Comme à son habitude, le Financial Times publie cette année son très attendu classement des masters en Finance. Très belle performance des Business Schools tricolores puisque le top 5 mondial est exclusivement constitué d’écoles françaises.

Le MSc in International Finance d’HEC Paris retrouve la 1ère place qui était occupée par l’EDHEC l’an dernier. Cette dernière perd deux places mais maintient sa position dans le top 3 mondial.

Les Masters en Finance de l’ESCP et de Skema gagnent chacun deux places tandis que l’ESSEC recule de deux places et ferme les portes de ce top 5. On notera également une belle performance de Grenoble École de Management qui gagne 5 places dans ce classement.

LA4Lire aussi : Pourquoi faire un Master Spécialisé Finance à HEC, ESSEC, ESCP ?

 

Le top 10 du classement 2018 du FT :

Source : Financial Times

Outre-manche, le constat est un peu plus amer : si l’Université d’Oxford se maintient à la 11ème place, Warwick Business School perd 4 places. Seule exception, Imperial College qui gagne 3 places et retrouve à nouveau le top 10.

On peut légitimement s’interroger sur la crédibilité d’un classement qui met le MIT 3 places derrière Skema. Une analyse des critères est donc indispensable.

LA4  Lire aussi : Les 10 critères de sélection pour un master en finance

 

Il est effectivement surprenant de voir certaines écoles devancer de très prestigieuses institutions comme le MIT ou Oxford.

Si l’on ajuste par exemple ce classement uniquement en fonction des salaires moyens à la sortie des programmes, le top 10 se voit significativement modifié.

Cette fois, on retrouvera le MIT en première position, suivi de près par HEC Paris. Seules les « 3 parisiennes » parviennent à se faire une place au sein de ce nouveau top 10 où la Bocconi, l’Université de Saint Gallen et Oxford refont leur apparition. Exit donc les Skema et autres anomalies.

LA4Lire aussi : Etudiant en école post-bac, il décroche un summer chez Barclays

Les critères du classement établis par le FT sont importants pour comprendre ces variations. Et chaque critère pourrait en réalité faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.

On peut tout d’abord identifier quelques points qui handicapent les écoles françaises :

  • En s’intéressant au ranking du service carrière des écoles, on remarque que peu d’étudiants français portent le leur dans leurs cœurs. Ainsi, des masters bien classés comme ceux de l’EDHEC ou de l’ESSEC se retrouvent hors du top 10 des meilleurs services carrières
  • Le critère de l’expérience internationale est lui aussi à relativiser. La possibilité d’effectuer un échange lors de son Master mérite-t-elle une pondération équivalente à l’employabilité ?
  • Le classement prend également en compte un certain nombre de critères dont l’importance est faite relative pour un candidat : le pourcentage de femmes dans le corps professoral, la durée du programme ou encore le pourcentage de professeurs titulaires d’un doctorat

Plus généralement, le classement sonde les promotions diplômées il y a 3 ans. Il est donc tourné vers le passé et ne prend pas en compte les innovations pédagogiques récentes.

Il est également possible d’expliquer l’hégémonie française dans le classement par plusieurs critères :

  • Le Master in Finance est un format académique européen, le Bachelor ou le MBA étant plus populaires outre-Atlantique
  • Le critère de la « value for money » qui rapporte les frais de scolarités des programmes sur leurs durées favorise de facto les établissements de l’Hexagone, moins onéreux que leurs contreparties anglo-saxonnes
  • L’excellence française dans le domaine financier peut aussi expliquer la mainmise des écoles tricolores : la technicité de leurs étudiants est très appréciée des recruteurs

LA4Lire aussi : Le Master in Finance de l’ESSEC, un bon investissement ?

À ce propos, on peut  s’étonner de l’absence des Masters de la LSE, de la London Business School ou même du Master 203 de l’Université Paris-Dauphine. Ces différents programmes, dont la réputation n’est plus à faire, placent pourtant leurs étudiants dans les institutions financières les plus prestigieuses. On comprend donc les critiques adressées à ce classement.

La réelle problématique sous-jacente à ce classement réside dans sa façon de juger de la valeur d’un Master. S’agit-il de la valeur d’une formation aux yeux d’un recruteur, d’un futur étudiant ou du directeur d’un programme ? Un classement pour qui ? Un classement pour quoi ?

En conclusion, il serait idiot de choisir son Master en Finance à partir du seul classement, sans en exclure les critères les plus aberrants ou inutiles. Bien souvent, le témoignage des Alumni d’un programme en dit bien davantage sur la réalité du placement des étudiants, la qualité des professeurs, l’ambiance de la promotion et la perception des recruteurs.