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Pourquoi la “taxe Zucman” risquer de tomber en entretien

Cet enjeu réunit l’essentiel d’un cas d’économie appliquée : macro, fiscalité internationale, inégalités et dynamiques de marché. En septembre, le débat fait toujours rage à l’échelle mondiale. Inspirée par les réflexions de Zucman, la proposition cible un impôt minimum sur les ultra-riches. Au cœur du dossier, la capacité des États à capter des ressources et l’influence sur l’allocation du capital.

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La mécanique en une minute

La “taxe Zucman” ne se confond pas avec l’impôt traditionnel sur la fortune, lequel taxe le patrimoine sans nécessairement garantir un plancher de fiscalité. Ici, il s’agit d’un impôt minimum annuel, fixé à 2 % de la fortune des milliardaires. Si l’imposition déjà acquittée dépasse ce seuil, rien ne change. Sinon, un “top-up” vient compléter la différence. L’objectif : contrer l’optimisation agressive qui fait plonger les taux réellement payés.

A l’échelle mondiale, on évalue les recettes potentielles entre 200 et 250 milliards de dollars par an, pour environ 3 000 milliardaires recensés. (détail sur ABC.net.au)

Le vivier s’est récemment étoffé : en mars, 3 028 milliardaires détenaient ensemble près de 16 100 milliards de dollars.

Où en est le projet en septembre

Au G20, l’idée d’un impôt mondial sur les milliardaires progresse, même si certains poids lourds restent sceptiques. Les États-Unis et l’Allemagne faisaient encore figure de freins en 2024, compliquant la signature d’un accord global.

En France, le débat est très concret, avec des propositions de seuil à 100 millions d’euros de patrimoine. Les estimations font état de 15 à 20 milliards d’euros de recettes potentielles et d’une adhésion marquée de l’opinion publique.

Le lien avec la fiscalité des entreprises

Le schéma rappelle la logique du taux minimal d’imposition sur les multinationales. Dès 2021, OCDE et G20 ont porté un taux minimal de 15 % sur les profits des grandes entreprises, adopté par l’UE en 2022, avec application effective ensuite.

Le dispositif Zucman transpose cette démarche aux fortunes privées, en utilisant le mécanisme du “top-up” pour compléter le montant d’impôt dû.

Les aspects techniques à connaître

Assiette et valorisation

Le calcul porte sur une base large : actions cotées, entreprises non cotées, immobilier, parts en société et œuvres d’art. Les titres non cotés posent le plus de difficultés : valorisations par DCF, méthodes de comparables, prise en compte de l’illiquidité et décotes de minoritaire. Les évaluations annuelles restent sujettes à débat, surtout pour les structures patrimoniales complexes.

Liquidité et collecte

Prélever un impôt en numéraire sur du patrimoine souvent peu liquide pose un vrai casse-tête : dividendes exceptionnels, cessions partielles, recours au crédit adossé, ou étalement du paiement. Les dispositifs d’étalement et les crédits d’impôt internationaux deviennent des pivots opérationnels.

Exécution internationale

Faute de coordination, le risque de “forum shopping” est réel. Un mécanisme correctif, inspiré de celui appliqué aux multinationales, pourrait limiter ce contournement. La clé réside dans l’échange automatisé d’informations et l’identification des véritables bénéficiaires.

Les arguments à articuler sans se perdre

Les atouts

La mise en place de cette taxe pourrait générer des recettes significatives, notamment dans un contexte où les dépenses publiques et la dette atteignent des niveaux élevés. Elle favorise une harmonisation progressive de la fiscalité sur le capital sans décourager la prise de risque en entrepreneuriat, tout en constituant un signal fort si une coalition de pays avance ensemble.

Les limites

Les contentieux sur les méthodes de valorisation risquent de se multiplier, tout comme les réorganisations patrimoniales pour optimiser la résidence fiscale si la coopération internationale s’essouffle. De plus, l’impact peut peser sur l’innovation, en particulier pour les fondateurs au patrimoine peu liquide. Beaucoup dépendra du calibrage précis : seuils, exemptions, crédits d’impôt.

Impact attendu sur M&A, Private Equity et marchés

Sur les opérations M&A, la question du juste prix des holdings familiales deviendra épineuse. Beaucoup de fondateurs pourraient chercher à dégager de la liquidité, que ce soit via une introduction en bourse ou une revente partielle. Les modalités d’earn-out ou de vendor loan devront s’adapter.

Côté Private Equity, la taxe ne cible pas directement la fiscalité du carried interest. Mais les LBO devront de plus en plus intégrer un coût fiscal de portage sur plusieurs exercices. Le choix entre rester privé ou s’introduire en bourse prendra un poids fiscal nouveau.

Sur les marchés cotés, on anticipe sans doute un regain de versements de dividendes de contrôle pour s’acquitter de cette taxe. Les critères de gouvernance et la part du capital flottant prennent une dimension fiscale, en plus de la question de liquidité.

Construire une réponse claire en 60 à 90 secondes

Dans vos réponses, structurez sans réciter. Voici une méthode simple :

  • Commencez par définir la mesure et donnez un ordre de grandeur des recettes estimées.
  • Exposez un point fort et une limite, étayés d’un exemple chiffré.
  • Poursuivez sur l’exécution : coordination, valorisation, liquidité.
  • Concluez par une ouverture sur l’effet marché.

Questions probables en entretien

  • Quelles différences fondamentales entre impôt sur la fortune et impôt minimum de 2 % ?
  • Comment valoriser une participation non cotée d’un fondateur ?
  • Le mécanisme du “top-up” appliqué aux entreprises peut-il l’être aux particuliers ?
  • Quelles conséquences sur l’attractivité d’une place financière européenne ?

Chiffres à garder en tête

  • 2 % : le taux minimum proposé par Zucman.
  • 200 à 250 milliards de dollars par an d’efforts de collecte mondiale attendus. Voir le détail sur G20
  • 3 028 milliardaires recensés pour 16 100 milliards de dollars de richesse cumulée. Source: étude Investopedia
  • États-Unis et Allemagne, principaux freins à l’accord G20. Plus d’infos: ICIJ

Focus France : ce qui peut tomber en questions

L’examinateur pourra insister sur le cas français. Retenez les seuils évoqués (100 millions d’euros) et l’impact attendu sur les fondateurs ou familles actionnaires et sur les recettes publiques (ordre de grandeur : 15 à 20 milliards d’euros). 

Évitez tout débat idéologique. Restez centré sur les leviers d’exécution : structure de l’assiette, méthode de valorisation, trésorerie disponible, et dynamique de coordination européenne.

Pour s’entraîner avec les bons réflexes

Ici, l’essentiel n’est pas un exposé théorique, mais une réponse structurée et calibrée au contexte. Pour renforcer votre capacité à tenir le rythme en entretien, lisez aussi notre guide pour préparer un entretien financier comme un test de survie. Travaillez votre logique, et armez-vous d’exemples concrets.

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FAQ

Quelle est la différence entre la ‘taxe Zucman’ et un impôt traditionnel sur la fortune ?

La ‘taxe Zucman’ impose un impôt minimum de 2 % sur la fortune des milliardaires, contrairement à l’impôt traditionnel qui se base sur la valeur du patrimoine. Cette approche vise spécifiquement à empêcher l’optimisation fiscale agressive et à s’assurer que les très riches paient un montant d’impôt significatif, indépendamment de leurs stratégies d’évasion.

Comment la ‘taxe Zucman’ pourrait-elle affecter l’économie mondiale ?

En générant potentiellement 200 à 250 milliards de dollars par an, cette taxe pourrait considérablement augmenter les recettes publiques, mais elle risque aussi de décourager l’investissement et l’innovation, surtout si le calibrage n’est pas correct. La clé sera une coordination internationale pour minimiser le forum shopping et optimiser le recouvrement de l’impôt.

Quels sont les principaux défis techniques liés à la mise en œuvre de la ‘taxe Zucman’ ?

La valorisation des actifs non cotés se pose comme un défi majeur en raison de la complexité des structures patrimoniales. Les questions de liquidité sont également préoccupantes, car la taxe nécessite un paiement en numéraire sur un patrimoine souvent peu liquide.

Quel impact cette taxe pourrait-elle avoir sur le Private Equity et les marchés boursiers ?

Cette taxe pourrait pousser davantage d’entrepreneurs à introduire leurs entreprises en bourse pour dégager de la liquidité nécessaire au paiement. Sur le Private Equity, l’effet serait une pression accrue sur le coût fiscal de portage et des décisions qui pourraient décourager l’utilisation de leviers financiers élevés.

Pourquoi certains pays comme les États-Unis et l’Allemagne sont-ils réticents à cette taxe ?

Ces pays craignent que la taxe n’entrave l’innovation et mette en danger l’attractivité de leur place financière en imposant des contraintes fiscales excessives. Leur réticence montre la difficulté de coordonner une politique fiscale globale sans éroder la compétitivité nationale.