La gestion alternative se distingue de la gestion traditionnelle par plusieurs caractéristiques fondamentales : son objectif de rendement absolu, ses stratégies sous-jacentes, les actifs sur lesquels elle intervient, ou encore son utilisation des techniques financières. Les investisseurs accèdent directement à la gestion alternative par l’intermédiaire de véhicules d’investissement alternatifs : les hedge funds.

 

Les hedge funds ont un objectif de rendement absolu. Le fonds alternatif fait la promesse théorique d’un rendement décorrélé des marchés traditionnels, indépendant des évolutions des indices de références ou benchmark. Cet objectif permet ainsi aux gérants alternatifs de tirer profit des situations de marché baissier.

Les actifs alternatifs comprennent entre autres les obligations convertibles, les obligations corporate High Yield, certaines matières premières, des actifs immobiliers, les devises, etc.

Les hedge funds ont souvent recours à la vente à découvert, à l’effet de levier et aux produits dérivés. Ces instruments et techniques sont intégrés à des stratégies plus globales mises en place au sein des fonds.

Retrouvez notre premier article d’introduction sur les hedge funds.

La gestion traditionnelle est caractérisée par la prise de positions longues des gérants sur les marchés actions dont ils anticipent la hausse. Ces stratégies sont dites de Long Only. Elles sont très risquées du fait de leur exposition au risque de baisse des marchés action. C’est en réponse à ces failles de la gestion traditionnelle que les stratégies alternatives de Long/Short Equity sont apparues.

Les stratégies alternatives les plus importantes

Le Long/Short Equity  (LSE)

Cette stratégie est apparue en réponse au risque de la stratégie Long Only, qui expose l’investisseur à la baisse des marchés actions. Le LSE consiste à acheter les actions sous-évaluées et à vendre à découvert les actions surévaluées selon une certaine proportion des actifs sous gestion. Le fonds emprunte les titres dont il anticipe la chute de valeur puis les vend immédiatement en espérant les racheter ultérieurement à un prix inférieur. Les sommes obtenues pour la vente peuvent être réinvesties sur d’autres titres, ce qui explique pourquoi un fonds peut placer plus de 100% de ses actifs sous gestion. Les gérants doivent implémenter une gestion de l’exposition du portefeuille.

L’exposition brute, ou gross exposure, correspond à la somme des positions longues et des positions courtes prises par les gérants. Elle renseigne sur le niveau de levier du fonds. Pour 100 d’actifs sous gestion, si les positions longues sont de 70 et les courtes  de 50, la gross exposure s’élève à  70 + 50 = 120 et le levier est de 120%.

L’exposition nette, ou net exposure, correspond à la différence entre les positions longues et les positions courtes. Elle renseigne sur la rentabilité nette du fonds. Pour le même portefeuille que dans l’exemple précédent, si le marché connaît une hausse de 10%, le fonds gagne  (70 – 50) * 10% = 2 soit un rendement de 2%.

Les sous-stratégies

  • Les fonds à Biais short (short sellers) : spécialisés dans la vente à découvert d’actions surévaluées.
  • Les fonds Market Neutral : l’exposition nette du fonds est proche de zéro.
  • Les fonds spécialisés sur des types de valeurs : les stratégies portent uniquement sur un type de titres, ou sous-ensemble. Sur l’equity par exemple, il est fréquent de voir des fonds se spécialiser en fonction de l’importante de la capitalisation boursière des entreprises. Certains gérants seront spécialisés sur les large-cap, d’autres sur les mid-cap, d’autres encore sur les small-cap. Plus la capitalisation est faible, plus la liquidité sera réduite, et moins l’information sera transparente. Les gérants peuvent développer une spécialisation et une expertise afin de standardiser le processus d’investissement selon les caractéristiques propres à chaque niveau de capitalisation boursière.
  • Les fonds sectoriels : les gérants choisissent de se spécialiser dans un ou plusieurs secteurs économiques.

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Le Global Macro

Très flexibles et opportunistes, les stratégies Global Macro se distinguent du Long/Short Equity car elles peuvent porter sur toutes catégories de marchés et de produits. Elles s’appuient sur une analyse macroéconomique au sens large pour identifier des opportunités d’investissement de manière dynamique, en anticipant des revirements de tendance.

Les sous-stratégies

  • L’approche systématique : la prise de décision repose sur une série de modèles quantitatifs; les gérants procèdent à une collecte d’informations afin d’identifier l’impact de variables macroéconomiques sur les évolutions de cours. Il s’agit de sélectionner les données quantitatives qui puissent refléter et prédire significativement des tendances afin de prendre les bonnes décisions d’investissement. Ces gérants ont donc souvent recours à des modèles algorithmiques et à des plateformes de trading électronique afin d’automatiser l’intégration de l’information collectée.
  • L’approche discrétionnaire : les opinions subjectives prennent une place prépondérante dans les choix d’investissement. Elle fait appel à des sources d’informations très diverses comme celle d’experts académiques, d’hommes politiques, de chefs d’entreprises. Les gérants regroupent des informations et les organisent pour procéder à une analyse « top down » et identifier les investissements potentiellement rémunérateurs. Leur expérience et leur track record leurs permettent de déceler les actifs qui sont le plus éloignés de leur valeur théorique, dans le but de générer de l’alpha.

 

L’Event-Driven

Cette stratégie d’investissement consiste à tirer profit d’une évolution du cours d’actions ou d’obligations résultant de l’approche d’évènements spécifiques à une entreprise. L’attention des gérants est portée sur les entreprises susceptibles de réaliser ou de subir certains évènements précis impactant actions ou obligations, sur lesquels les fonds prennent des positions. On entend par événement les « corporate events » susceptibles d’entrainer des déviations de cours de leur trajectoire normale, créant ainsi une opportunité d’investissement. On trouve parmi ces évènements les versements de dividendes, la mise en place d’une nouvelle stratégie, la cession d’actifs, etc.

Les sous-stratégies

  • Le Distressed Investing : dans le cas où l’entreprise rencontre d’importantes difficultés. Il peut s’agir d’une évolution de l’entreprise vers une situation financière défavorable, ou faire référence à des actions dont le rating devient inférieur à l’Investment Grade. Les titres qualifiés de distressed et qui attirent l’attention des gérants sont en général des titres obligataires émis par l’entreprise et des dettes bancaires, bien qu’il puisse également s’agir d’actions ou de convertibles. En cas de difficultés de l’entreprise, les détenteurs initiaux de titres de dette procèdent à la vente de leurs titres résultant ainsi en une diminution significative de leur valeur. L’opportunité d’investissement de dessine alors. Le gérant du fonds, anticipant que ces titres sont sous évalués par rapport à la probabilité que l’entreprise fasse réellement défaut, prendra une position longue et bénéficier ainsi d’un prix très réduit.
  • Le Merger Arbitrage : a pour objectif la réalisation de profit à l’annonce d’une opération de Fusion ou d’Acquisition. L’arbitrage se déroule entre le moment de l’annonce et la date de réalisation effective de l’opération. Cette stratégie repose sur l’existence d’un spread entre le prix offert par l’acquéreur et le cours observé de l’entreprise cible.

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Le Trading Haute Fréquence

Le trading haute fréquence HFT high-frequency trading correspond à l’exécution à grande vitesse de transactions réalisées par des algorithmes informatiques. Le HFT est une technique de trading automatique qui se base sur une décision statistique, et gère de plus en plus les données boursières à la manière d’un big data inaccessible à l’analyse humaine et bancaire traditionnelle.

Ce type de transactions a fait naître de nouveaux types de risques tels que le risque d’erreur de codage d’algorithme pouvant résulter à un mouvement boursier dépourvu de sens, une difficulté de contrôle des opérations, une vulnérabilité aux pannes informatiques dans la mesure ou quelques dizaines de millisecondes de retard sur un ordre de vente ou d’achat sont considérées comme critiques.

 

Les évolutions récentes de l’industrie

On compte un nombre important de stratégies possibles, et certaines stratégies ont connu des évolutions au cours du temps vers des catégories hybrides et innovantes.

On assiste à l’apparition du terme de multi-stratégies qui regroupe les recours à plusieurs stratégies alternatives en même temps et sur le même portefeuille d’actifs. L’atténuation du risque lié à une seule stratégie apparaît comme leur raison d’être, et la volatiltié des fonds multi-stratégies (MSFs) est réduite.

L’industrie est très large en termes de nombre de fonds et de diversité des stratégies. Elle est également complexe à appréhender, et il existe d’importantes barrières à l’entrée. 500 hedge funds contrôlent plus de 90% des actifs de l’industrie (source : Prequin).

Quelques chiffres de Sol Waksman, président et fondateur de BarclayHedge : au premier trimestre 2014 « les investisseurs ont placé 38,6 milliards de dollars dans des fonds spéculatifs, soit la meilleure collecte trimestrielle depuis le premier trimestre 2011, période à laquelle l’industrie avait engrangé 47,9 milliards de dollars ». 

Les stratégies qui ont le plus collecté de fonds en 2013 ont aussi été les plus performantes : le long-short equity et la stratégie Event-Driven. Les premières affichent un gain moyen de 16,1 %, selon l’étude annuelle réalisée par Guillaume Monarcha (Orion Financial Partners). Les gains des long-short actions s’expliquent par la poursuite du rebond des actions. Les fonds Global Macro affichent un gain limité de 2 %; la plupart atteignaient de bonnes performances sur la première partie de l’année grâce à leurs paris baissiers sur le yen, mais les anticipations de tapering à partir de mai ont obligé les gérants à couper leurs positions.

Les plus gros Hedge funds 2014 selon Institutional Investor :

  • Bridgewater Associates
  • J.P. Morgan Asset Management
  • Brevan Howard Asset Management
  • Och-Ziff Capital Management Group
  • BlueCrest Capital Management
  • BlackRock
  • AQR Capital Management
  • Lone Pine Capital
  • Man Group
  • Viking Global Investors