L’exercice de l’entretien en finance nécessite une préparation de longue haleine. Qu’il s’agisse d’un entretien en Corporate Finance (M&A, Equity Research, Equity Capital Market, Debt Capital Market, Private Equity, Project Finance), d’un entretien en Finance de Marché (Sales, Trading, Structuration, Quant), ou d’un entretien en Asset Management, on vous demandera systématiquement si vous avez des questions à poser à la fin de l’entretien.

Cette dernière étape de l’entretien peut être un véritable dealbreaker. Le moment où vous passerez du « almost got the offer » au « got the offer ». Si cette question peut être décisive, elle ne fera pas de vous un bon candidat : elle est là pour distinguer un excellent candidat d’un bon candidat.

L’interviewer sait au bout de 2 minutes si vous êtes le profil de candidat qu’il recherche. Il ne sait pas encore si vous faites partie des candidats exceptionnels qu’il recherche. C’est pourquoi il va vous tester, sur vos connaissances techniques, votre culture financière, vos capacités relationnelles, et votre capacité à mettre en valeur vos expériences passées. Ces questions sont très communes et il est bien évidemment indispensable de préparer ses entretiens en finance pour ne pas chuter à cette étape.

 

Le candidat parfait

Prenons alors le cas d’un candidat arrivant au terme d’un entretien qui se déroule bien. Ce candidat a maîtrisé absolument tous les aspects techniques, qu’il s’agisse de produits financiers, de retraitements de l’EBITDA en IFRS, des différentes méthodes de valorisation, de stratégies de couverture ou encore des différentes méthodes de consolidation. Il a également fait un sans-faute sur l’actualité financière de son domaine, a pu parler du plus gros deal M&A de l’année, de l’évolution du Dow sur les 6 derniers mois, de la dette européenne, des taux à 10 ans italiens ou de la variation du cours du baril de brent sur l’année écoulée. Ce candidat avait sérieusement préparé les questions « competency-based », il disposait d’une quinzaine d’exemples d’expériences structurés autour des qualités indispensables pour réussir dans son métier. Il s’était entraîné aux brainteasers, au calcul mental, connaissait le cours de l’action de son employeur, le niveau actuel du FTSE, le classement de son employeur dans les league tables ainsi que le nom de leur CEO…
Bref, ce candidat a démontré une préparation extrêmement sérieuse, exhaustive et efficace de son entretien. Ce travail fourni en amont est un indicateur de motivation fondamental pour l’interviewer : le candidat a fourni un travail conséquent pour ingurgiter une quantité d’information impressionnante.

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Vient alors la dernière question de l’interviewer, la question finale : « avez-vous une question pour moi ? »

Question cruciale

Le candidat perd alors sa contenance, il est prêt à tout mais pas à ça. Il n’a rien préparé. Il est satisfait de sa prestation en entretien et se contente alors d’un « Non, je n’ai pas de questions, merci beaucoup pour votre temps ».

Game over. L’interviewer reste sur sa faim, il pensait tenir la perle rare, et se rend compte qu’il ne s’agit que d’un bon élève qui a fait ses devoirs, sans avoir l’intelligence de saisir les perches qu’on lui tend. Fin du processus pour notre candidat parfait.

Cette question vous donne la parole de manière libre, et vous devez faire preuve de maturité en formulant une question, remarque, interrogation intelligente. C’est une des rares prises d’initiative durant un entretien, vous ne pouvez pas la laisser passer.

Pourquoi ? Il ne s’agit pas d’une question anodine. Elle vient gratter sous le vernis. L’interviewer vous rend la main pour savoir ce que vous avez dans le ventre. Vous ne pouvez pas ne pas avoir de question à poser à l’issue d’un entretien. Répondre « non, tout est bon pour moi » revient à laisser passer votre seul tour de parole, le seul moment où l’on vous demande de faire preuve d’initiative. Ne pas répondre, c’est démontrer une absence de curiosité. Cette dernière question est là pour faire la preuve de votre motivation.

 

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Les erreurs à éviter

Avant d’entrer dans les différentes stratégies que vous pouvez adopter, il est nécessaire de faire un point sur les erreurs à éviter.

Il existe une série de tabous qu’il faut éviter à tout prix. Vous ne devez pas poser de questions sur les horaires, le salaire, la vie personnelle de votre interviewer. En effet, qu’il s’agisse d’un entretien en M&A, Corporate Finance, Private Equity ou en Finance de Marché, le métier auquel vous postulez est prenant, il est engageant et votre interviewer n’est pas là pour se confier à vous en vous annonçant qu’il en a marre de son métier, que les horaires sont intenables ou encore pour vous annoncer le montant de son salaire et de son bonus.
C’est au candidat de faire le travail préalable pour se renseigner auprès d’insiders pour en savoir davantage sur la culture de l’entreprise : comment se passe le staffing des équipes ? quel est le rythme de travail ? Comment sont organisées les équipes dans les bureaux ? Les opérationnels mangent-ils le midi sur leur desk ? Y a-t-il une culture du facetime (pratique consistant à rester tard au bureau pour faire bonne impression) ? Ces questions ne peuvent évidemment pas être posées lors des entretiens, ni lors des forums de recrutement.

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Les stratégies gagnantes

Cette question est l’occasion rêvée de montrer que vous avez « fait vos devoirs » : en vous appuyant sur le témoignage d’un insider, posez une question ouverte qui permettra d’engager un dialogue. C’est le moment décisif qui fait la différence entre un bon candidat et un candidat qui décroche son offre.

Nous avons identifié plusieurs types de questions pertinentes à poser à la fin d’un entretien :

  • Les questions sur la clientèle : « Avec quel type de clients traitez-vous ? Hedgefund ? Fonds de Pension ? Gouvernements ? Assureurs ? » « Quelle zone géographique couvrez-vous en termes de clientèle ? Europe du Nord ? Europe du Sud ? » « Vos équipes M&A sont-elles sectorisées ? Je connais l’équipe Energy, Utilities et Healthcare, quelles sont les autres ? »
  • Les questions d’actualité : « Quel est l’impact de la contraction du crédit sur les conditions de financement de vos clients ? Concrètement, quels sont vos taux d’endettement sur les derniers LBO réalisés ? » « Quel est l’impact des régulations sur la demande de vos clients ? Solvency II a-t-il impacté la demande des assureurs ? Bale III va-t-il impacter votre activité ? »
  • Les questions sur l’évolution du secteur : « on assiste à une évolution vers une demande de produits financiers de moins en moins complexes depuis 2021, le ressentez-vous sur votre activité ? Comment réagissez-vous face à cette mutation ? »
  • Les questions sur l’organisation des équipes : y a-t-il des équipes par régions géographiques ? par type de produit ? par type de client ? les juniors sont-ils généralistes ou sectorisés ?
  • Les questions sur votre interviewer : il est fondamental de s’intéresser au parcours de son interviewer. Vous n’êtes pas là pour raconter votre vie, mais pour rencontrer vos potentiels collaborateurs. C’est pourquoi vous devez vous intéresser à votre interviewer : qui est-il ? quel a été son parcours jusque-là ? dans quelle équipe et sur quels dossiers a-t-il travaillé ? quel est son avis sur un sujet d’actualité que vous avez abordé pendant l’entretien ?

 

Ces conseils ne sont utiles que dans le cas où votre entretien s’est bien déroulé. Ce moment de l’entretien vient alors clôturer votre sans faute, et récompense une préparation sans faille. C’est également le moment où vous devez véritablement engager une conversation avec votre interviewer. Si vous n’êtes resté qu’un candidat « technique », trop lisse et sans curiosité, alors bien souvent votre prestation ne suffira pas. Encore faut-il avoir été rappelé en entretien.

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