L’attrait pour le conseil en stratégie n’est pas nouveau, et au-delà de la diversité des missions proposées et des rémunérations attractives pratiquées, les débouchés sont parfois la principale raison pour laquelle les jeunes diplômés s’engagent dans cette voie. Le conseil est alors une étape au cours de laquelle les consultants vont approfondir leurs connaissances de plusieurs secteurs afin d’identifier précisément les postes qui les intéressent.

Les perspectives de carrière après le conseil en stratégie sont en effet extrêmement variées et les cabinets accompagnent fréquemment leurs consultants qui désirent s’en aller. Des réseaux alumni se sont développés et se développent encore dans de nombreux cabinets qui s’appuient sur ces derniers pour négocier de nouveaux contrats de mission ou pour recruter.

Les directions stratégiques de grands groupes, les équipes M&A en corporate et les fonds de Private Equity notamment regorgent d’anciens consultants qui réinvestissent les connaissances acquises au cours des missions passées.

 

Pourquoi, quand et comment s’en aller ?

La charge de travail conséquente et les voyages quotidiens chez les clients sont souvent les raisons qui poussent les consultants à quitter le cabinet après quelques années. La vie de consultant peut s’avérer difficile et peu compatible avec une vie de famille. Cette sortie du milieu du conseil leur permet généralement de limiter les déplacements professionnels et d’être plus flexible sur les horaires. Malgré la volonté de beaucoup de cabinets de mettre en place des programmes visant à améliorer l’équilibre vie privée / vie professionnelle de leurs consultants, la réalité du métier impose une implication quasi-totale pour réussir dans ce milieu. Un des avantages de la reconversion est de gravir plus rapidement les échelons dans l’industrie. Le conseil en stratégie permet en effet une spécialisation progressive vers un secteur particulier, après quelques années de conseil généraliste. Cela est l’occasion pour les consultants de construire un portefeuille clients solide, et de travailler avec l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie concernée tout en profitant de la progression de carrière accélérée qu’offre le conseil, notamment avec des montées en grade régulières. Les changements de poste sont beaucoup moins fréquents dans l’industrie, et il faudra parfois des dizaines d’années de travail afin d’obtenir la direction d’une branche, d’une practice ou d’une équipe spécialisée d’un groupe alors que ce sont des portes de sortie crédibles après cinq années passées dans le conseil.

Plus un consultant aura passé du temps en cabinet, plus il aura de la valeur sur le marché. Trois ou quatre années dans le conseil permettent souvent de passer manager dans l’industrie. Après cinq à huit années, un consultant sera éligible à des postes de direction opérationnelle. Les départs les plus fréquents se font au poste de consultant senior ou de manager. Une entreprise peut en effet très bien solliciter un consultant qui aura été particulièrement brillant durant une ou plusieurs missions dans leurs locaux. Un directeur ou un associé aura plus de difficultés à quitter le cabinet dans la mesure où il sera engagé dans la stratégie globale de ce dernier. L’engagement sur le long terme est aussi souvent une condition d’accès à ces postes. L’attractivité du secteur et le recrutement tout au long de l’année compensent ces départs.

Le conseil en stratégie est comme une école, une classe préparatoire du monde professionnel où beaucoup de jeunes diplômés font une halte de quelques années avant de voguer vers d’autres horizons. La politique du « up or out » favorise aussi les mouvements des consultants.

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Les principales destinations des consultants

Contrairement aux idées reçues, les cabinets aident souvent les consultants désireux de s’en aller à trouver une porte de sortie en aménageant les horaires, les missions et les déplacements. C’est d’ailleurs ce qu’affirme McKinsey & Company sur son site internet dès le processus de recrutement. Le réseau alumni du cabinet en question peut aussi être mis à profit. Ces problématiques sont courantes dans les sociétés de conseil qui bloquent rarement un consultant après quelques années de bons et loyaux services.

On retrouve donc d’anciens consultants au sein des directions stratégiques des grands groupes, dans les start-ups ou en finance. On notera que ces deux derniers débouchés ne permettront pas vraiment au consultant d’alléger ses horaires, mais plutôt de booster sa rémunération (pour la finance) et de participer à des projets de grande envergure. Une expérience antérieure et des missions en nombre sur le sujet seront appréciées. Le secteur public, les ONG, les cabinets de conseil à but non lucratif et la politique sont aussi envisagés. Des start-ups sont également créées par d’anciens consultants tandis que d’autres s’orientent vers un MBA.

Les grands groupes sont à la recherche d’anciens consultants et permettent à ces derniers de diminuer leurs horaires tout en conservant globalement le même niveau de rémunération qu’en sortie de cabinet. Les entreprises sont friandes d’experts sectoriels travaillant dans les cabinets de conseil. Ces spécialistes ont noué des contacts avec de nombreuses sociétés et travaillé avec une grande variété de profils au fil des missions. Les qualités développées (intuition, relationnel client, etc.) sont très appréciées des industriels. Les consultants découvrent en sortie un univers à forte inertie où les évolutions sont rares mais bien plus compatibles avec une vie de famille.

 

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Les réseaux alumni

Advancy met en avant plusieurs parcours d’ex-consultants du cabinet sur son site internet. On remarque alors qu’un alumni sur quatre a créé son entreprise ; les autres postes occupés sont quant à eux variés : directeur commercial (après 7 années de conseil), chargé de stratégie marketing et développement d’une zone géographique (Head of Industrial Marketing chez un client), Business Development (chez un client), directeur de projet auprès du COO mondial (après 10 années de conseil) et étudiant en MBA.

Le Boston Consulting Group (24 000 alumnis) et Bain (15 000 alumnis) font de même. Les alumnis bénéficient d’avantages à vie, tels que des aides au développement de carrière ou des accès à de nombreux groupes dédiés (en ligne sur leur site avec un accès sécurisé et sur les réseaux sociaux).

McKinsey (37 000 alumnis) a même mis en place un Alumni Center regroupant les dernières nouvelles concernant ses anciens collaborateurs.

Plusieurs points se dégagent de ces profils d’alumnis :

  • Les transitions entre le conseil et l’industrie sont fluides et bien arrangées par le cabinet, surtout si c’est un client qui recrute ;
  • L’entrepreneuriat est un débouché très apprécié des ex-consultants qui valorisent leurs missions passées et les éventuels ouvertures de bureaux à l’étranger pour se développer à l’international ;
  • Les alumnis restent en contact avec leurs cabinets et sont souvent des pourvoyeurs de missions, facilitent les démarches et sont en quelque sorte des insiders du cabinet au sein de l’entreprise ;
  • Le nombre d’années passées dans le conseil conditionne fortement le type de poste que l’on peut espérer à la sortie ;
  • Le conseil en stratégie est une expérience qui permet d’acquérir une certaine hauteur sur les décisions stratégiques à prendre lors d’expériences futures ;
  • Le fait d’acquérir une expertise sectorielle au cours de son travail de consultant favorise grandement la reconversion éventuelle dans le domaine ;
  • Le conseil permet d’apprendre à être opérationnel rapidement sur une problématique donnée et à travailler vite sur des sujets variés.

Ce réseau alumni est devenu au fil des années un véritable outil marketing. Il n’est pas rare de voir un recruteur pour un cabinet lister les avantages que procure le statut d’alumni, avant même d’avoir intégré le cabinet en question. Aux Etats-Unis, McKinsey, BCG et Bain sont parfois surnommés « les fabriques à CEO ». Les gros cabinets organisent de manière récurrente des évènements annuels regroupant des milliers d’alumnis (14 000 l’an passé pour McKinsey) et gardent contact avec ces derniers ; il y a au moins un responsable du réseau alumni par bureau ! Ces cabinets s’attachent donc à créer un réseau mondial de consultants travaillant dans les plus grandes entreprises du monde pour encore mieux accompagner leurs clients.

Les alumnis qui s’illustrent par la suite rendent le cabinet de conseil d’origine plus crédible et puissant. Ainsi, pour McKinsey, on peut citer Sheryl Sandberg (COO de Facebook), Helmut Panke (CEO de BMW), James McNerney (CEO de Boeing), Chelsea Clinton, Pete Buttigieg (candidat démocrate en 2020), etc. Pour le BCG, Indra Nooyi (CEO de Pepsi), Bill Bain (fondateur de Bain & Company), etc.

LA4Lire aussi : Conseil en stratégie : quelles perspectives de carrière ?

 

S’en aller pour mieux revenir ?

Certains profitent également de la liberté post-conseil afin de créer leur propre société de conseil. Bain & Company et Oliver Wyman ont ainsi été créés par d’anciens consultants : un ancien du Boston Consulting Group pour Bain, et trois anciens de Booz Allen Hamilton pour Oliver Wyman. Pas forcément généralistes, ces cabinets reflètent parfois les passions de leurs créateurs. C’est ainsi que le cabinet Archery Strategy Consulting, fondé en 2013 par trois anciens de Roland Berger se positionne spécifiquement sur les secteurs Aérospatial – Défense – Sécurité, Transport – Logistique et Énergie. Une part importante des mouvements se font aussi d’un cabinet à un autre.

Si certains consultants décident de quitter le conseil en stratégie pour débuter une nouvelle carrière dans un grand groupe, la division M&A d’une entreprise ou un fonds de Private Equity, d’autres choisissent de rester dans ce milieu. Quel que soit leur choix, les consultants sont fortement plébiscités et bénéficient d’une progression de carrière accélérée !

 

Racil Kacem, étudiant à l’ISAE-SUPAERO et contributeur du blog AlumnEye