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Personnalité emblématique et incontournable de ces dernières années, Mario Draghi est un économiste renommé, ancien banquier d’affaire et haut fonctionnaire italien. Il est depuis 2011 à la tête de la Banque Centrale Européenne (BCE). Celui que l’on surnomme « Super Mario » et qui a succédé à Jean-Claude Trichet, a hérité de la lourde tâche de sortir la zone Euro de la crise qu’elle traverse.

 

Qui est « Super Mario » ?

Mario Draghi est né en 1947 à Rome d’un père banquier (Carlo Draghi) et d’une mère pharmacienne (Gilda Mancini), marié à Serena Draghi il est aussi le père de deux enfants : Federica Draghi et Giacomo Draghi. Il a étudié à l’Institut Massimiliano Massimo (un lycée Jésuites) puis à l’Université La Sapienza où il obtiendra en 1970 une licence en économie et commerce. En 1976, il soutient sa thèse au Massachussets Institut of Technology (MIT) intitulée : « Essays on economic theory and applications[i] » pour obtenir son Doctorat en économie sous la supervision de Robert Solow (Prix Nobel d’économie 1987) et Franco Modigliani (Prix Nobel d’économie 1985). Par la suite, Il enseigne en tant que professeur à l’université de Turin et à l’université de Florence jusqu’en 1994 ainsi qu’à la prestigieuse université américaine de Harvard.

 

En plus de ses responsabilités académiques, il devient en 1984 directeur exécutif pour la délégation italienne au sein de la Banque Mondiale et le restera jusqu’en 1990. Il est ensuite nommé Directeur Général du Trésor Italien en 1991 à un moment crucial pour l’Italie car le pays est au bord de la faillite. Jusqu’en 2000, Mario Draghi va mettre en place plusieurs mesures phares afin de redresser les finances du pays : il crée de nouveaux impôts, il prend la décision de dévaluer la lire pour la rendre plus compétitive, il effectue de nombreuses coupes dans les dépenses publiques et il amorce une vague de privatisations des entreprises publiques italiennes. Ce dernier point lui a valu de nombreuses critiques en Italie car on lui reproche d’avoir « bradé[ii] » les actifs du pays auprès d’acteurs financiers majeurs tels que les  grandes banques d’affaires de la City (Goldman Sachs, Merrill Lynch, Barclays…) ou de spéculateurs financiers. Il est alors surnommé « Mister Britannia[iii] » en référence au yacht sur lequel une réunion secrète aurait eu lieu avec les acteurs financiers précédemment évoqués. C’est également à cette période qu’on lui donne le sobriquet de « Père Rigueur » en rappel aux mesures d’austérité qu’il a appliquées pendant son mandat pour redresser la situation économique de son pays et afin de réduire les déficits de manière drastique. Néanmoins, on peut lui créditer l’intégration de l’Italie à la monnaie unique, ce qui n’était pas envisageable avant la série de décisions qu’il a prise pour éviter la faillite imminente de son pays pendant les 10 années qu’il a passé à la tête du Trésor Italien.

 

L’année 2002 marque un tournant dans sa carrière puisqu’il décide de rejoindre la banque d’affaire américaine Goldman Sachs en tant que vice-président de la branche européenne. Ce choix de carrière a été très vivement critiqué par les détracteurs de Mario Draghi car cette banque aurait à l’époque aidé la Grèce à camoufler son déficit[iv] par l’utilisation de produits structurés lui permettant de continuer à s’endetter tout en respectant les clauses du traité de Maastricht. Le recours aux swap de taux (qui permet de passer d’un taux fixe à un taux variable ou inversement) aurait été effectif avant l’arrivée de Mr Draghi mais ce serait poursuivi jusqu’en 2009. Certaines voix s’élèvent donc en accusant ouvertement Mario Draghi d’avoir été informé de ces opérations financières (légales mais vivement critiquées par l’Union Européenne) et donc d’avoir aidé la Grèce à camoufler son déficit abyssal. L’ancien directeur du Trésor Italien se défend de ces accusations en affirmant s’être principalement intéressé au secteur privé plutôt qu’au secteur public lors de ses années passées au sein de la banque d’affaire américaine. Cependant, il ne s’est jamais exprimé publiquement sur la responsabilité de son ancien employeur dans cette affaire, ce qui selon ses contempteurs prouve qu’il était forcément au courant de ces opérations au vu de sa position dans la hiérarchie de la banque d’affaire américaine. Enfin, un communiqué de presse

[v]

de Goldman Sachs paru le 28 Janvier 2002 lors de sa prise de fonction dit très clairement que Mario Draghi : « will help the firm develop and execute business with major European corporations and with governments and government agencies worldwide »; relançant le débat sur sa responsabilité dans cette affaire.

 

Après son passage chez Goldman Sachs, Mario Draghi décide de revenir dans son pays. Il prend alors les commandes de la Banque d’Italie en tant que Gouverneur. En 2006 il est nommé par Silvio Berlusconi pour un mandat de 6 ans renouvelable pour pallier la démission de Antonio Fazio (soupçonné de conflit d’intérêts). C’est à ce moment là qu’il approche pour la première fois la BCE en tant que membre du Conseil des Gouverneurs des banques nationales de la zone Euro. Il est parallèlement élu Chairman du Forum de Stabilité Financière (Financial Stability Board ou FSB) par les membres du G20 en avril 2006. C’est au cours de cette période qu’il commence à acquérir une reconnaissance internationale. Le FSB deviendra en 2009 le Conseil de Stabilité Financière qui regroupe plusieurs organisations internationales ayant pour missions : de maintenir une stabilité financière internationale durable, d’améliorer le fonctionnement des marchés financiers et de réduire le risque systémique grâce l’amélioration des échanges d’informations sur les marchés.

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Son engagement à la tête de la BCE

Pressenti un moment pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI après les déboires judiciaires de ce dernier, c’est finalement à la direction de la BCE que Mario Draghi officie depuis le 1er Novembre 2011. Il succède au français Jean-Claude Trichet en pleine crise de la dette souveraine dans la zone euro, alors que les marchés financiers anticipent déjà la sortie de la Grèce ainsi que d’autres pays de la monnaie unique. C’est donc dans un contexte économique difficile que Mario Draghi devient « l’homme le plus puissant d’Europe » avec pour mission principale : sauver la zone euro.

 

Avec sa nomination, les gouvernements de la zone euro marquent une rupture avec la politique monétaire très conservatrice mise en place jusqu’alors par Jean-Claude Trichet. Très rapidement Mario Draghi se montre plus flexible en annonçant des mesures ayant pour but de rassurer les investisseurs sur le futur de la zone euro, afin de regagner leur confiance. En effet, peu de temps après sa prise de fonction, en décembre 2011, il annonce un premier plan LTRO (Long Term Refinancing Operation – maturité de 3 ans) d’un montant de 489 milliards d’euros à destination des banques européennes. Ce premier plan de refinancement des banques européennes a pour principal objectif d’augmenter la liquidité du marché interbancaire afin d’inciter ces dernières à prêter davantage aux entreprises. A cette mesure vient s’ajouter une baisse des taux d’intérêts d’un quart de point afin de pallier l’augmentation des taux effectuée par son prédécesseur, qui allait à l’encontre d’une stratégie viable pour sortir la zone euro de la crise. Au début de l’année 2012, une seconde vague LTRO est lancée pour atteindre un total de 1000 milliards d’euros en prenant en considération le premier plan lancé auparavant en 2011. Ces décisions ne sont pas prises à la légère et Mario Draghi sait qu’en pleine crise de confiance au sein de la zone euro, à un moment où les gouvernements n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une ligne directrice commune, il convient d’agir. Il tranche dans le vif en annonçant aux marchés financiers qu’il amorce une politique de relance. Il prend ses responsabilités en reprenant la barre d’un navire trop longtemps resté à la dérive, qui a besoin de mesures drastiques pour rester à flot. Malheureusement les LTROs ne rencontrent pas le succès escompté et de nouvelles mesures doivent être mises en place par la BCE pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.

 

Dans la continuité des LTRO initiés en 2011 et en 2012, Mr Draghi lance en 2014 les TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operation – maturité de 4 ans) afin de s’attaquer aux problèmes de la croissance et de l’inflation dans la zone euro. En effet le spectre de la déflation plane sur l’Europe et des mesures doivent être prises pour enrayer le plus rapidement possible ce phénomène. Les TLTRO[vi] mettent à disposition des banques européennes 400 milliards d’euros supplémentaires à des taux d’intérêts avantageux (0,15%) afin que celles-ci accordent davantage de crédit aux entreprises ainsi qu’aux ménages. Les deux premiers TLTRO n’ont pas reçu le succès escompté par la BCE avec seulement 212 milliards d’euros prêtés, un montant jugé insuffisant par les experts. Pour augmenter l’attractivité des TLTROs la BCE a pris la décision d’abaisser les taux d’intérêts de 0,15% à 0,05%, permettant aux banques européennes de s’endetter presque gratuitement. Ce cadeau fait par Mario Draghi aux banques a pour finalité de relancer l’investissement en Europe et de facto l’activité économique donc la croissance. Ces plans TLTRO pourraient continuer jusqu’en Juin 2016 avec la mise à disposition de nouveaux prêts (jusqu’à 600 milliards d’euros), malgré le succès mitigé de ces mesures de relance.

 

Le 22 janvier 2015, la BCE décide de sortir le « bazooka », une arme anti-déflation : le Quantitative Easing (le QE) ou programme d’assouplissement quantitatif en français. Cette mesure consiste à racheter massivement des titres de dettes aux institutions financières de la zone euro à partir de mars 2015 à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Ce programme de QE va durer jusqu’au mois de septembre 2016 et permettre à la BCE d’acheter pour plus de 1000 milliards d’euros de titres au total, principalement auprès des banques. L’institut monétaire va acheter principalement des titres d’agences européennes, des obligations souveraines (emprunts des Etats) et des obligations sécurisées de certaines institutions financières. En parallèle et pour amplifier les effets du QE, Mario Draghi annonce une baisse du taux de facilité de dépôt car selon lui il « peut aussi faciliter la transmission dans l’économie du programme de rachats d’actifs, en faisant plus rapidement circuler les réserves des banques[vii] ». Au delà de l’objectif des 2% d’inflation, le QE permet également de rassurer les marchés financiers sur la capacité d’action de la BCE, d’assurer des coûts de financement bas aux Etats, d’augmenter l’attractivité des obligations d’entreprises et enfin d’augmenter la quantité de monnaie en circulation pour rendre l’euro plus attractif[viii].

Cependant cette nouvelle politique monétaire mise en place par la BCE ne plaît pas à tout le monde et plus particulièrement au président de la Bundesbank Jens Weidmann qui déclare : « Une telle politique s’apparente trop à du financement des déficits publics par la planche à billet [ix] ». En effet, les allemands sont sceptiques sur l’efficacité du QE et vont même plus loin en déclarant qu’il peut s’avérer dangereux. Selon eux, le QE peut agir comme une « drogue » sur certains Etats, les amenant à se détourner de la discipline budgétaire prônée par le gouvernement allemand depuis le début de la crise. Mr Draghi répond aux inquiétudes allemandes en déclarant que « la BCE agira toujours dans les limites de son mandat […] Cependant, il faut comprendre que pour remplir ce mandat, nous devons parfois aller au-delà des solutions habituelles de politique monétaire[x] ».

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Peut il sauver l’Europe ?

Super Mario a été propulsé à la tête de la BCE en 2011 car les responsables politiques de la zone euro voyaient en lui l’homme de la situation pour sortir la zone euro de la crise actuelle. C’était le candidat idéal : un économiste reconnu et un financier expérimenté. Il jouit également de nombreux soutiens politiques, y compris celui de Angela Merkel malgré les réserves que certains allemands ont par rapport à sa vision de la politique monétaire à mener dans la zone euro. Décrit comme un homme discret, voir réservé, par les gens qui le connaissent, il n’en demeure pas moins un fin politique qui sait asseoir son autorité et faire valoir ses idées. Olivier J. Blanchard, Directeur de la Recherche au FMI a déclaré à propos de Mario Draghi : « Il est pragmatique[xi]» ; très loin de la vision de quelqu’un de dogmatique que l’on peut avoir de lui.

 

Mario Draghi est également présenté par ses collaborateurs comme quelqu’un d’impassible et de ferme lorsqu’il s’agit de prendre une décision, comme en atteste Francesco Giavazzi (Professeur d’économie au MIT) qui l’a rencontré lorsque tous les deux travaillaient au Trésor Italien : « Pendant cette période, je ne dormais pas la nuit. Alors que tout le monde paniquait, lui restait impassible[xii] ». C’est quelqu’un de déterminé qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour sortir la zone euro de la crise qu’elle traverse. En effet, depuis sa prise de fonction, il n’a cessé de marteler à chaque prise de parole qu’il ferait tout ce qu’il faut pour sauver l’euro, même si cela implique d’intervenir aux marges de son mandat avec des politiques monétaires non orthodoxes. Mr Draghi est aussi quelqu’un de très influent et respecté, en témoigne la sensibilité des marchés à chacune de ses interventions qui analysent et décortiquent les différentes annonces qu’il fait tous les mois.

 

Néanmoins, Super Mario ne peut pas sauver l’Europe tout seul et ne se prive pas de le rappeler à chacune de ses interventions : « chaque pays doit mettre en place des réformes structurelles en interne pour que la politique monétaire soit optimale ». Par cette déclaration il renvoie l’ensemble des Etats de la zone euro à leurs responsabilités en les incitant à prendre les décisions qui s’imposent au niveau national pour soutenir la politique monétaire mise en place par la BCE. Mario Draghi est ainsi parfois perçu comme un « Père Fouettard » prêt à appliquer de « vraies » sanctions pour les pays de la zone euro qui ne tiennent pas leurs finances.

 

Après 4 années passées à la tête de la BCE l’ensemble des experts s’accordent à dire que son bilan est plutôt positif, Peter Vanden Houte, chef économiste chez ING Belgique déclarait il y a quelques mois : « C’est avec lui que la situation s’est améliorée. Il a calmé le jeu durant l’été 2012 en déclarant qu’il ferait tout pour sauver l’euro, au moment où on craignait que la Grèce et d’autres pays ne sortent de l’euro. Et le plus invraisemblable, c’est que c’était un discours non préparé ». D’autres économistes nuancent ce bilan positif en déclarant que le programme de rachat d’actifs lancé en 2015 par la BCE a été lancé trop tardivement et qu’il aurait fallu agir dès 2012.

Enfin, certains experts s’inquiètent de cette politique monétaire plus souple qui pourrait déboucher sur l’émergence d’une nouvelle bulle financière.

 

Mais Mario Draghi reste fidèle à la ligne de conduite qu’il s’est fixé concernant la politique monétaire à mener pour sauver l’euro : «Nous appliquerons le programme de rachats d’actifs en entier comme annoncé, et ce, jusqu’à ce que l’on constate un ajustement durable de la trajectoire de l’inflation[xiii] ». Même si l’avenir est toujours aussi incertain, une chose est sûre, la détermination de Mario Draghi à sauver la zone euro reste intacte.

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Dates clés :

  • 1947 : Naissance à Rome d’un père banquier (Carlo Draghi) et d’une mère pharmacienne (Gilda Mancini)
  • 1970 : Diplômé de l’université La Sapienza à Rome avec une licence en économie et commerce
  • 1976 : Il soutient sa thèse au MIT intitulée : « Essays on economic theory and applications » pour obtenir son Doctorat en économie sous la supervision de Robert Solow et Franco Modigliani
  • 1981 : Professeur à l’université de Turin et de Florence ainsi que à la prestigieuse université américaine de Harvard
  • 1984 : Il prend la responsabilité en tant que directeur exécutif pour la délégation italienne à la Banque Mondiale jusqu’en 1990
  • 1991 : Il est ensuite nommé Directeur Général du Trésor Italien à un moment crucial pour l’Italie car le pays est au bord de la faillite
  • 2002 : Il prend la décision de rejoindre la banque d’affaire américaine Goldman Sachs en tant que vice président de la branche européenne
  • 2006 : Mario Draghi est nommé Gouverneur de la Banque d’Italie par Silvio Berlusconi pour un mandat de 6 ans
  • 2011 : Il est nommé à la tête de la Banque Centrale Européenne et succède à Jean Claude Trichet en pleine crise de la dette souveraine

Louis Carré, étudiant à l’ESCP Europe et Contributeur du blog AlumnEye

Bibliographie

[i] http://dspace.mit.edu/handle/1721.1/54263
[ii] http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20120905trib000717938/six-choses-a-savoir-sur-mario-draghi-le-patron-de-la-bce.html
[iii] http://www.movisol.org/draghi2.htm
[iv] http://www.capital.fr/bourse/actualites/goldman-sachs-aurait-aide-la-grece-a-masquer-son-deficit-477900

[v]

http://www.goldmansachs.com/media-relations/press-releases/archived/2002/2002-01-28.html
[vi] http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/09/17/la-bce-lance-des-megas-prets-aux-banques-pour-relancer-l-economie_4488709_3234.html
[vii] http://www.lesechos.fr/monde/europe/021496222581-mario-draghi-la-bce-prete-a-degainer-pour-soutenir-linflation-1177056.php
[viii] http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/22/le-bazooka-monetaire-de-la-bce-passe-au-crible_4561760_3234.html
[ix] http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL8N13Z4U620151210
[x] http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20120829trib000716759/mario-draghi-monte-au-creneau-pour-defendre-la-politique-de-la-bce.html
[xi] http://www.nytimes.com/2011/10/30/business/mario-draghi-into-the-eye-of-europes-financial-storm.html?_r=3&ref=business&pagewanted=all%20
[xii] http://www.lepoint.fr/monde/super-mario-pour-sauver-l-euro-26-05-2011-1339376_24.php
[xiii] http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/15/m-draghi-admet-que-sa-politique-presente-des-risques_4633970_3234.html