Membre du Trésor français à ses débuts, il est devenu rapidement un acteur de premier plan des transactions dans le secteur des Télécoms. AlumnEye revient sur le parcours de Vincent Le Stradic, associé-gérant de la maison Lazard.

M&A_le_stradic_bercyDiplômé de l’Ecole des Mines, Vincent Le Stradic entame une carrière de haut fonctionnaire à Bercy en travaillant à l’Agence France Trésor, chargée de gérer la dette et la trésorerie de l’Etat. Par la suite, Vincent Le Stradic bifurque vers la banque d’affaires chez Morgan Stanley en 1996. Il aura sous ses ordres Bernard Mourad, véritable star des transactions télécoms qui a rejoint récemment la banque d’affaires The Raine Group afin de lancer un bureau parisien.

De la fin des années 1990 au début des années 2000, les deux hommes ont su tirer profit de l’extraordinaire frénésie caractérisant le secteur des TMT sur le marché du M&A. Précédant l’éclatement de la bulle Internet, l’emballement pour les « valeurs technologiques » a entraîné une explosion des cours de bourse et a de facto ouvert l’appétit de certains acteurs désireux de constituer des géants des Télécoms. L’acquisition de Mannesmann (ayant acheté Orange un an plus tôt) par Vodafone pour 181 milliards de dollars ainsi que la création de Vivendi Universal illustrent parfaitement les ambitions démesurées des capitaines d’entreprises et des conseillers financiers de l’époque.

Vincent Le Stradic a su tirer son épingle du jeu grâce à son entregent et son art de la négociation, ce qui lui a valu de participer à plus d’une centaine de deals pour une valeur cumulée dépassant largement les 500 milliards d’euros depuis le début de sa carrière. Surnommé « le petit breton » pour ses origines armoricaines, l’homme aime faire face à de nouveaux challenges. Lorsqu’il quitte Morgan Stanley en 2002, banque souvent positionnée en sell-side, c’est pour rejoindre la branche TMT de la maison Lazard.

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Passionné par son activité, Vincent Le Stradic a été amené à travailler sur des dossiers ambitieux qui sortent du cadre des opérations externes de croissance. Sorti très éreinté du deal SFR/Numericable en 2014, le banquier d’affaires est approché pour mener une levée de fonds pour Sigfox, une start-up qui développe un réseau bas-débit pour les objets connectés. Cette dernière a réussi à lever 100 millions d’euros, un record pour l’époque alors même que la société subissait des pertes d’exploitation et ne parvenait pas à faire décoller son chiffre d’affaires. Selon Vincent Le Stradic, la tâche la plus ardue dans ce type d’opération est de « transformer les chiffres en un business plan avec l’aide du management ». Pour l’aider dans sa mission, il a pu compter sur Anne Lauvergeon, ex-Lazard et ancienne présidente d’Areva, et Ludovic Le Moan, ingénieur et cofondateur de Sigfox, afin de séduire les futurs actionnaires, réunissant le fonds américain Intel Capital et des industriels intéressés par la technologie. La levée aurait pu dépasser les 100 millions, car de nombreux fonds américains de Venture Capital ont démontré un fort d’intérêt.

M&A_le_stradic_vodafoneA l’approche de ses 20 ans au sein de la maison Lazard, le bilan de Vincent Le Stradic atteste de l’expertise de ce banquier incontournable du monde du M&A qui a marqué la place financière européenne. Il a réalisé les plus grands deals de ces 20 dernières années tels que l’achat d’Orange par Mannesmann pour 33 milliards d’euros (1999), ainsi que les plus grandes opérations ayant eu lieu en Egypte et au Maroc avec le rachat d’Orascom par Vimpelcom pour 25 milliards de dollars (2010) et la prise de contrôle

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Transactions notables :

  • 2021 : Cession des tours d’Altice à Cellnex pour 5,2 milliards d’euros.
  • 2020 : Conseil de Schneider Electric pour le rachat de RIB Software pour un montant de 1,4 milliard d’euros
  • 2015 : Rachat des parts d’Orascom dans l’égyptien Mobinil par Orange pour 210 millions d’euros
  • 2015 : Fusion de SFR et Numericable au sein d’Altice pour 13 milliards d’euros
  • 2007 : Cession de Techem auprès de Macquarie Group (1 milliard de dollars)
  • 2007 : Acquisition de One GmbH pour 1,4 milliard d’euros par France Télécom et Mid Europa Partners
  • 2003 : Achat d’Olivetti par Telecom Italia pour 50 milliards de dollars
  • 2000 : Fusion de Vivendi, Canal+ et Seagram pour 42 milliards de dollars
  • 1998 : Conseil de ARM Holdings lors de son IPO, première entreprise à être cotée à la fois sur le NASDAQ et sur le LSE.

Arthur-Daniel Sitbon, étudiant à l’EM Lyon et contributeur du blog AlumnEye