Ce que Fitch a tranché le 12 septembre 2025
Vendredi 12 septembre, Fitch a abaissé la note de la France de AA- à A+, tout en conservant une perspective stable. Le rapport pointe du doigt une dette publique élevée, des déficits persistants et une fragmentation politique qui entrave l’ajustement budgétaire.
De la lettre à la prime de risque : que change A+ ?
Passer de AA- à A+ signifie rester dans la catégorie investissement, mais dans la zone des single-A, plus sensible au risque. Les investisseurs deviennent alors plus exigeants, réclamant une rémunération supérieure pour porter la dette française à long terme. La prime de risque sur les OAT s’ajuste, généralement par étapes.
Cette évolution impacte le coût de financement de l’État, puis se répercute sur les entreprises françaises notées, en particulier celles présentes sur les marchés.
Les chiffres qui pèsent sur la note
Le déficit public atteint 5,8 % du PIB, la dette grimpe à 113 %. Ces chiffres, publiés le 27 mars, structurent le débat budgétaire.
Fitch met en avant l’absence de trajectoire de stabilisation crédible. Selon l’agence, la dette approcherait 121 % du PIB en 2027 sans inflexion. L’écart face à la référence européenne des 3 % de déficit reste prononcé.
Convergence inédite des rendements des OAT, Bund et BTP
Mi-septembre, le taux du 10 ans français a brièvement rejoint celui de l’Italie, autour de 3,5 %, reflet d’un rapprochement inédit du risque perçu (analyse Reuters).
Malgré la dégradation de Fitch, la demande primaire pour la dette tricolore reste forte. Le 18 septembre, l’Agence France Trésor a levé 11,5 milliards d’euros d’OAT à moyen terme, avec un ratio de couverture supérieur à 4 sur la souche 2028, signe d’un marché profond (résultats AFT).
Le mouvement des autres agences
À la suite de Fitch, DBRS Morningstar a révisé la note de la France, passant de AA (high) à AA standard, avec une perspective stable. Deux rétrogradations consécutives ont mis la question de la notation au centre des préoccupations des marchés.
Chez S&P, la note AA- avec perspective négative a été maintenue au 30 mai. Une nouvelle revue est prévue pour fin novembre, et le marché anticipe un possible alignement à la baisse.
DCM, LBO, infra : où l’on sent l’onde de choc
Côté DCM, les émetteurs quasi‑souverains et de catégorie investissement (IG) français paient désormais quelques points de base supplémentaires. Les conditions restent acceptables, mais les écarts de taux s’élargissent et les maturités ont tendance à se raccourcir pour limiter la facture.
Côté LBO, les banques revoient les coussins de liquidité et le cash sweep. Les fonds ajustent leurs entry multiples, la hausse du WACC s’imposant dans les modèles. Pour l’infrastructure régulée, la transmission de l’écart se fait via l’inflation réalisée et les clauses d’indexation.
Ce que les interviewers attendent de toi
Le lien entre macroéconomie et impact marché doit être net, sans s’éparpiller dans les commentaires politiques. Un raisonnement solide passe par trois étapes : faits, mécanismes, arbitrages.
- Faits : date de la dégradation, nouvelle note, perspective, chiffres clefs du déficit et de la dette (source).
- Mécanismes : effet sur les OAT, les écarts avec le Bund, l’impact direct sur le primaire corporate (exemple).
- Arbitrages : coût budgétaire immédiat face à la crédibilité de moyen terme, sensibilité du marché obligataire.
- Risques : prochaines revues de notations et possibles épisodes de volatilité sur la dette (plus d’infos).
Pour aiguiser votre raisonnement « marchés », il est utile de travailler sur des scénarios macro et produits. Les questions d’entretiens en Global Markets chez Goldman Sachs intègrent régulièrement ce type d’exercices.
Au-delà de la note : trajectoire et crédibilité
Les marchés évaluent la capacité d’un pays à ajuster ses finances plus encore que le niveau absolu de dette. Le signal de Fitch porte avant tout sur le manque de trajectoire budgétaire lisible. Une stratégie cohérente appuyée sur des indicateurs transparents réduit rapidement la prime de risque.
Douze ans de glissade en accéléré
Rappel d’échéances : Fitch avait rétrogradé la France de AAA à AA en 2013, puis à AA- en 2023, et désormais à A+. Cette chronologie met en perspective l’érosion progressive du profil souverain.
À retenir si tu postules cette année
Les interviewers ne cherchent pas à connaître ton opinion personnelle. Ils attendent une analyse claire des écarts de taux, des dynamiques d’émission et des conséquences concrètes pour un émetteur désigné. Concentre-toi sur les faits, sur les prix, et montre ce que la dégradation change. C’est là que tu te distingueras.
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FAQ
Pourquoi Fitch a-t-elle abaissé la note de la France ?
Fitch a dégradé la note de la France en raison de son niveau de dette publique élevé, des déficits persistants et de la fragmentation politique, qui compliquent la mise en œuvre de réformes budgétaires essentielles.
Quels sont les impacts de la dégradation de la note sur le financement de l’État français ?
La dégradation se traduit par un coût de financement accru pour l’État français, les investisseurs réclamant une prime de risque plus élevée, faisant grimper les taux d’intérêt sur les emprunts nationaux.
Comment la baisse de la note affecte-t-elle les entreprises françaises ?
Les entreprises françaises, surtout celles très présentes sur les marchés internationaux, peuvent voir un coût de financement accru et des spreads de crédit élargis, impactant leurs structures de coût de financement.
Qu’indique la convergence des rendements des obligations françaises, allemandes et italiennes ?
Cette convergence signale une perception accrue du risque pour la France et un rapprochement avec l’Italie en termes de coûts d’emprunt, ce qui est préoccupant pour un pays de l’envergure de la France.
La demande pour la dette française reste-t-elle forte malgré la dégradation ?
Oui, la demande primaire pour la dette française est toujours robuste, comme le montre le succès des récentes adjudications d’OAT, indiquant une profonde confiance résiduelle sur le marché.
Quelles sont les conséquences potentielles sur les marchés si d’autres agences suivent Fitch ?
Si d’autres agences abaissent également la note, cela pourrait entraîner une volatilité accrue sur les marchés, alourdissant davantage le coût de la dette et incitant à des arbitrages budgétaires délicats.
Une trajectoire crédible peut-elle améliorer la situation de la France ?
Oui, sans doute. L’établissement d’une stratégie budgétaire claire et illustrée par des indicateurs fiables peut rapidement renforcer la crédibilité du pays, atténuant les primes de risque exigées par les marchés.
Quels risques comporte la stabilité à court terme des notations ?
La stabilité à court terme masque souvent des vulnérabilités sous-jacentes qui, non résolues, peuvent éclater lors des prochaines révisions, exposant le pays à de brusques corrections de marché.
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