Nous avons interviewé pour vous, au sein du réseau AlumnEye, Nicolas Pierre, diplômé du Master in Finance de l’ESSEC et Quant/ Portfolio Manager au sein du gestionnaire d’actif Carmignac Gestion. Il nous explique son métier, son parcours, son quotidien, ses motivations pour rejoindre ce secteur et nous parle des grandes problématiques actuelles de l’Asset Management.

Comment définir l’Asset Management et quels sont les métiers principaux qui s’y rattachent ?

L’Asset Management est un secteur financier qui a pour but de gérer l’argent de plusieurs typologies de clients. On compte principalement deux familles de clients :

– Les intermédiaires financiers tels que les banques privées, les conseillers en gestion de patrimoine ou encore les plateformes sur lesquelles on peut investir dans des fonds.

– Les clients institutionnels comme les grands fonds de pension qui sont plus présents aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Moyen-Orient qu’en France.

Concernant les métiers, il y a vraiment deux rôles qui vont se distinguer en Asset Management par rapport à votre skillset :

– Un rôle de distribution qui demande d’avoir un bon relationnel, une intelligence humaine, d’être extraverti et d’avoir de solides connaissances techniques.

– Un rôle d’investissement qui va plutôt s’articuler autour de la conception de modèles sur Excel, d’optimisation de couple rendements/risques, de recherche/analyse et/ou d’exécution de trades.

L’un des métiers les plus connus qui se rattache à ce rôle d’investissement est le métier de Portfolio Manager qui consiste à passer du temps à analyser et suivre les marchés dans le but d’investir l’argent qui lui a été confié. Il intervient tout de même auprès de ses clients pour expliquer son processus d’investissement ainsi que pour expliquer le rationnel de ses décisions de placement. Contrairement au monde du hedge fund, le gérant d’actif régulé doit faire preuve de transparence auprès de ses clients.

Enfin, il existe des métiers plus hybrides comme le Product Specialist qui va être lié à un Portfolio Manager et qui aura pour mission de faire la passerelle entre le client et ce dernier.

Peux-tu nous expliquer ton choix de rejoindre le monde de l’Asset Management ?

Initialement, j’avais envie de faire de la structuration, seul problème : à la sortie de mon école en 2013-2014, le marché de l’emploi était saturé en Sell Side car les banques dégraissaient énormément. Je n’avais pas envie d’enchaîner des stages, un VIE et un CDD durant des années pour espérer avoir un jour une offre hypothétique en Front Office.

La plupart des profils en finance de marché vont postuler en Sales & Trading ou en Structuration. Pour ma part, j’ai un peu fait le schéma inverse en commençant en Buy Side puis je me suis rapproché des banques d’investissement pour développer une offre de produit à la frontière entre les deux mondes. Beaucoup de jeunes diplômés vont souvent voir uniquement les grosses banques et c’est dommage car ils ne saisissent pas d’opportunités de vivre des expériences comme celles-ci.

J’ai alors fait un choix différent en commençant chez un grand nom de l’Asset Management, Carmignac, en Risk Management.

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Quelle a été ton évolution au sein de Carmignac ?

Quand j’étais dans l’équipe Risk de Carmignac, j’avais développé différents modèles d’allocations d’actifs notamment avec des chercheurs en physique, dans l’objectif d’initier un partenariat entre le monde de l’Asset Management et le monde académique. Suite à cela, j’avais proposé ces modèles à la direction de Carmignac. Mon but était de faire évoluer le mode de gestion des fonds de fonds existant. J’ai développé tous ces travaux en plus de mon travail d’Investment Risk Analyst. Le fait d’aller plus loin que ce qui m’était demandé, d’avoir une démarche entrepreneuriale, d’aller porter des projets m’a donc permis d’être remarqué. Amener de l’innovation dans les processus d’investissement, de challenger l’existant est finalement ce qu’on attend des personnes un peu plus jeunes dans une entreprise à l’ADN entrepreneuriale forte comme Carmignac.

Suite à cela, je suis passé à la gestion de fonds en tant que Quant, le graal pour moi, au sein du département Investment Solutions qui s’occupe plus particulièrement de créer des solutions sur mesure et dédiées à nos partenaires privilégiés. J’ai eu l’opportunité d’appliquer mes modèles dans certains fonds de fonds de Carmignac. L’objectif est de proposer une solution sur mesure à nos clients en adaptant le mandat de gestion à leurs besoins. En tant que Quant, c’est là que j’interviens pour structurer une offre.

Au sein de cette équipe, je me suis spécialisé plus particulièrement sur l’Asset Allocation. Globalement, j’avais pour objectif d’équilibrer la part de risques avec la part de rendements d’une stratégie en répartissant les actifs d’un portefeuille selon les objectifs et les contraintes donnés par le client. Pendant quatre ans, ce furent mes principales missions en tant que Quant. Même si je gérais déjà des fonds en direct et que j’étais le gérant, je n’en avais pas encore le titre. J’ai finalement obtenu il y a 1 an et demi ce rôle, toujours dans la même équipe. J’ai notamment acquis ce changement de statut car j’ai développé une offre correspondant à ce qu’on appelle “funds derivatives”. Globalement, c’est une offre de dérivée sur fonds écrits par différentes banques d’investissements et dont la performance est indexée sur les fonds de Carmignac. Cela permet notamment d’offrir des objectifs de protection de capital et/ou des niveaux de coupons attendus personnalisés selon les besoins de chaque client.

 

Selon toi, comment peut-on se démarquer dans un secteur aussi compétitif ?

Pour ne pas vite se faire cataloguer, il faut prendre des risques et travailler énormément pour passer en Front. Avoir été force de proposition m’a permis d’en arriver là où j’en suis aujourd’hui. Pour évoluer, le plus important est d’avoir des convictions, de prendre des projets et de les pousser sans jamais rien lâcher. En effet, en finance, il y a une rivalité permanente avec vos semblables. C’est un secteur très compétitif où les talents sont de plus en plus nombreux et sont pour la plupart brillants. Faire preuve d’abnégation et développer ses soft-skills feront la différence sur le long terme. Même s’il est indispensable d’acquérir la technique pure, maîtriser le storytelling, savoir implémenter une stratégie, convaincre et croire en ce que l’on fait sera plus déterminant.

Il est également important d’avoir de bonnes relations avec les clients et ses équipes. Croiser des idées auprès d’un maximum de collaborateurs aux profils différents, générer un maximum de synergies au sein de son équipe en s’adaptant aux différentes sensibilités et imbriquer la stratégie à toutes les contraintes représentent le socle d’une carrière solide en Asset Management.

Par ailleurs, aller tester ses idées en se confrontant à la réalité du marché est un vecteur de réussite. Proposer une stratégie claire et explicable à un client lui permettra de se l’approprier et d’en être convaincu. Tester sa stratégie avec les Sales est primordial car sans leurs appuis, la solution ne sera pas proposée sur le marché. Mieux vaut construire une voiture solide plutôt qu’un prototype de Ferrari qui ne sera jamais vendue !
Pour y parvenir, il faut leur feedback assez tôt. Le défi d’un Quant réside dans la formulation d’une solution technique cohérente, la prise d’un maximum de feedbacks et le développement d’un storytelling et d’un marketing séduisants.

 

Quelles étaient tes motivations pour postuler en gestion d’actifs ?

Ce qui me motive le plus dans mon métier, c’est l’ensemble des aspects de la gestion d’un fonds, gérer le cycle produit de A à Z. De plus, c’est un milieu compétitif, il y a une émulation permanente qui vous donne envie de vous lever le matin. Comprendre tous les business modèles de chaque entreprise, être à la croisée des chemins sur les problématiques géopolitiques ou encore macro-économiques est passionnant. Tout l’écosystème est fait pour délivrer le meilleur niveau de service. Dans un business modèle comme Carmignac, la seule chose qui nous permet de survivre c’est la qualité du produit.

Un autre aspect qui me plait dans mon travail est la logique entrepreneuriale de mon entreprise.  Nous agissons sur l’ensemble des étapes d’une stratégie : créer une offre, un produit, le tester avec le marché, itérer et conclure les deals, les exécuter et retenir un maximum de satisfaction client. Nous avons une liberté d’action importante et la prise d’initiative est grandement valorisée. In fine, nous sommes surtout récompensés sur ce que l’on a apporté.

De surcroît, notre équipe est un pôle d’innovation assez fort, ce qui diffère de l’activité classique de l’entreprise. Nous sommes donc obligés de mettre en place une organisation où chacun des membres de l’équipe est dédié à la réalisation de cette mission. Il n’y a aucun poids mort dans les équipes. Les situations de stress, le niveau d’exigence et l’impact des stratégies proposées sont un moteur très motivant dans mon métier !

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En quoi consiste ton rôle de Quant/Portfolio Manager ?

Avant de vous présenter mon métier, il est important de comprendre comment se construit une Investment Solution chez Carmignac:

– Il y a d’abord la partie Design puis Gestion de la solution: ceci inclut le Trading, la recherche Quant, le développement de modèle de gestion, la mise en marché, l’opérationnel, le juridique et la négociation commerciale pour les frais. On doit sans cesse se renouveler dans nos propositions car chaque client a des besoins uniques et qui évoluent au cours du temps en fonction des conditions des marchés financiers.
– Enfin, la partie Market Intelligence : c’est-à-dire la capacité à lire les marchés de l’Asset Management et adapter un produit en adéquation avec les attentes des clients. Qu’est-ce que nos partenaires (et compétiteurs) vendent comme stratégies ? Qu’est-ce que les clients veulent ? Pour que le produit qu’on propose soit le plus en adéquation avec ces attentes-là.

Concernant mon métier de Quant/Portfolio Manager, j’ai pour mission de proposer des solutions de gestion d’actif sur mesure à nos clients. Pour y parvenir, on peut décomposer mon travail en deux étapes :

Tout d’abord, en mode push, il faut créer la stratégie que nous allons proposer aux clients, faire tout le marketing pour la promouvoir ou alors parler aux partenaires, identifier leurs besoins et créer une solution en adéquation avec. Si nous arrivons à remporter le contrat, on passe en mode exécution, c’est-à-dire lancer un fonds, se coordonner avec les équipes légales, compliance et risque pour gérer les aspects autour du mandat d’investissement. Le marketing et la relation client continuent tout au long du projet. Évidemment, il faut se coordonner en continu avec les sales pour qu’ils s’approprient le produit et le vendent aux acheteurs finaux. Une fois que le fonds est lancé, il faut le gérer. Cela passe par les trades, assurer un monitoring pour qu’ils soient toujours en phase avec le mandat vendu au client.

Enfin, faire des commentaires de gestion pour expliquer chaque décision : qu’est ce qui s’est bien passé / mal passé ? Quelles sont nos perspectives sur les marchés, comment se positionner dans le futur ? Tout ce service après-vente est très important afin que le client reste satisfait du mandat qu’il nous a confié.Afin de mesurer l’efficacité d’une stratégie, il ne suffit pas seulement de savoir si l’on a réussi à faire gagner de l’argent à ses clients. Il faut aussi respecter les contraintes fixées. C’est-à-dire, concilier dans un seul produit, le maximum de besoins spécifiques d’un client. La plupart du temps, ces indicateurs peuvent être la perte maximum acceptable, la contrainte de risque, la contrainte d’univers d’investissement que ce soit sur les marchés actions, les zones géographiques ou encore les contraintes ESG liées au développement durable.

On dit souvent qu’il est nécessaire d’avoir le CFA pour faire ton métier. Qu’en penses-tu ?

Le CFA, au niveau de la certification, n’est pas indispensable chez Carmignac. Néanmoins, quand les clients font leurs due diligences, certains demandent combien de pourcentage de nos gérants ont le CFA. Si le taux est élevé, ils seront généralement plus en confiance. Néanmoins avoir cette certification n’est pas ce qui m’a permis d’avoir une promotion par exemple. Je dirais donc que dans mon milieu, c’est une condition nécessaire non suffisante pour progresser, un peu comme l’équivalent du bac si je puis dire. Ça ne sert pas forcément pour tous les métiers de l’asset management mais pour autant ne pas l’avoir peut se révéler pénalisant face à la compétition de vos pairs. Cela m’a tout de même apporté de solides compétences techniques sur un spectre assez large, de la valorisation de dérivées à la macro-économie en passant par les modèles de valorisation d’entreprise. La formation est plutôt bien faite, elle donne une vision assez globale du monde de l’Asset Management. En revanche, elle n’aura qu’assez peu de pouvoir prédictif sur la capacité à générer de la surperformance sur les marchés financiers. Pour se faire une place dans l’Asset Management, il faut notamment mettre en pratique les connaissances théoriques que le CFA t’apporte.

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Si le CFA reste une certification nécessaire, l’importance de l’apprentissage continu l’est tout autant voire plus. Il est vital d’upgrader continuellement son skillset, tout au long de sa carrière. Quand je suis devenu Quant, j’ai eu la chance de suivre, en parallèle de mon travail, un Master of Science in Financial Engineering en ligne via World Quant University pendant 2 ans. Cette formation gratuite propose des cours d’excellente qualité en finance quantitative et en Python notamment. Il aborde également en profondeur les nouvelles méthodes de Machine Learning appliquées à la finance. Ce master est international et vous introduira dans des groupes de travail composés d’assez gros profils issus de hedges funds, de banques et d’ingénieurs intéressés par la finance. Aujourd’hui, maîtriser ces domaines est plus que recommandé pour continuer à évoluer dans le marché de l’Asset Management.

 

On a vu que tu avais également passé une certification FRM. Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? Pourquoi l’as-tu passée ?

Le FRM signifie “Financial Risk Manager”. C’est l’équivalent du CFA pour les Risk Managers dont il est complémentaire en termes de CV. C’est une certification plus légère et donc moins difficile à obtenir. Je ne recommanderais pas de le passer à moins de travailler dans le Risk Management. Pour ma part, je l’ai passé pour enrichir mes connaissances et mes compétences. J’ai obtenu le CFA et le FRM conjointement en passant un niveau de CFA puis un niveau de FRM à la suite. Je voulais apprendre le plus possible. Cela m’a permis d’avoir des bases solides le plus rapidement possible en vue de monter en gamme. Néanmoins, le Master en ligne que j’ai suivi a été plus décisif pour monter en grade dans ma carrière notamment grâce aux cours de Python et de Machine Learning par rapport au FRM.

 

Peux-tu nous parler des grandes problématiques contemporaines de la gestion d’actifs ?

Globalement, l’arrivée massive des fintechs a posé de nouvelles problématiques dans le secteur de l’Asset Management. Les entreprises comme Revolut, Betterment, Yomoni, ou encore Robinhood ont débarqué proposant des coûts toujours plus réduits pour les « retail investors». Ces nouvelles méthodes viennent perturber toutes les politiques de marge du secteur financier, obligeant donc les banques traditionnelles qui vendaient des services parfois de qualité moyenne aux prix et commissions assez élevés à s’adapter. Ce changement entraîne des pressions sur les coûts pour l’ensemble des acteurs existants.

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Chez Carmignac, nous avons mis en place une stratégie pour nous rapprocher au maximum de nos clients et capitaliser sur la reconnaissance de notre marque et l’excellence de notre savoir-faire. Nos clients connaissent notre capacité à les protéger en situation de crise tout en leur générant du profit sur un horizon moyen/long terme. Nous misons sur le fait qu’entre une fintech qui est là depuis 5 ans et une maison comme Carmignac qui est là depuis 30 ans, le client choisira une expertise qui a su faire ses preuves par le passé et qui est bien équipée pour continuer à le faire. Pour autant, ces start-ups offrent des services intéressants en capitalisant notamment sur différents outils d’intelligence artificielle.

 

Comment s’imbriquer au mieux par rapport à ce nouveau système ?

Tout d’abord, nous proposons des partenariats avec ces fintechs pour lister nos fonds sur leurs plateformes. Dans le même temps, nous suivons leurs activités et les écosystèmes dans lesquels elles se placent. Sur notre offre de service, nous nous inspirons de ce que font les meilleures fintechs. Notre business model a cependant toujours été axé sur la scalability, c’est pour cette raison que nous ne proposons pas une offre de fonds très large alors que certains de nos concurrents en ont plusieurs centaines. Nous allons tout de même adapter notre distribution aux évolutions du marché pour rester pertinents. Pour ce faire nous devons délivrer à nos clients du contenu de qualité, des produits de qualité et devons bien sûr communiquer dessus. Investir de manière importante sur le canal de la communication digitale est un de nos moyens pour valoriser notre expertise de gestionnaire d’actifs.

Dans une autre mesure, la crise de la Covid-19 a accéléré la digitalisation de nos activités. Nous avons su nous adapter rapidement pour transformer, par exemple, des meetings stratégiques de grande envergure en réunions Teams. Au niveau de notre activité principale : la gestion de fonds, nous sommes sortis beaucoup plus forts de la crise de 2020 car nous avions implémenté des stratégies de couverture dans nos fonds. Quand la BCE et la FED ont affirmé leurs mesures de soutien économique, nous avons repris du risque et avons bénéficié d’un excellent rebond. La performance de nos fonds a été excellente durant la crise de la Covid-19 comme ce fut le cas en 2008. Carmignac tient sa réputation de son comportement pendant les crises et lors des changements de paradigmes de marché très forts ; c’est ce qui a fait notre succès et notre organisation est pensée pour que cela continue à être le cas dans le futur.

Enfin, la pression sur les coûts qui vient des fintechs, concomitant avec la part grandissante des ETFs est une autre problématique contemporaine de l’Asset Management. Ces fonds indiciels qui répliquent des indices de marchés pour un coût très bas ont plutôt bien performés ces dernières années alors que les actions des banques centrales ont conduit à une hausse plutôt indiscriminée des marchés action (mais quid d’un environnement de marché qui verrait une cessation des quantitative easing par les banques centrales ?). Les fintechs offrent des services moins chers et poussent ces ETFs dans leurs allocations.

Un Asset Manager actif comme Carmignac doit donc démontrer une capacité à surperformer ces ETFs. La performance d’une société d’Asset Management va alors se mesurer sur 2 critères : la capacité à générer de la performance sur le marché soit le PNL et la capacité à capter l’argent de clients (logiquement plus facile si la performance est bonne), pour laquelle la digitalisation va prendre un rôle croissant.

Quels stages sont valorisés pour postuler en Asset Management ?

Je dirais qu’il y a trois stratégies principales pour percer dans l’Asset Management.

Vous pouvez tout à fait tenter des stages en gestion en tant qu’Equity Analyst ou Credit Analyst. C’est le stage le plus directement en relation avec le métier de gérant. Le problème, c’est que les Asset Managers vont choisir des profils avec de l’expérience. La probabilité de convertir un stage en CDI dans ce secteur n’est donc pas la meilleure. Pour autant, il y a des stagiaires qui s’investissent énormément et qui y parviennent. Étant très souvent au contact des gérants, ils produisent des analyses pertinentes et se font remarquer par la suite. Une autre stratégie est de commencer en fonction support mais plus risqué car on peut vite se retrouver bloqué dans la fonction. Pour ma part, c’est pourtant la stratégie que j’ai adoptée.

Comme schéma plus classique, vous pouvez vous diriger dans le Sell Side en tant qu’analyste dans le secteur de la consommation discrétionnaire par exemple et vous revendre en Buy Side. Analyste en banque dans l’Equity Research ou le Credit Research est également une très bonne voie. En revanche, dans ces activités, il y a eu un fort dégraissage suite aux dernières réglementations MiFID et les salaires sont assez restreints.

Enfin, comme souvent, l’autre voie royale c’est le M&A. Après quelques années d’expérience, vous pouvez potentiellement vous recycler en Private Equity ou en Asset Management. À titre d’exemple, quasiment tous les jeunes analystes Equity de Carmignac viennent du M&A en banque américaine Tier 1. Si vous souhaitez faire du Cross Asset, il peut être intéressant de venir de banques d’investissement côté marché, trader compte propre (même si l’activité s’est fortement réduite en Europe à cause des réglementations Bâle III), market-maker d’option exotique ou encore de Hedge Fund. Être un trader market-maker (cash equity ou delta One) est perçu comme plus pertinent pour rejoindre notre table de négociation que pour faire de la gestion Cross-Asset néanmoins.

Pour conclure, je dirais que l’Asset Management est un secteur passionnant qui a de l’avenir devant lui. Il vous poussera à vous réinventer constamment, vous ne pouvez pas vous reposer sur vos acquis. C’est un marché très stimulant et exigeant : impossible de s’ennuyer. Je recommande vivement cette voie !