Avant de monter sa propre agence immobilière digitale, Stanislas de Dinechin a d’abord fait de la finance : Private Equity chez XAnge puis Bpifrance et Transaction Services chez Eight Advisory. Toutes ses expériences lui ont permis d’avoir le recul nécessaire pour se lancer dans l’entrepreneuriat et créer Hosman en 2017.

Stanislas nous explique dans cette interview en quoi consiste le Transaction Services, comment intégrer cet univers, et à quelles difficultés on fait face quand on devient entrepreneur.

 

Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

 

Diplômé du Master 225 de l’université Paris Dauphine, j’ai commencé ma carrière en finance en enchainant plusieurs postes : Private Equity Analyst chez XAnge puis Bpifrance, Transaction Services et restructuring chez Eight Advisory. Ensuite, je me suis lancé dans l’entreprenariat. Je suis parti travailler chez Jumia, l’« Amazon africain ». Je manageais des équipes sur le terrain dans plusieurs pays africains – Nigéria, Kenya, Sénégal – et au Pakistan. Puis, je suis passé Managing Director donc je dirigeais toute la partie East Africa de Jumia. Enfin, en 2017, j’ai créé ma propre entreprise immobilière, Hosman.

 

Pour bien comprendre, pouvez-vous nous expliquer le rôle d’une équipe de TS et le genre de missions sur lesquelles elle intervient ?

 

Au sens large, l’équipe de Transaction Services a pour objectif de donner du sens aux chiffres et aux métriques financières de leurs clients afin de les conseiller. Les clients sont des Corporate ou des fonds de Private Equity.

Il existe plusieurs branches dans le Transaction Services :

  • Le Transaction Services pur qui consiste à conseiller un client sur une opération d’acquisition ou de cession en rédigeant des due diligences i.e. des rapports sur les chiffres de l’entreprise target : buy side/vendor due diligence.
  • Le restructuring qui consiste à conseiller une entreprise en difficulté. Les métriques financières sont ici utilisées pour sauver l’entreprise. Le conseiller intervient comme un médecin urgentiste à un moment critique pour l’entreprise.
  • L’évaluation et la modélisation qui consistent à valoriser et pricer des entreprises.

Les consultants en Transaction Services peuvent également intervenir sur des missions ponctuelles comme l’identification des métriques d’une activité particulière d’une entreprise. Ces opérations interviennent lorsqu’une entreprise souhaite se séparer d’une seule activité seulement. Le Transaction Services est un métier très intéressant car il est non seulement lié à la finance mais également aux contraintes stratégiques et opérationnelles des entreprises pour donner du sens aux chiffres financiers.

 

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Il est généralement difficile de décrocher un stage en Transaction Services en 1ère partie de césure, comment expliquez-vous cela ? Quelles qualités recherche-t-on chez un candidat ?

 

La difficulté de trouver un stage en 1ère partie de césure est présente quel que soit le secteur choisi car le problème vient du fait que le candidat n’est pas opérationnel tout de suite et le former pour seulement 6 mois représente un gros investissement. Ainsi, il est toujours plus facile de décrocher un stage en 2ème partie car le candidat est formé.

Les qualités requises sont un bon esprit analytique et beaucoup de rigueur car on traite avec beaucoup de chiffres. Il faut être curieux et avoir envie d’apprendre car pour donner du sens aux chiffres il faut creuser de nombreux sujets. Le candidat doit également être très travailleur comme dans tous les métiers de la finance. Enfin, le plus est d’avoir un gros capital sympathie car on travaille beaucoup en équipe donc bien s’intégrer dans celle-ci est essentiel. Une des questions qu’un recruteur se pose face à un candidat est : est-ce que je me vois travailler avec ce gars-là ?

 

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En finance, vous avez fait du Private Equity et du Transaction Services. Pourquoi pas du M&A ?

 

Je n’ai pas choisi le M&A car je voulais donner du sens au métier que j’allais faire. En Private Equity, j’investissais dans des entreprises mais j’accompagnais également l’entrepreneur dans ses stratégies de croissance. De même, en Restructring, j’intervenais dans des phases critiques de l’entreprise pour la sauver. J’avais l’impression de créer plus de valeur en travaillant en PE ou en Restructuring qu’en M&A. De plus, je pense que le Transaction Services est plus pragmatique que le M&A ce qui m’a plus servi dans ma carrière d’entrepreneur.

 

Ensuite vous êtes parti chez Jumia, le « Amazon africain », quelles ont été les raisons de ce revirement de carrière ?

 

Il y en a plusieurs. Je faisais de la finance et du conseil pour me former mais je savais que je n’en ferais pas toute ma vie. J’ai toujours voulu devenir entrepreneur et chez Jumia, on est justement formé aux meilleures techniques de l’entrepreneuriat. De plus, j’aimais l’idée de partir dans un pays émergeant pour y créer des business. Cette expérience m’a permis de sortir des sentiers battus de Paris. Enfin je voulais plus créer que conseiller comme c’était le cas en finance. Derrière chaque entrepreneur se cache une envie de concret.

Vous avez beaucoup travaillé en Afrique, à Nairobi notamment, comment c’était ? Auriez-vous une anecdote à nous raconter ?

C’était absolument passionnant ! Il y a une énergie extraordinaire en Afrique du fait de ses perspectives de développement. Dans un pays développé, beaucoup de choses sont faites alors qu’en Afrique, beaucoup de choses sont à faire. Travailler en Afrique c’est avoir le sentiment d’être un pionnier de l’entrepreneuriat.

J’ai pleins d’anecdotes à vous raconter, en voici quelques-unes selon les pays dans lesquels j’ai travaillé. À Nairobi, au retour des beaux jours après une saison de pluie, j’ai retrouvé mon bureau envahi d’un nuage d’insectes. Au Nigéria, je me souviens être arrivé au bureau sans que personne ne soit là ; j’ai finalement compris qu’à cause de la saison des pluies, tout le monde était tombé malade de la malaria.  À Dakar, il ne pleut tellement jamais que dès que la pluie arrive, tout le monde se met à danser et à chanter.

 

Finalement vous avez décidé de vous lancer dans l’entreprenariat en créant Hosman, une start-up immobilière. Comment vous est venue cette idée ?

 

L’idée est venue assez simplement d’une expérience d’acheteur. En achetant mon bien immobilier, j’ai découvert à quel point les agences immobilières étaient chères alors qu’elles utilisent des techniques dépassées. Je voulais créer une entreprise, il me manquait juste l’idée. En 6 mois je suis passé de cette idée de révolutionner le monde immobilier à un business plan concret pour créer Hosman. L’immobilier est un univers à la fois challenging et sensé car on rend service aux personnes qui cherchent à acheter. Le besoin de se loger est un besoin fondamental.

 

De nombreux lecteurs de notre blog sont de jeunes actifs qui se posent la question de l’investissement immobilier, une étape importante dans une vie. Un conseil d’expert pour eux ?

 

L’investissement immobilier c’est juste une question de timing. Mon conseil serait d’investir le plus tôt possible. C’est d’autant plus intéressant que les taux sont très bas en ce moment donc les investisseurs peuvent bénéficier d’un effet de levier important.

Pour investir il faut :

  • Le faire le plus rapidement possible
  • Avoir du bon sens
  • S’endetter significativement pour avoir un effet de levier
  • Optimiser son rendement à la vente

Qu’est-ce qui vous manque le plus/le moins dans votre carrière en Transaction Services ?

 

Ce qui me manque le plus c’est l’esprit de corps et la bonne ambiance du cabinet de conseil en TS. Au contraire, ce qui me manque le moins c’est le peu de prise de responsabilité. Personnellement, je trouve que la reconnaissance sociale et les salaires émanant des métiers de la finance sont bien trop importants comparé à la réelle création de valeur de ces métiers.

 

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Avez-vous des conseils pour nos lecteurs souhaitant s’orienter vers une carrière en Transaction Services/Private Equity ?

 

Quel que soit le métier de la finance que l’on souhaite faire, l’étape préalable est de se préparer à fond afin de décrocher des entretiens et les réussir. Mon vrai conseil c’est d’oser. Il faut arrêter de se dire que nos chemins sont déjà tracés car ce n’est pas le cas, tout est possible, il faut seulement oser.

 

Ariane Guillaume, étudiante à l’EDHEC Business School et Responsable Editorial du blog AlumnEye