Peu de métiers suscitent autant d’intérêt de la part des étudiants en Grandes Écoles que le Private Equity. En effet, au-delà du prestige et des niveaux de rémunération, le Private Equity est un métier passionnant grâce à l’expertise financière, entrepreneuriale et stratégique qu’il demande.

Cependant, les équipes en fonds d’investissement sont souvent très réduites, il y a donc peu d’offres de postes. Cet écart entre l’offre et la demande des jeunes diplômés pour ce métier rend les recrutements extrêmement sélectifs.

Aicha Fakhir, chasseuse de tête pour des fonds de Private Equity vous livre aujourd’hui tous les secrets pour réussir vos entretiens. Vous découvrirez combien de tours contient un process en Private Equity, en quoi ils consistent et comment vous préparer au mieux pour décrocher une offre.

Combien d’entretiens dans un process en Private Equity ?

Avant de postuler en fonds de Private Equity, il faudrait être sûr d’être bien préparé, car une fois un process lancé, la première étape peut arriver très rapidement.
Pour un stage en Mid ou Large Cap, il y a en général 2 à 3 tours d’entretiens. Le but étant de rencontrer le plus de collaborateurs. Dans un processus classique, un étudiant est amené à rencontrer 2 Associates lors du premier tour d’entretiens, puis 2 Principals (ou 1 Associate et 1 Principal) lors du second tour d’entretiens.

En ce qui concerne un poste en CDI (après quelques années d’expérience), il n’y a pas de règles : il peut y avoir entre 4 et 12 tours d’entretiens. Le process varie en fonction de chaque fonds, de sa taille, et du nombre de personnes par équipe. Par exemple, pour un fonds Large Cap possédant des bureaux à Paris et à Londres et dont les équipes travaillent régulièrement ensemble, le candidat sera amené à rencontrer beaucoup plus de collaborateurs que lors d’un process normal.

LA4Lire aussi : Stage ou CDI : quel CV pour travailler en Private Equity ?

Un processus classique pour un CDI dans un fonds Mid Cap ou Upper Mid après 2-3 ans d’expérience est généralement constitué des étapes suivantes :

Tour 1 : Entretien de fit / motivation avec un Principal / VP (généralement chargé du recrutement)

Tour 2 : Entretien fit / technique avec des Associates

Tour 3 : Case Study suivi d’un débrief par les membres de l’équipe

Tour 4 : Rencontre avec un Partner

Tour 5 : Rencontre avec un autre Partner

Tour 6 : Un verre ou un déjeuner avec tous les membres de l’équipe pour certains fonds

A quoi dois-je m’attendre comme questions dans un entretien en Private Equity ?

Un tour d’entretien peut être soit un tour de fit / motivation ou bien un tour technique. Il y a généralement 6 à 7 étapes dans un process de recrutement pour intégrer un fonds de Private Equity.

1. Des questions sur votre parcours

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Le candidat doit être en mesure de se présenter de manière synthétique en donnant des éléments importants sur son parcours. Il faut être capable de dérouler son CV, tant son background académique que son parcours professionnel. L’interviewer peut rebondir lors de cette présentation pour demander au candidat d’expliquer certains choix de carrière : Pourquoi ne pas être passé par une classe prépa ? Pourquoi avoir choisi Rothschild alors que tu as reçu une offre chez Morgan Stanley ? Pourquoi avoir poursuivi une carrière en conseil après avoir fait 2 stages en M&A ?

Le recruteur va challenger le candidat sur son parcours académique et professionnel. Le candidat doit être en mesure d’indiquer et de détailler les missions, les deals M&A ou les Due Diligences sur lesquels il a travaillé (que ce soit en stage ou en CDI). Si le candidat mentionne le deal Tiffany / LVMH sur son CV ou en entretien, l’interviewer peut lui demander de détailler, lui demander son avis sur la transaction. Est-ce une bonne acquisition, notamment compte tenu de l’état du marché ? Que penses-tu du marché du luxe ? Aurais-tu fait cette acquisition ?

Pour quelqu’un en conseil en stratégie, l’interviewer peut l’interroger sur une Due Diligence qu’il a réalisée pour un fonds d’investissement. Le candidat doit donner un maximum d’informations au recruteur tout en respectant la confidentialité des transactions qui ne sont pas publiques.

De ce fait, il faut toujours pouvoir expliquer toutes les lignes sur son CV. Mentionner un deal sur son CV mais ne pas être en mesure d’en parler en entretien peut être rédhibitoire.

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2. Les questions de motivation

Il s’agit de questions assez classiques qui vont permettre au recruteur de connaître les motivations du candidat et savoir pourquoi ce dernier est face à lui. Le candidat doit être pertinent dans son discours et doit savoir expliquer clairement pourquoi il veut faire du Private Equity et pourquoi spécifiquement en Small, Mid ou Large Cap. De même, il doit pouvoir expliciter pourquoi ce fonds en particulier l’intéresse : culture d’entreprise, culture d’équipe et stratégie d’investissement, …

De telles questions permettent rapidement de cerner si le candidat a postulé parce qu’il est réellement intéressé par l’équipe ou parce qu’il cherche uniquement une place dans un fonds pour quitter le M&A ou le conseil en stratégie.

Il faut que le candidat puisse construire un discours cohérent pour exposer sa motivation à la fois pour le poste et pour le fonds : dire que l’on est en process dans des fonds Large Cap alors que l’on est en entretien pour un fonds Mid Cap peut s’avérer très compromettant.

3. Les questions de fit 

Concernant cette partie, il n’y a pas de questions de fit particulières. C’est naturellement, au fil de la discussion, que l’interviewer pourra déterminer si oui ou non le candidat et sa personnalité sont compatibles avec l’équipe. En effet, les équipes de Private Equity sont réduites donc il faut que le candidat puisse s’entendre avec tout le monde. Il est possible de juger le fit sur l’attitude en entretien mais aussi sur les centres d’intérêt et occupations en dehors du travail. Il est évident qu’un candidat et un recruteur qui partagent une passion comme le golf ou un style de musique en particulier est un point positif qui facilitera l’intégration du candidat.

LA4Lire aussi : Comment postuler en Private Equity ?

4. Les questions techniques

Il s’agit de la partie la plus redoutée par les candidats. Les questions posées concernent généralement le modèle LBO : il faut connaître ses principales caractéristiques, savoir comment il est construit et pouvoir le dérouler facilement. Le candidat peut également devoir répondre à des questions plus classiques que l’on peut retrouver dans un entretien pour rejoindre une banque.
M&A : étapes d’un deal, questions comptables ou de valorisation.

Pour un CDI, les questions seront plus poussées.
Pour un simple stage, on demandera au candidat de réaliser un LBO Paper tandis que pour un CDI ou Graduate, le candidat aura un tour d’entretien supplémentaire pour réaliser un cas LBO. (voir ci-après).

5. Les questions de Business Sens

L’interviewer va chercher à savoir si le candidat sait réfléchir au-delà des chiffres. C’est une partie stratégique où il faut savoir exposer au recruteur l’étendue et la pertinence de ses recherches : connaissances sur les deals, les secteurs, les différents marchés.

« Peux-tu parler d’une entreprise dans notre portefeuille ? »
L’interviewer cherche à tester la connaissance du candidat sur le fonds et ses investissements. Il faut savoir présenter l’entreprise, les caractéristiques du secteur sur lequel elle est implantée et l’intérêt de l’opération.

« Est-ce qu’il y a une boîte dans notre portefeuille dans laquelle tu n’aurais pas investi ? »
Un fonds peut réaliser des bons investissements comme de mauvais. A travers cette question, le candidat est incité à avoir une réflexion objective. Si d’après ses recherches, le fonds n’a vraiment réalisé aucune participation inopportune, il peut alternativement parler de 2 ou 3 sociétés qu’il considère comme des supers investissements (sur lesquels le recruteur va le challenger).

« Si tu pouvais investir dans une entreprise, ce serait laquelle ? »
Le recruteur souhaite vérifier que le candidat est réellement intéressé par l’investissement et qu’il connaît l’environnement des entreprises, de l’investissement et des sociétés dans lesquelles les fonds investissent, etc.

Enfin, comme pour un entretien en M&A ou conseil en stratégie, le candidat peut se voir poser des questions de Market Sizing.

6. Cas stratégique / Cas LBO

C’est une partie réservée aux personnes qui ont déjà 2-3 ans d’expérience et qui veulent intégrer un fonds de Private Equity en CDI. En principe, c’est un cas qui dure soit 3h, soit entre 24h et 48h. Toutefois, il n’y a pas de règles et tout dépend du format choisi par le fonds.

A partir d’un Investment Mémorandum de 30/40 pages avec de nombreuses informations sur la société cible, le candidat devra réaliser un modèle LBO en partant de zéro. Cela permet de tester ses capacités à modéliser rapidement ainsi que ses compétences techniques. Suite à ce travail, l’interviewer peut décider d’aller plus loin dans le cas LBO en posant des questions plus stratégiques.

« Maintenant que tu as fait tout ce travail de modélisation, est-ce que tu investirais dans cette entreprise ? »
L’idée est de challenger, à travers une session de débrief, les chiffres et la pertinence de l’investissement. Les questions deviennent de plus en plus précises avec les réponses du candidat.

Et ça tombe bien, AlumnEye a lancé un site pour se former au cas LBO (paper, short et full LBO) et réussir ses entretiens en Private Equity : www.traininglbo.com.
TrainingLBO.com, c’est une méthodologie complète pour réaliser un modèle LBO, animée par un expert du LBO Modeling qui a travaillé avec les plus grands fonds d’investissement.
Pour s’inscrire à la formation : www.traininglbo.com et pour toute autre question sur cette formation : contact@traininglbo.com


7. Rencontre informelle avec l’équipe

Une fois arrivé à ce stade du process, l’équipe s’est déjà fait une très bonne idée du candidat : ce dernier a réussi tous ses entretiens, mais l‘objectif est de savoir si le courant va bien passer avec l’équipe en entier. Les équipes sont très petites donc le nouveau membre doit s’entendre avec tout le monde. Dans le cadre d’un cocktail ou d’un déjeuner informel, l’équipe va observer comment le candidat se conduit et réagit en société : A-t-il un sens de l’humour ? Arrive-t-il à rebondir sur certains éléments dits par ses collègues ? A-t-il confiance en lui ? Ce sont autant d’éléments qui permettent de prédire comment le candidat peut se comporter lors d’un échange professionnel. Cette rencontre informelle est donc une étape décisive du recrutement et la moindre petite erreur ou remarque déplacée peut mettre en échec tout le process.

Quelques derniers tips pour bien se préparer pour les entretiens 

Bien évidemment, on ne répétera jamais assez à quel point il est essentiel de bien se renseigner sur le fonds pour lequel on postule : équipe, culture du fonds, stratégie d’investissement, sociétés en portefeuille sont autant d’éléments à connaître sur le bout des doigts

Enfin, pour ne pas être pris au dépourvu, il faut se préparer techniquement chez soi en faisant le maximum de cas LBO.

 

Augustin ALABERGERE, étudiant à l’Université Paris-Dauphine et responsable éditorial du blog AlumnEye