L’activation de l’article 50, le 29 mars 2017, a déclenché le Brexit. Le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est finalement devenu une réalité. Depuis le référendum en juin 2016, et même avant le jour du vote, beaucoup de questions ont été soulevées concernant le futur de Londres en tant que centre financier, et par extension le futur des milliers de salariés qui travaillent dans la City. Pour le Royaume-Uni, l’exode des banques pourrait avoir des conséquences économiques graves : le secteur financier représente en effet 223 milliards d’euros par an, soit 12% de l’activité économique britannique.

Pour le moment, les banques basées à Londres restent discrètes sur leurs futures manoeuvres suite à la sortie de la zone européenne. Malgré le nombre de salariés qui risquent de perdre leur emploi ou d’être déplacés vers le reste du continent européen. On entend déjà quelques rumeurs ici et là, comme un déménagement d’HSBC et de Goldman Sachs vers Paris et Francfort. Mais quels sont les vrais changements prévus dans les prochains mois, et quelle ville européenne sera désignée centre financier de l’espace européen ?

AlumnEye a décidé de faire une synthèse des différentes informations relayées par les banques sur les déplacements prévus dans les mois à venir.

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Qui gagne ?

Francfort, Paris ou Dublin ? Voilà la grande question que se posent les institutions financières en ce moment. HSBC va déplacer environ 1.000 emplois à Paris. Stuart Gulliver, le directeur général de la banque britannique, a expliqué que les salariés affectés par ce déplacement génèrent 20% des revenus du trading basé au Royaume-Uni.

Les dernières statistiques de Bloomberg indiquent une forte préférence pour Francfort chez les banques Tier One. Goldman Sachs envisage de déplacer 1.000 emplois vers le centre financier allemand alors que UBS prévoit une répartition de 1.500 emplois entre Francfort et Madrid.

 

Quitter Londres : à quel prix ?

Les banquiers aiment Londres. Ce n’est pas par hasard si autant de banques s’y sont installées : la City est le lieu idéal pour travailler mais aussi pour faire la fête.

Le choix de la localisation dans les métiers de la banque de financement et d’investissement a donc une importance non-négligeable. La population de banquiers juniors aime sortir. Le risque de déménager dans des villes différentes est de perdre cette concentration de « golden boys » ainsi que l’attractivité auprès des jeunes diplômés : être trader à Francfort sera sans doute moins attractif qu’à Londres. De plus, la proximité avec les clients est primordiale pour certains métiers comme ceux de sales, broker, et dans une moindre mesure M&A. Un changement de pays implique une plus grande distance et plus de freins pour les métiers qui comptent sur les relations avec les clients.

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L’incertitude du lendemain

La plupart des banques ont du mal à divulguer leur « master plan ». Le CEO de JP Morgan a indiqué à Bloomberg qu’il n’était toujours pas prêt à prendre une décision. Avec une énorme présence à Londres, JP Morgan envisage un total de 4.000 déplacements, soit 40% de leurs effectifs au Royaume-Uni. La banque américaine penche vers Varsovie pour ses opérations back-office. Ils rejoindront 200 effectifs de Goldman Sachs qui y sont déjà. Crédit Suisse envisage également des milliers de déplacement vers la capitale polonaise, qui espère accueillir 35.000 à 45.000 postes financiers au total.

A ce jour, il est impossible de dire quelle ville sera la grande gagnante de cette diaspora qui concernerait selon TheCityUK, plus de 70.000 banquiers. En effet, il semble de plus en plus probable que les banques basées à Londres répartissent leurs divisions sur plusieurs villes européennes.
Le déroulement des prochaines semaines sera crucial en ce qui concerne le transfert des opérations de la City. Après l’annonce des élections législatives anticipées le 8 juin 2017 au Royaume-Uni, les banques et les marchés hésitent. Theresa May espère réaffirmer son pouvoir au parlement afin de créer plus de stabilité pendant les négociations du Brexit. L’élection surprise remet en question la stratégie britannique pour les discussions avec l’union européenne. Rien n’est encore joué pour la plupart des banques : le futur de Londres en tant que centre financier reste dans les mains des négociateurs de l’UE, qui détermineront ses droits bancaires dans les années à venir.

 

Nombre de déplacements potentiels

 

Banque

Déplacements potentiels

Effectifs au Royaume-Uni

JP Morgan

4.000

16.000

Deustche Bank

4.000

9.000

UBS 1.500

5.000

Goldman Sachs

1.000 6.000

HSBC

1.000

5.000

Morgan Stanley

1.000

6.000

Barclays

150

10.000

Source : Bloomberg