Un Magistère en finance, un master en économie quantitative, de multiples expériences en finance : la recette pour décrocher un Summer et un Graduate chez Goldman Sachs ? Issue d’un cursus universitaire qui ne la prédestinait pas à une carrière en finance, découvrez le récit du parcours d’une jeune Goldmanite.

 

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Je ne fais pas partie des personnes qui savent qu’elles veulent faire de la finance depuis toutes petites. J’ai commencé par une classe préparatoire à l’ENS Paris-Saclay ; ce sont les mathématiques qui me plaisaient le plus  et j’avais tendance à penser que la finance c’était principalement des mathématiques. Mais désormais je réalise que ce n’est pas du tout le cas. Ce qui m’a aussi attirée vers la finance c’est le lien permanent avec l’actualité : c’est quelque chose qui bouge sans cesse. J’avais déjà eu des cours d’analyse financière, et j’aimais beaucoup analyser des sociétés, comprendre comment améliorer la stratégie, la performance, etc. Je me suis donc lancée en finance en me disant que je n’allais pas m’ennuyer.

J’avais également envie d’être à Paris et ma classe préparatoire ne m’offrait pas la possibilité d’aller en école de commerce, sauf en passant par les admissions sur titre. D’autant plus que je n’avais pas particulièrement envie d’intégrer une école de commerce : j’avais choisi cette classe préparatoire parce que je voulais Normale Sup’ et rien d’autre. Mais en fin de deuxième année j’ai réalisé que je ne voulais pas faire de la recherche, que cela ne me ressemblait pas du tout. Si j’avais été admise, la question se serait sûrement posée, mais cela n’a pas été le cas et j’en suis venue à m’intéresser aux magistères parce qu’on nous les vendait beaucoup en classe préparatoire. Celui qui m’attirait le plus, car il semblait très dynamique et lié à l’actualité, c’était celui sur la finance. Je me suis alors retrouvée en Magistère en finance et je me suis rendu compte que je ne connaissais rien à la finance ; il a donc fallu apprendre sur le tas.

 

En dépit d’expériences valorisantes et de ton Magistère en finance, tu décides de faire un master en économie. Qu’est-ce qui a motivé ton choix ? Est-ce que tu estimais qu’il te manquait quelque chose ?

Photo prise au pied des marches du CapitoleJ’ai conclu mon année de césure avec un stage dans un fonds d’investissement, et c’est alors que j’ai compris que je voulais faire de l’investissement. J’ai l’impression qu’en finance la formation reste très technique, il me manquait une vue d’ensemble. Je voulais prendre du recul sur ce qui se passait réellement dans le monde et faire des parallèles entre l’économie, la finance, etc. Sachant qu’à terme j’avais envie de travailler en investissement, j’ai décidé d’ajouter une corde à mon arc et d’aiguiser mes compétences et ma connaissance du monde économique actuel.

Je cherchais donc un master et j’ai trouvé celui-ci. Il m’avait l’air assez challengeant et en effet il exigeait la même rigueur qu’en classe préparatoire. Ce master était un peu plus lié à la recherche : la plupart des étudiants l’ayant obtenu travaillent désormais à Bercy ou bien rédigent leur thèse. Grâce à ce master j’ai l’impression de prendre plus de hauteur, de ne pas uniquement faire des DCF et je comprends non seulement ce qui se passe en finance mais aussi en économie. Ce n’est pas du tout un impératif pour rentrer dans une grosse banque ; si certaines personnes veulent aller plus vite elles n’ont pas besoin de passer par cette étape. Mais aujourd’hui je suis contente de l’avoir fait.

LA4Lire aussi : Conseils pour réussir un virtual Summer Intership

 

Et ça ne t’a pas donné envie de faire de la Research ?

Oui j’y avais pensé, mais après avoir postulé à des offres en finance, j’ai seulement été recontactée par des gens en M&A ou en IB. J’ai donc fini par me dire que si on me voulait dans ces domaines c’était peut-être pour une bonne raison. Avec du recul, je réalise que toutes ces expériences en M&A et en investissement early stage n’ont pas été vaines parce qu’elle m’ont permis de savoir ce qui m’intéresse le plus. Pour des gens qui veulent travailler en Research, ce master pourrait convenir ; il faut prendre une petite spécialisation en finance également mais ça peut se faire.

 

Sur le plan professionnel tu as mutiplié les expériences en finance : M&A, Private Equity, Venture Capital. Voulais-tu découvrir un maximum de branches en finance pour renforcer ton profil ou étais-tu plutôt à la recherche du secteur dans lequel tu voudrais faire carrière ?

Comme beaucoup de gens, je voulais avoir mon stage en M&A parce qu’on me répétait que c’était le mieux à faire. Après ça je me suis un peu cherchée, car en M&A tu consacres ta vie à ton travail et tu n’es pas toujours entouré de personnes très sympathiques. Je savais que ce qui m’intéressait c’était l’analyse de sociétés, le fait de travailler sur des secteurs différents. Je voulais découvrir différents métiers pour trouver celui qui me correspondrait le mieux et celui dans lequel je serais la plus heureuse. Après mon année de césure, je savais que je pouvais travailler en M&A, mais ce n’était pas un secteur dans lequel je me serais épanouie. Ce n’était pas mon premier choix, alors j’ai décidé d’avoir d’autres expériences et un peu de temps pour qu’à terme je puisse me dire que si finalement je décidais de faire du M&A, je saurais que je finis à 4h du matin pour une bonne raison. Toutes ces expériences m’ont surtout permis de me laisser le temps de découvrir ce qui m’intéresse, de mûrir et d’acquérir de l’expérience en même temps.

 

Tu as commencé par du M&A ; considères-tu que c’est ce qui t’a permis de décrocher tes autres stages ?

J’ai fait mon tout premier stage, en L3, dans les risques, donc ça ne m’a pas ouvert beaucoup de portes. Par contre, il est certain que mon stage en M&A m’en a ouvertes. De manière générale, quand on décroche un stage en M&A tout est plus simple par la suite.

 

Après toutes ces expériences tu décides d’intégrer le Summer de Goldman Sachs ? Pourquoi ne pas directement avoir postulé à un CDI en Investment Banking ?

Photo prise derrière le comptoir d'un bar plein (noir & blanc)C’était ma grande question : est-ce que je devais postuler en Summer ou en Graduate ? Et en allant à des events je me suis retrouvée face à des gens qui me disaient qu’ils n’avaient aucune place ouverte en Graduate et que mon CV ne pourrait pas passer, non pas parce qu’il était mauvais mais parce qu’il n’y avait pas assez de places. Finalement, j’ai un peu fait les deux. Pour Goldman Sachs j’avais déjà postulé en Graduate après être allée à l’event des Graduate et une équipe voulait me rencontrer. Cet évènement a eu lieu en août et ils ont fait finir le Summer à la fin du mois d’août. À la mi-septembre ils faisaient les tables-rondes pour savoir qui ils décidaient de garder et tous les postes étaient pourvus, sauf en FIG, secteur que je n’avais jamais fréquenté auparavant et qui ne m’intéressait pas plus que ça. Ensuite je suis restée en contact avec ces personnes que j’avais rencontrées lors des évènements : des Associate, des VP de chez Goldman Sachs, etc. Et il y en a un qui m’a conseillé de postuler en Summer. C’est pour ça que j’ai postulé un peu tard, à la fin du mois de septembre environ. Mon profil a été retenu, j’ai passé les entretiens et j’ai été prise. Sans ce contact je n’aurais jamais postulé en Summer. Ayant déjà postulé en Graduate, je pensais que ce n’était pas possible mais finalement les RH ont été assez conciliants.

 

Cette année le Summer était un Virtual Summer, tout s’est donc fait en télétravail ; quel a été ton ressenti ?

Au début ce n’était pas évident parce que Goldman Sachs est une énorme structure et on a peu d’informations en amont. Ces informations arrivent, mais assez tard, environ deux mois avant le début du Summer donc c’est assez stressant car on a le temps de se poser des questions sur la tenue effective du Summer en dépit du contexte. Il demeure que tout était très bien organisé. En tenant compte du fait que j’avais fait du télétravail lorsque je travaillais dans le fonds VC, j’y étais déjà habituée et ce n’était pas quelque chose de stressant pour moi. Il y a également une excellente communication en interne.

L’IB se divise en deux parties : le M&A et le Financing, chaque responsable contacte ses équipes. J’étais en Financing Equity et ma responsable a appelé tous les Summer interns pour qu’on puisse se présenter, être plus détendu, etc. Deux ou trois semaines avant le début du Summer, ils ont fait en sorte que tout le monde se rencontre, qu’on ait les informations. Il y a aussi un système de buddy : on nous a affecté à chacun un contact privilégié au sein de notre équipe quelques semaines avant, donc je l’avais déjà eu au téléphone. Les gens sont opérationnels pour travailler avec les nouvelles recrues et ils leur font sentir qu’elles sont une partie intégrante de l’équipe. Il y a ensuite une semaine de formation durant laquelle on consacre nos journées entières aux formations, à faire des exercices en groupe, et le soir on a un peu le temps pour networker avec les autres Summer interns.
Dans mon groupe, on a essayé de bien se connaître dès la première semaine et de prévoir des appels avec les gens de notre équipe avec lesquels on n’entrerait en contact seulement une semaine plus tard. J’ai trouvé la première semaine vraiment cool, il n’y a eu aucun couac, on aurait dit qu’ils étaient déjà rodés. Ils ont aussi mis en place des office hours : des VP s’étaient portés volontaires pour donner dix minutes de leur temps par Summer intern et par semaine, pour nous appeler et nous écouter. Sur deux heures d’office hours, on décidait de prendre un stock de 10 minutes avec l’un des trois professionnels de Goldman Sachs, et on leur posait souvent des questions techniques. C’était top, ça nous permettait de discuter avec des anciens et il y avait le même système avec les RH mais c’était plus détendu avec eux, on posait des questions plus légères.

On avait également un mentor, c’est-à-dire un senior avec qui on avait la liberté de déterminer la fréquence de nos discussions. J’ai eu la chance d’avoir un excellent mentor ; on passait une heure par semaine à s’appeler. En résumé, ils ont mis en place un tas de choses qui nous ont permis de ne jamais nous ennuyer. Par la suite, nous avons été affectés à des desks ; je ne sais pas comment ça se passait en présentiel mais en virtuel, bien qu’on soit censés travailler toute la journée, on avait aussi beaucoup de conférences, de discussions avec d’autres équipes qui venaient se présenter avec d’autres interns. Ça finissait par nous prendre 4/5 heures dans la journée, donc ça devenait plutôt difficile de faire son travail. D’autant plus que parallèlement à cela, il faut networker au maximum et là c’est à chacun d’envoyer des mails, appeler des gens, poser des questions intelligentes, etc. C’est assez intense et ça durait cinq semaines, donc il ne fallait jamais s’arrêter. Voilà pour une vue d’ensemble.

Ensuite, au sein de mon équipe, j’ai trouvé que leurs attentes étaient moins élevées que pour un stage de six mois à Paris dans lequel on attend du stagiaire un vrai travail d’analyste. Pour un Summer, je ne sais pas vraiment ce qu’on attend. En l’occurrence dans mon équipe, la dernière semaine j’ai eu un entretien avec un MD alors que je lui parlais depuis le début de mon Summer. Il m’a fait passer un entretien semblable à un entretien d’embauche, avec des brainteasers, etc. C’était un peu sorti de nulle part, ça m’a surprise mais il faut s’y attendre. Après, j’ai eu deux exercices de modeling à faire et deux présentations à réaliser devant toute mon équipe. Dans la première je devais parler de quelque chose qui me passionnait en faisant un PowerPoint, l’objectif étant d’évaluer mon aptitude à vendre quelque chose. Pour la seconde, je devais faire une thèse d’investissement en expliquant pourquoi ce serait intéressant d’investir dans une société que je devais choisir ; j’ai choisi une société privée parce que mon équipe travaillait sur le conseil pour des levées de fonds de sociétés privées. Il fallait tout faire du début à la fin, comme un info-mémo mais seul, sur une boîte privée, et ensuite le présenter pendant 45 minutes devant toute l’équipe. Le travail quotidien était raisonnable, mais il y avait beaucoup de projets annexes à construire en autonomie et à présenter devant l’équipe, tout en sachant que c’est sur cette base qu’ils détermineront s’ils vont te garder ou pas. C’était assez stimulant ! Après, encore une fois, cela ne concernait que mon équipe ; je sais qu’en ECM ou en M&A ils n’ont pas du tout eu de tels projets par exemple.

 

 

    LES SECRETS DU RECRUTEMENT EN FINANCE

Obtiens gratuitement 30 min de vidéo pour comprendre comment faire la différence sur des milliers de candidats.

 

En plus d’être une excellente expérience, un Summer c’est l’opportunité de faire du networking. Comment s’y prendre en remote ? D’autant qu’avec tous ces autres projets, cela doit être difficile de trouver le temps de s’y consacrer.

Premièrement, je saisissais toutes les opportunités tendues par Goldman Sachs. Par exemple, dès que je pouvais discuter avec mon mentor je le faisais et je lui demandais s’il ne connaissait pas des gens avec qui je pourrais discuter. Mais il a quand même fallu que je détermine une stratégie pour le networking : j’étais en IB, je connaissais le côté M&A, j’étais intéressée par la Tech donc je networkais au sein du M&A Tech ; je connaissais moins le côté Financing donc j’avais envie de rencontrer toutes les équipes, avec un objectif d’au moins une personne par équipe. Ensuite, dès que je parlais à quelqu’un, je lui expliquais ma stratégie pour qu’éventuellement il puisse me transmettre des contacts dans les autres équipes. Lorsque quelqu’un de Goldman Sachs envoie un mail en guise d’introduction, ça aide énormément. Les premières personnes avec qui j’ai parlé étaient d’abord mes mentors, les office hours, les membres de mon équipe ; il y avait aussi tous les groupes présents chez Goldman Sachs, comme Women network, le groupe LGBT, etc. Le groupe LGBT était très bien fait pour le networking : on t’attribuait un buddy dès ton arrivée.

En fait, dès que je pouvais intégrer un groupe, rencontrer des gens, je le faisais. Ça permet de s’ouvrir plein de portes, de rencontrer d’autres personnes. Certes, ça passe par mail et on se retrouve à devoir préparer des coffee chats sur Zoom mais tout le monde est habitué à faire ça, personne ne s’étonne de recevoir un message de la part d’un intern qui demande si c’est possible de discuter à propos de son travail. Depuis qu’ils sont en télétravail, les employés de Goldman Sachs font déjà des coffee chats. Voilà ce qu’était ma stratégie, je tenais aussi un Excel pour faire les comptes de ceux qui ne m’avaient pas répondu pour pouvoir éventuellement les relancer. Je m’obligeais chaque jour à envoyer des mails, à faire des coffee chats, parce que ça passe très vite donc on peut facilement se retrouver à la quatrième ou la cinquième semaine sans avoir parlé à beaucoup de personnes. Je n’avais pas peur de dire à ma responsable en Equity Financing que je n’avais pas pu parler à telle équipe, en lui demandant si elle ne connaissait pas des gens susceptibles de m’introduire. Le networking a été la partie la plus fatigante de mon Summer !

 

Comment t’es-tu préparée (mentalement et sur le plan logistique) en amont du Summer ?

Je connaissais quelques personnes chez Goldman Sachs donc je les ai contactées pour savoir si je devais me préparer pour le côté technique, et la réponse a été unanime : « Ne t’embête pas, tu vas tout revoir dès la première semaine ». Et c’était vrai. J’ai surtout préparé ma stratégie de gestion de temps et de networking. J’ai cherché à savoir comment avoir une offre en demandant à d’autres personnes qui l’avaient obtenue. J’ai discuté avec la responsable des alumni d’HEC à Londres car elle avait été en contact avec les RH de nombreuses banques, dont Goldman Sachs, qui lui ont expliqué comment les Summer allaient se dérouler, et elle m’a donné des conseils sur ma préparation. J’ai discuté avec des gens qui en savaient plus que moi sur le déroulé d’un Summer, et particulièrement d’un Virtual Summer. J’avais besoin de savoir comment ça allait se passer, comment je devais me positionner. Dès que j’ai pu, j’ai contacté mon équipe pour être plus à l’aise avec eux et pour leur montrer que j’étais là. Ce qui était plus délicat, c’est qu’au début du Summer mon équipe n’avait pas réalisé que ça ne durait que cinq semaines donc ils mettaient du temps à répondre; j’ai donc dû insister en leur expliquant que je n’étais pas là pour longtemps.

 

Penses-tu qu’il serait possible qu’à terme les Virtual Summer deviennent la norme ?

Je ne pense pas. Tout le monde était vraiment déçu, surtout les équipes qui auraient préféré rencontrer les gens en personne. Pendant mon Summer, mon équipe m’a même proposé de venir les voir à Londres. C’est tellement court qu’ils ont besoin de rencontrer la personne pour savoir s’ils peuvent lui faire confiance. Et le gros manque des Summer internships en télétravail est, bien sûr, le déficit de communication entre interns. On était tout le temps à fond, on travaillait principalement avec d’autres personnes donc on n’avait pas le temps de nouer des liens entre nous. C’était vraiment dommage et les RH s’en sont rendu compte et ont essayé de trouver des moyens pour qu’on puisse se rencontrer. À vrai dire, j’ai parlé avec trois personnes mais ce n’est pas possible de discuter avec tous les interns, on n’a pas le temps. C’est le point négatif de ce Virtual Summer. À Goldman Sachs ils sont beaucoup portés sur le côté promo, ils veulent que tout le monde s’entende bien, qu’il y ait un vrai esprit d’équipe au sein des promotions. Ça les a beaucoup dérangés donc je suis presque sûre que ça ne deviendra jamais la norme, sauf peut-être avec un COVID qui s’éternise mais tout le monde était dépité.

 

Chez AlumnEye, on a eu l’occasion d’interroger un autre étudiant qui a fait son Summer en télétravail chez Citi, et il nous a expliqué qu’ils avaient un groupe WhatsApp entre interns et que ça avait tout de même permis de créer un lien. Il avait également rencontré tous les Français de sa promo en amont du Summer. As-tu également connu de tels groupes ou évènements ?

En effet, il y avait beaucoup de groupes WhatsApp dont certains avaient été créés par les anciens Spring. Il y en avait pour tous les Summers, pour ceux en IB, et au sein de ces derniers il y en avait pour ceux en Financing. On en avait aussi créé un pour les Français et les francophones. C’était très bien, on s’entraidait énormément même sans se connaître. On n’était pas du tout seuls car on communiquait beaucoup entre nous, mais c’était plus difficile de nouer de vraies relations. La première semaine on a essayé de tous se contacter un à un afin de sympathiser ; certains se sont rencontrés à Londres. Certains étaient à Paris, d’autres en Norvège. On a quand beaucoup essayé de créer un lien mais on n’avait pas le temps.

LA4Lire aussi : De PSB à Citi, itinéraire peu commun d’un étudiant déterminé

Ça ressemble beaucoup au networking que tu devais déjà faire au sein de ton équipe et auprès des membres de Goldman Sachs. Pendant un Virtual Summer, le networking entre interns ne devient-il pas une charge de travail supplémentaire ?

En effet. J’imagine qu’en temps normal on se retrouve tous au même endroit pour des cocktails ou autre ; il suffit de discuter, de plaisanter et on sympathise. Là, il fallait organiser des appels et se poser des questions sur notre parcours, etc. Finalement, ça ressemble plus à un entretien.

 

Malgré ce contexte particulier, tu as reçu une offre de Graduate. Comment t’y es-tu prise pour te démarquer ? Tu l’as déjà un peu expliqué mais est-ce que le networking a vraiment été déterminant ?

Je ne sais pas trop, je ne pense pas que tout soit dû au networking. Premièrement, on m’a expliqué qu’il fallait me positionner comme quelqu’un qui voulait une offre. Il y a 20 personnes, parmi elles des Anglais et des internationaux qui sont dans leur première année d’études et qui veulent Goldman Sachs parce que c’est un super nom mais qui n’ont jamais fait de finance ou qui ne sont pas sûrs que ça leur plaise. Il faut vraiment montrer que toi, tu es là parce que tu sais ce que tu veux et que si tu avais pu tu ne serais pas passé par le Summer mais tu aurais directement cherché à obtenir l’offre. Dès qu’on te demande un travail, il faut rendre quelque chose d’excellent ; bien sûr ça ne peut pas toujours être parfait mais il faut faire au mieux. Il faut toujours montrer que tu es là, que tu es prêt à tout donner. Il faut beaucoup communiquer, ne pas avoir peur de demander aux autres s’ils ont besoin d’aide ; j’ai même directement contacté une VP pour lui proposer mon aide. Il faut essayer de travailler avec un maximum de personnes. Je ne savais pas que j’allais avoir un travail de modeling à faire, ça s’est fait très vite. Par conséquent, avant ça j’étais un peu stressée parce que j’avais le sentiment de ne pas avoir montré ce que je savais faire, alors j’ai demandé des travaux à faire pour montrer que j’étais un bon élément pour l’équipe. En bref, il faut montrer que tu es prêt à en faire toujours plus pour atteindre tes objectifs.

À la fin, ce que j’ai beaucoup fait aussi, c’est me concentrer sur les gens qui pouvaient être influents. Je ne me suis pas contentée de contacter mon équipe mais je suis allée jusqu’à ceux qui dirigent l’Equity Financing. Je voulais tenter de les appeler pour faire en sorte qu’ils sachent qui j’étais. Même si au moment des délibérations, ce sont les MD qui décident, c’est toujours mieux si tu as également discuté avec des gens plus haut placés. Enfin, étant donné qu’il n’était pas toujours simple de communiquer avec mes MD, j’ai décidé que tous les vendredis soirs je leur enverrai un mail pour leur expliquer ce que j’avais fait dans la semaine, les projets sur lesquels j’avais travaillé et avec quelles personnes j’avais pu networker. Si tu ne leur dis pas, ils ne vont pas forcément aller chercher cette information et je ne voulais pas qu’on ne sache pas ce que je faisais. Avec du recul, je pense que c’est vraiment tout ça qui m’a permis d’obtenir l’offre.

 

Cindy Loggins, la directrice du recrutement universitaire chez eBay, a affirmé que le format « à distance » des Summer a permis aux candidats de se sentir plus libres et confiants, et ainsi plus aptes à former une communauté. Qu’en penses-tu vis-à-vis de ta propre expérience ?

Peut-être que j’étais un peu plus confiante. Quand on est chez soi on est plus tranquille ; par exemple, on peut corriger un mail en allant sur Google Traduction alors qu’au bureau on ne l’aurait jamais fait, de peur d’être la risée des collègues. En revanche, on évolue dans un contexte d’incertitude constante car on ne sait pas comment va se passer un stage en télétravail. Je ne suis pas d’accord sur le fait que ce soit un environnement dans lequel on se sent particulièrement bien. Certes, il y a des points positifs : on peut faire des petites bourdes et ne pas avoir à sourire constamment. Et concernant les projets, on n’a pas besoin de cacher son stress. A contrario, la communication est beaucoup plus difficile, tout est beaucoup plus long et tu ne te sens pas partie intégrante d’une équipe.

 

D’une manière générale, que retiens-tu de ce Virtual Summer ? As-tu réellement pu découvrir le monde de la finance à Londres et la culture d’entreprise de Goldman Sachs ?

Photo de Canary Wharf prise de nuitComplètement ! Ils ont organisé une multitude de conférences, de discussions, pour présenter la culture d’entreprise et la faire découvrir aux interns. Je me souviens très bien de personnes haut placées qui voulaient à tout prix m’expliquer pourquoi Goldman Sachs était vraiment bien. Je ressors de ce Summer en comprenant bien les valeurs de Goldman Sachs et ce que ça pourrait m’apporter. Parfois ça m’a même fait rire ; par exemple, durant mon dernier call avec une personne haut placée, elle m’a dit : « Il ne nous reste plus que 30 minutes, il faut que je te vende Goldman Sachs ! ». Ils sont à fond dans la culture d’entreprise, je pense que c’était une de leurs priorités. Concernant la finance à Londres, je dirais que j’ai pu la découvrir également. On travaille avec des gens au quotidien, et même si j’avais déjà travaillé à Londres, c’est quelque chose qu’on ressent.

Pour revenir sur la culture d’entreprise, il faut vraiment comprendre que chez Goldman Sachs on est à un niveau incomparable avec la France. En France, dès qu’on peut trouver un meilleur emploi on le fait, alors que pour les Américains leur emploi c’est leur vie ! Ça se ressent beaucoup chez Goldman Sachs et dans tout ce qu’ils mettent en œuvre pour qu’on se sente comme au sein d’une famille. D’ailleurs mon buddy m’a raconté n’avoir pas ressenti la culture d’entreprise lorsqu’il travaillait chez Bank of America, avant d’arriver chez Goldman Sachs. Il cherchait un support au sein de son travail pour l’aider sur certains points personnels, notamment grâce aux groupes LGBT, et il ne l’a pas vraiment trouvé là-bas. Et lorsqu’il est arrivé chez Goldman Sachs, il a été extrêmement surpris de voir un drapeau LGBT dans le bureau de certains. Il considère que Goldman Sachs l’a aidé sur le plan personnel, et sachant qu’il n’avait pas tendance à enjoliver les choses, j’estime que la culture d’entreprise et le sentiment d’appartenance au sein d’une boîte existent. Toutes les banques disent la même chose, mais ça reflète un petit peu l’ambiance chez Goldman Sachs, leurs employés se voyant même attribuer le surnom de « Goldmanites ».

LA4Lire aussi : Conseils Summer Intership et Offcycle : 8 clés pour décrocher son offre

 

Pour finir, que conseillerais-tu à un étudiant pour décrocher un Summer, et ensuite un Graduate ?

Pour décrocher un Summer il faut d’abord avoir les bonnes écoles sur le CV ; il faut reconnaître que ça aide, même si la formation AlumnEye permet de dépasser cette barrière. Il faut aussi participer aux évènements, c’est important. Sans cela, je n’aurais pas rencontré la personne qui m’a conseillé de postuler aux Summer. Et pour le Graduate, je dirais qu’il faut avoir une bonne stratégie, être très bien organisé, bien travailler et s’intéresser à tout. Il faut être extrêmement curieux, poser des questions, rencontrer des gens. Je me suis dit que j’aurais l’offre uniquement en faisant le maximum en cinq semaines, autant sur le côté professionnel que sur le côté personnel et le networking. Ils n’exigent pas de gens parfaits sur le plan technique ; je connais deux personnes qui ont reçu l’offre sans beaucoup d’expérience en finance, dont une qui est arrivée en ECM sans connaître du tout et en ayant dû faire des présentations. Je pense que ce qui a été déterminant, c’est qu’elle a persévéré, elle a beaucoup networké et finalement elle a eu l’offre. C’est une sorte de stratégie pour parvenir à faire le maximum pendant le peu de temps que nous avons.

 

Sam M’TAR, étudiant à Grenoble École de Management et responsable éditorial du blog AlumnEye