
Pourquoi ce carve-out retient l’attention des interviewers
Le 30 septembre 2025, Rentokil Initial a cédé son activité Workwear en France à H.I.G. Capital pour une valeur d’entreprise de 410 millions d’euros, assortie d’un earn-out, une part variable de l’acquisition basée sur la performance future de l’entreprise, pouvant atteindre 30 millions d’euros. Les produits nets attendus s’élèvent à environ 370 millions d’euros. Cette opération illustre une volonté claire de recentrage et sert de support idéal pour évaluer un raisonnement M&A lors d’un entretien.
L’annonce avait été faite le 28 mai 2025 avec la mise en place d’une put option engageante, puis finalisée au quatrième trimestre après avoir respecté les consultations sociales et obtenu les autorisations requises. Ce déroulé maîtrisé en fait un cas d’école, concret et actuel, à dérouler face à un interviewer exigeant.
Ce qui part, ce qui reste : comprendre le périmètre
La cession concerne l’ensemble du périmètre Workwear en France, intégrant aussi bien le linge plat que les salles propres. En 2024, ce périmètre a généré 324 millions de dollars de chiffre d’affaires, 57 millions de résultat opérationnel ajusté, et absorbé 93 millions de capex. Il s’agit d’une activité très capitalistique, contractualisée sur le long terme et très opérationnelle.
L’actif regroupe 34 sites, un réseau logistique couvrant l’ensemble du pays, et plus de 21 000 clients sous abonnement longue durée. Le passage à une nouvelle marque début 2026 sera un marqueur fort d’indépendance. Ces paramètres structurent le plan de séparation et la feuille de route commerciale post-cession. Comme l’a confirmé H.I.G. Capital dans son communiqué officiel.
Pour Rentokil Initial, la stratégie de recentrage est tangible : après cette vente, environ 85 % des revenus viendront du Pest Control, le reste de l’Hygiène et du Bien-être. Moins de capex, une conversion de cash en nette progression, telle est la promesse immédiate.
Valorisation : lire les multiples sans se perdre
La transaction se situe à 1,4x EV/Ventes et 8,2x EV/EBIT sur la base des chiffres 2024, et selon certains analystes sell-side, autour de 9,5x EV/EBITA pour 2025. La comparaison avec Elis s’impose, tant les modèles économiques se répondent point par point. Ce cadrage permet de justifier une fourchette de valorisation en entretien.
Le rôle de l’earn-out
L’earn-out indexé sur la performance en 2026 répartit le risque lié à la transition. Il récompense la fluidité de l’exécution du carve-out et le succès des relais de croissance identifiés.
Le process français, en vrai
Le calendrier intégrait en amont la consultation des représentants du personnel (CSE) et l’obtention des autorisations habituelles. Le montage via une put option a verrouillé l’intention de céder tout en donnant le temps nécessaire pour piloter la séparation. Préciser et détailler chaque étape du process, avec leurs dates et leurs logiques, fera mouche en entretien.
Ce qui fait le sel d’un carve-out
Le cœur de la difficulté réside dans les coûts de fonctionnement autonomes : paie, systèmes de gestion intégrés (ERP), achats, gestion des données, assurances, fiscalité, baux, marques. Les contrats de prestation de services de transition (TSAs) deviennent essentiels au bon démarrage : il faut penser dès le départ à la séparation des systèmes ERP, à la gestion des contrats fournisseurs, à l’autonomie commerciale et à la continuité industrielle. Les coûts résiduels du groupe exigent un plan d’absorption solide.
L’humain pèse autant que les chiffres : assurer le transfert des talents clés, une gouvernance simple et des incitations alignées. Le changement de marque prévu début 2026 nécessite un plan marketing solide et une stratégie juridique sur les marques, sans dégrader la fidélité des clients.
Votre raisonnement en entretien
Démontrez que vous priorisez une exécution rigoureuse. Analysez bien plus que les multiples : soyez précis sur la séparation opérationnelle et la création de valeur.
- Listez les TSAs indispensables : finance, systèmes informatiques, ressources humaines, logistique. Précisez une durée typique et un ordre de grandeur des coûts.
- Calculez les coûts de fonctionnement autonomes attendus et les potentiels gains de productivité à 24 mois.
- Expliquez les mécanismes de détermination du prix : choix entre locked box et completion accounts, selon le profil de trésorerie de la cible.
- Proposez les jalons pour les 100 premiers jours : maintien du niveau de service, maîtrise du churn, accélération commerciale.
Angle fonds : la thèse H.I.G. en filigrane
Le caractère récurrent de l’activité et la fragmentation de la base clients attirent les fonds mid-market. La feuille de route combine autonomie opérationnelle, contrôle strict des investissements et une stratégie d’add-ons sélectifs. Le levier n’est pas la seule source de valeur : l’efficience du réseau, l’amélioration des tournées et la capacité à ajuster les prix par segment peuvent faire la différence.
On vous interrogera probablement sur la sensibilité au coût de l’énergie, aux salaires ou au prix du coton. Soyez prêts à évoquer des leviers concrets : indexations contractuelles, gains d’efficacité dans les blanchisseries, politique d’achats de matières premières, et digitalisation de la relation client.
Mini-case express à travailler
À 410 millions d’euros de valeur d’entreprise et 57 millions d’euros d’EBIT 2024, le multiple atteint environ 7,19x. Si l’EBITA progresse en 2025 et que les coûts de fonctionnement autonomes sont bien maîtrisés, la création de valeur devient visible. Introduisez une analyse de sensibilité : 50 points de base de marge en plus, combien cela représente-t-il en cash à trois ans ?
Prêtez attention au besoin en fonds de roulement : gestion des inventaires textiles, acomptes clients, rythme de facturation. Dans ce secteur, la situation de trésorerie révèle parfois des écarts marqués avec le compte de résultat.
Comparer sans forcer le trait
Les investisseurs rapprochent spontanément ces multiples de valorisation de ceux d’Elis, référent coté du secteur. Ces repères aident à positionner la transaction sur le marché, sans pour autant établir une analogie directe.
Ce que votre interviewer écoute vraiment
Ce qu’il attend : un périmètre clairement exposé, une valorisation argumentée, un plan de séparation crédible, des risques identifiés et pilotés. Articulez avec assurance les impacts opérationnels, cash et P&L : c’est là que vous faites la différence.
Prêt à vous entraîner sur des cas concrets ?
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FAQ
Qu’est-ce qu’un carve-out et pourquoi est-il pertinent pour Rentokil Initial ?
Un carve-out est la vente d’une division de l’entreprise, permettant à Rentokil Initial de se recentrer sur son cœur de métier. C’est une stratégie pour réduire les dépenses en capital tout en améliorant la fluidité opérationnelle, mais nécessite une exécution sans faille pour réussir.
Quelle est la pertinence de la valorisation dans une opération M&A ?
La valorisation détermine le prix d’achat par rapport aux performances financières futures attendues. C’est une arme à double tranchant ; sans une analyse critique, elle peut mener à une surévaluation et nuire à la création de valeur post-transaction.
Comment l’earn-out affecte-t-il la transaction ?
L’earn-out lie le prix final à la performance future de l’entreprise vendue. Cela transfert une partie du risque au vendeur, mais peut compliquer la transition si les objectifs ne sont pas réalistes ou mal alignés avec la stratégie post-cession.
Quels sont les principaux défis d’un processus de carve-out ?
Assurer une séparation complète des fonctions opérationnelles tout en maintenant la continuité commerciale est le défi majeur. Les coûts d’autonomisation et les TSAs requièrent une planification minutieuse, au risque de compromettre l’intégration finale si sous-estimés.
Quelle est l’importance des contrats de prestation de services de transition (TSAs) ?
Les TSAs permettent à l’acheteur de bénéficier de services opérationnels pendant une période transitoire. Leur importance réside dans la réduction des disruptions opérationnelles, mais attention aux coûts et à la durée qui peuvent devenir des freins financiers.
Pourquoi la séparation de la marque est-elle cruciale après un carve-out ?
Le changement de marque est un signal fort d’indépendance et doit soutenir le positionnement stratégique de l’entité. Toutefois, sans un plan marketing solide, cela peut entraîner une perte de clientèle et d’identité sur le marché.
Quels facteurs financiers sont critiques dans un carve-out ?
La maîtrise du besoin en fonds de roulement et des coûts d’autonomisation sont cruciaux pour éviter une détérioration de la trésorerie. Ces éléments sont souvent sous-estimés mais sont au cœur d’une transition réussie et pérenne.
Comment les analystes évaluent-ils la création de valeur post-cession ?
Les analystes scrutent l’accroissement des marges, la réduction des capex, et les gains de productivité. Cependant, ils doivent également être attentifs aux risques de choix stratégiques mal fondés qui peuvent éroder les bénéfices attendus.
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