Une fois diplômé de l’ESSEC, c’est au sein d’une entreprise britannique de services financiers du nom de Marex que Thibaut Ducheix a choisi de faire carrière en tant qu’Equity Derivatives Trader. Dans cette interview, il délivre de précieux conseils pour ceux qui souhaitent s’orienter en finance de marché, que ce soit sur les qualités ou l’état d’esprit recherchés chez un candidat.

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

Après un bac scientifique, j’ai opté pour une licence de mathématiques à l’UPEC, pour poursuivre avec le Master de mathématiques appliquées à l’économie et à la finance de la Sorbonne (le MAEF). J’ai ensuite fait une année de césure durant laquelle j’ai fait deux stages. Un premier chez Exoe (qui est une table d’externalisation des ordres) en tant qu’assistant sales-trader et un second chez Advenis, qui est un fonds d’investissement. J’ai conclu mon cursus d’étudiant avec le Master Techniques Financières de l’ESSEC à la suite duquel j’ai fait mon stage de fin d’études en Equity Derivatives trading (plus précisément Index options market-making) chez Marex. J’ai eu la chance d’avoir une offre en temps plein à son issue et je travaille chez eux depuis.

Qu’est-ce que ta journée type concrètement ?

J’arrive au bureau vers 8h15 et tout commence par un café bien corsé ! J’allume ensuite mes systèmes et réfléchis à quelques idées ou axes d’amélioration de mon book avant l’ouverture du marché à 9h00. Une fois que le marché est ouvert, et tout au long de la journée, je vais avoir trois activités principales :

  • La première va être de checker les marchés, faire des prix et traiter avec l’ensemble des brokers (qui récupèrent les flux des desks de volatilité des banques et des fonds) de manière à réaliser des arbitrages.
  • La seconde, qui va en réalité de pair avec la première, est de contrôler et gérer les risques du book, vérifier que tout est comme je le souhaite et faire les ajustements nécessaires si besoin.
  • La troisième est l’étude de l’ensemble des paramètres de ma nappe de volatilité qui me conduit à prendre des positions directionnelles si j’ai le sentiment qu’il y a une opportunité à saisir. Concrètement je traite des options (famille de produits dérivés) : ces options ont toutes une volatilité qui correspond aux paris pris sur leurs valeurs futures. La nappe de volatilité représente l’ensemble des volatilités de mes options et c’est cela que je vais étudier pour prendre des décisions.

Il y a aussi, mais de manière plus ponctuelle, des meetings avec les équipes IT et trading pour discuter des améliorations possibles des automates de trading, du modèle et de nouvelles stratégies de trading.

A 17h30, coup de sifflet final, on vérifie que tout est ok avec le back/middle office et direction la table de ping-pong pour un moment de détente.

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Est-ce que ton travail et tes missions ont évolué entre le début de ta carrière et maintenant ?

Oui et non. Dans un sens, on demande la même chose à l’ensemble des traders : être capable de faire de l’argent en ayant une gestion des risques irréprochable. Mais évidemment, après 4-5 ans d’expérience, on attend de toi une analyse bien plus fine, des idées plus avancées, une participation avec les managers au développement de l’activité de trading (de nouveaux marchés à ouvrir, de nouvelles stratégies à mettre en place etc…).

Par la suite tu peux être amené à gérer un desk et diriger des équipes, mais globalement, je dirais que la structure hiérarchique d’une salle de marché est assez horizontale. En gagnant en séniorité tu as plus de responsabilités, des limites de risque plus importantes et des marchés plus gros mais ton travail n’est pas complètement différent du junior qui n’a qu’un an d’expérience.

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Quelles sont les qualités et les expériences recherchées pour être Trader ?

Avoir une expérience des produits traités par le desk que tu vises est évidement un plus mais c’est, de mon point de vue, loin d’être une condition suffisante. Car si la connaissance d’un produit te confère un avantage certain sur tes débuts, n’importe qui aura le même niveau de connaissance que toi après quelques semaines passées sur le desk. En revanche, la rigueur, une grosse capacité de travail, la vivacité d’esprit, la curiosité et l’honnêteté intellectuelle sont des compétences bien plus dures à acquérir et donc bien plus importantes.

Pour ce qui est des expériences, toutes celles en front office – quant, trading, structuration et – sales sont très valorisées.

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Quels conseils aurais-tu aimé entendre quand tu étais encore étudiant ?

Tout d’abord, il faut toujours demander des explications lorsque tu ne comprends pas. C’est très important de ne pas laisser filer les choses et avoir de bonnes bases. Ensuite il faut être curieux, très curieux : c’est une qualité très appréciée dans l’univers professionnel.

Enfin je pense qu’il faut discuter avec un maximum de personnes, de professionnels du milieu. Surtout ne pas avoir peur de déranger les gens en leur demandant ce qu’ils font et comment ils appliquent leurs missions : n’oublie pas que les gens adorent parler d’eux.

Anthony SULIO, étudiant à l’Université Paris-Dauphine et responsable éditorial du blog AlumnEye