C’est une interview inédite que nous vous proposons. Vous utilisez sans doute l’application Bankin dans votre quotidien mais qui se cache derrière ? Nous vous proposons le portrait de Joan BURKOVIC, fondateur de cette startup incontournable de la fintech. Une interview qui met en lumière cet entrepreneur unique. L’occasion de découvrir son parcours riche en enseignements, et son analyse de l’univers des fintechs.

Pour commencer, la rumeur dit qu’AlumnEye et Bankin étaient voisins dans les couloirs de l’incubateur de l’ESSEC, c’est vrai ?

Oui c’est véridique. J’y ai rencontré Mike et aujourd’hui nous vivons la même aventure, c’est toujours agréable de suivre nos évolutions et de prendre des nouvelles.

 

Quel est votre parcours ?

Mon parcours scolaire commence par un BAC Scientifique à Chantilly, ville dans laquelle j’ai grandi, puis j’ai poursuivi mes études à HEC Lausanne (ayant la double nationalité franco-suisse) pendant deux ans et à HEC Montréal une année. Cependant, après ces trois ans en école j’ai décidé de me consacrer à ma passion, la musique. En 2008, j’ai décidé de reprendre les études en passant le concours des admissions parallèles, grâce auquel j’ai intégré l’ESSEC. Pendant ma scolarité j’ai créé « Plaidessec », le concours d’éloquence de l’ESSEC, qui a d’ailleurs toujours lieu. Mais c’est durant un cours de chinois que j’ai rencontré Robin Dauzon avec qui j’ai créé Bankin. On avait tous les deux des compétences complémentaires puisque lui était ingénieur en informatique après des études à EPITA. Notre première création fût « Ebay Sniper », il s’agissait d’un logiciel sur Ebay qui posait une enchère à la dernière seconde si le prix maximum qu’on s’était fixé n’était pas atteint. Ce premier projet nous a permis de récolter une petite mise de départ pour notre second projet, Bankin. Nous avons créé Bankin à partir d’un constat personnel : en tant qu’étudiants on a toujours eu du mal à gérer notre argent donc nous nous sommes naturellement tournés vers cette problématique de la gestion d’argent.

Bankin c’est quoi ? Quelques chiffres à partager sur l’application ?

A la création de Bankin en 2011, nous nous sommes fixés une mission : simplifier la gestion d’argent. A l’époque, nous étions quasiment la seule application permettant de consulter ses comptes bancaires directement sur son smartphone, et ce, bien avant la plupart des banques. Au lancement de notre projet on nous répondait qu’il n’allait pas fonctionner, que personne ne téléchargerait l’application mais ce fût un vrai succès, nous avons eu des milliers de téléchargements.
Aujourd’hui nous avons 2 millions d’utilisateurs répartis en France, Allemagne, Espagne et Angleterre et plus de 350 banques compatibles avec l’application. Nous sommes devenus l’application leader de la gestion d’argent grâce à notre équipe de 40 personnes qui réalise un travail remarquable.

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Quels sont vos enjeux du moment ?

Continuer notre mission de base, c’est-à-dire aider les gens à gérer leur argent. Pour cela nous développons de nouvelles fonctionnalités à notre application comme la dernière qui permet d’effectuer des virements. Mais on se tourne également vers le conseil, nous créons un coach virtuel pour aider nos clients à gérer leur argent. Par exemple, le coach virtuel conseille d’effectuer des virements entre comptes afin d’éviter des découverts. On souhaite continuer sur notre idée de départ, c’est-à-dire rendre la gestion de son argent plus simple.

Quel avenir pour Bankin ?

On souhaite devenir le leader Européen incontesté du conseil financier sur mobile d’ici 3 ans.

Votre plus grande fierté ?

Deux choses me rendent fière. La première c’est notre équipe, grâce à qui nous sommes à la pointe de l’innovation, aucune autre entreprise ne sait faire ce que l’on fait, nous sommes les premiers sur le marché. La deuxième chose c’est la fierté d’aider les gens. Nous avons plus de 20 000 commentaires 5 étoiles qui montrent que notre service a un fort impact dans le quotidien de nos utilisateurs. L’argent est un sujet compliqué, anxiogène et ennuyeux, et nous le rendons simple, positif et agréable. 

Votre plus grosse galère ?

Les 7 premières années. Nous nous sommes attaqués à un secteur pas toujours accueillant à la venue de nouveaux acteurs innovants. Je passe beaucoup de temps à faire du lobbying pour créer un environnement favorable à l’innovation des fintechs. De plus la gestion interne de nos finances fût stratégique, il fallait être malin et faire les bons choix car nous avons vécu 6 ans avec seulement 1,4 million d’euros, ce qui est très peu pour une start-up qui fait du B2C. Nous avons fait notre première levée importante avec 7 millions d’euros qu’en début d’année 2017.

 

L’Europe a voté en 2015 une résolution pour un secteur financier européen plus concurrentiel et plus innovant. Avoir un marché unique connecté est l’une des priorités politiques de la commission Juncker. La réglementation bancaire est-elle un outil de blocage au service des banques traditionnelles, ou une opportunité pour vous et pour les Fintechs ?

Comme beaucoup de startups de la Fintech à la pointe de l’innovation, nous évoluons depuis 7 ans dans un cadre juridique et réglementaire complexe avec beaucoup d’incertitudes. Mais à partir du 13 Janvier 2018 Bankin est dorénavant reconnu officiellement comme un « établissement de paiement ». Nous respectons donc un cadre réglementaire très stricte, mais officiel au même titre que les banques. Et surtout, cette réglementation nous facilite un accès à plus de 4000 banques dans toute l’Europe.

Quel conseil pour un ingénieur qui sort d’école et est attiré par les Fintechs ?

Tout d’abord ne pas croire qu’il faut connaitre la finance pour entrer dans la Fintech. Chez nous les ingénieurs n’ont pas travaillé en finance auparavant mais ils ont déjà travaillé sur des applications ou sur des technologies innovantes. La Fintech recherche des personnes passionnées prêtes à relever des défis et à apprendre constamment. De plus les innovations en Fintech BtoC sont immédiatement utilisées par des millions de personnes avec un impact direct dans la vie au quotidien. 

Quel conseil pour son homologue d’école de commerce qui ne touche pas une bille en code mais s’intéresse aux Fintechs ?

Il faut absolument avoir un esprit entrepreneurial. Les Fintechs sont des startups innovantes, il faut aimer être en constante évolution, aller vers l’inconnu, tester de nouveaux produits, échouer et réessayer. Il faut aller vite, très vite !

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Un message à faire passer aux lecteurs du blog AlumnEye ?

C’est un message pour les 20-35 ans : ne pas hésiter à tenter, c’est maintenant qu’il faut le faire !  C’est un âge où l’on est assez libre de tester des choses car on n’a pas encore de vie de famille ou des impératifs financiers importants. Si on ne tente pas les choses à cet âge, on ne le fera peut-être jamais. C’est aussi important de dire que ce n’est pas grave de se planter, tout essai est bon pour apprendre.
Deuxième message, si les lecteurs veulent participer à une aventure innovante à fort impact ne pas hésiter à aller voir la section job de notre site bankin.com et à postuler.

 

Merci à Joan Burkovic d’avoir accepté de répondre à nos questions !

Interview réalisée par Arthur Pointet, étudiant à KEDGE Business School et contributeur du blog AlumnEye