rachat, pour redéfinir le nouvel équilibre des champions français de l’eau.

  • 2023-2024 : plusieurs mandats majeurs dans la transition énergétique et les infrastructures, notamment auprès d’EDF, Vinci ou TotalEnergies.

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Un homme de réseaux, mais pas de vitrines

Grégoire Chertok, c’est le banquier des conseils stratégiques, pas des plateaux télé. Élu local dans le 16e arrondissement de Paris pendant plusieurs années, proche de Jean-François Copé et de la droite républicaine, il incarne une certaine élite classique, issue de la méritocratie scolaire et fidèle à un système de valeurs où la parole donnée compte autant que le contrat signé.

Il est aussi membre du Siècle, ce club où se croisent politiques, grands patrons et hauts fonctionnaires. Mais il reste à l’écart des tumultes médiatiques, préférant construire dans la durée plutôt que de briller dans l’instant.

Rothschild & Co : la maison-mère de la discrétion

À travers Chertok, c’est toute la philosophie de Rothschild & Co qui se révèle : une banque-conseil familiale et indépendante, présente dans tous les secteurs stratégiques de l’économie européenne.

Une maison qui ne prête pas, ne trade pas, mais pense — et pense juste.

En 2025, Grégoire Chertok reste un pilier de la place parisienne. Il n’a peut-être jamais écrit de tribune ni lancé de fonds médiatique, mais son nom figure dans la majorité des grandes restructurations industrielles françaises de ces deux dernières décennies. Et c’est sans doute cela, la marque d’un vrai banquier d’affaires : on ne le voit pas, mais on voit ses résultats.

Ses dates clés

  • 1966 : Naissance à Neuilly-sur-Seine

  • 1988 : Diplômé de l’ESSEC

  • 1991 : Entrée chez Rothschild

  • 1993 : MBA à l’INSEAD

  • 2000 : Associé-gérant de Rothschild à 33 ans

  • 2007 : Intègre le comité exécutif de la banque

  • 2022–2024 : Conseille des transactions majeures dans l’énergie et les infrastructures en France et en Europe