Depuis le tournant du XXIe siècle et l’élargissement de l’accès à la Bourse, à la faveur du développement du trading en ligne, les investisseurs particuliers se voient offrir une multitude d’outils, à l’image de la plateforme Robinhood aux Etats-Unis, pour prendre part à ce phénomène. La tendance a d’ailleurs connu un coup d’accélérateur depuis le début de la pandémie de Covid-19, qui a suscité chez beaucoup d’investisseurs amateurs des vocations nouvelles, conduites par la perspective de profiter de cours en forte baisse pour entrer sur le marché des actions. Ce dernier, objet traditionnel de l’intérêt de ce type d’investisseurs, est aujourd’hui rejoint par le Forex et le marché des crypto-monnaies, qui connaissent un succès croissant. Cette démocratisation n’est toutefois pas exempte de risques pour les investisseurs et peut présenter certaines dérives qu’il est bon de rappeler.

 

Une démocratisation qui va dans le sens de l’histoire

 

Rubrique cours de la bourse d'un journal

L’apparition des premières bourses institutionnalisées date des XVIIe et XVIIIe siècles dans les pays industrialisés. La Bourse d’Amsterdam est inaugurée en 1611, au cœur d’une ville qui constitue l’un des berceaux du capitalisme moderne, à une époque où les activités de la jeune Compagnie néerlandaise des Indes orientales nécessitent le drainage d’une quantité importante de capitaux, faisant ainsi la part belle aux marchés des actions, des matières premières et des devises. Suivront la Bourse de Paris, créée en 1724, et celle de Londres en 1776. Outre-Atlantique, la première Bourse américaine est fondée à Philadelphie en 1790 ; celle de New York naît deux ans plus tard, en 1792.

Au cours de la plus grande partie des deux siècles suivants, l’activité sur les marchés boursiers reste cantonnée à un nombre relativement limité d’utilisateurs. En effet, ces derniers doivent avoir recours à des courtiers (ou brokers), des intermédiaires financiers qui effectuent les transactions sur un marché pour le compte de leurs clients (acheteurs ou vendeurs). En contrepartie, le broker est rémunéré par le biais d’une commission prélevée sur l’opération exécutée. Le métier est aussi ancien que les Bourses elles-mêmes et a pour vocation de combler le manque de connaissance des clients ayant le besoin ou le désir d’avoir recours aux marchés pour se financer ou s’enrichir, c’est pourquoi le broker a souvent également un rôle de conseil en investissement auprès de son client, service habituellement dispensé par les banques à leurs clients souhaitant placer leur épargne. Jusqu’à la fin du XXe siècle, la nécessaire présence physique du courtier à la Bourse pour pouvoir exécuter la transaction limite mécaniquement le nombre d’opérations réalisables et fait du trading actif un service difficilement accessible aux particuliers non-initiés.

Une révolution majeure se produit dans les années 1970-1980, marquées par l’informatisation des cotations boursières, alors que le volume de transactions augmente dans le contexte de la globalisation financière et de concentration des Bourses mondiales. Autrement dit, ce changement se traduit par la disparition du papier dans les transactions boursières, au profit du nouvel outil informatique.

C’est dans le sillage de ce phénomène que s’opère l’automatisation des transactions, dans les années 1980-1990, avec l’abandon progressif de la vente à la criée, système d’enchère traditionnel dans lequel le vendeur, physiquement présent dans la Bourse, interpelle à voix haute les potentiels acheteurs afin de céder son titre financier au meilleur prix. La criée perdure toujours dans certaines Bourses, à titre essentiellement symbolique, comme au NYSE de New York. Quoi qu’il en soit, l’automatisation, appuyée sur la dématérialisation informatique, permet de délocaliser la prise de décision d’investissement sur le marché et ouvre ainsi la boîte de Pandore de l’accès au trading à des populations non initiées.

En effet, le développement généralisé d’Internet dans les années 2000 amorce un large mouvement de démocratisation de l’accès au trading pour les particuliers, non seulement sur les actions, mais aussi sur d’autres actifs tels que les devises, échangées sur le Forex. La décennie 2010 voit, enfin, l’expansion du trading de crypto-monnaies, actifs dématérialisés et décentralisés qui s’appuient sur la technologie de la blockchain.

 

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Un phénomène récent structuré autour d’une multitude d’acteurs

 

Outre la désintermédiation informatique, un autre phénomène vient accentuer la démocratisation du trading actif : la baisse, voire la disparition, des commissions prélevées sur les opérations de trading par les courtiers, en particulier aux Etats-Unis sur les actions.

Cette tendance, amorcée au cours de la décennie 2010 et qui s’est accélérée à partir de février 2017, a abouti, au cours de l’automne 2019, à la suppression pure et simple des commissions pratiquées par la plupart des brokers en ligne traditionnels, tels que TD Ameritrade, Charles Schwab, E*Trade Financial ou encore Fidelity Investments. C’est une petite révolution dans un secteur où les commissions représentent entre 8 et 28% des revenus de ces firmes. Ces acteurs historiques sont désormais contraints de se réinventer et d’opérer une montée en gamme de leurs services pour faire face à la concurrence impitoyable de plateformes de trading en ligne de nouvelle génération, adeptes d’une politique agressive de « zéro commission ».

Fondée en 2013, la start-up américaine Robinhood Markets, Inc. prend en effet le parti de supprimer les commissions sur l’achat ou la vente d’actions et présente l’avantage de ne pas exiger de seuil minimum de dépôt, à la différence de beaucoup de ses concurrents, ce qui permet aux utilisateurs d’investir des sommes modestes.

En 2020, malgré d’importants succès, elle essuie quelques revers notables, notamment en mars, lorsque sa plateforme est victime de plusieurs bugs informatiques liés à un encombrement de ses systèmes au moment où les cours boursiers s’effondrent, empêchant ainsi les utilisateurs de se connecter à l’application pendant plusieurs heures. Plus récemment, début septembre, le Wall Street Journal affirme que la SEC, le gendarme boursier américain, menacerait d’imposer à Robinhood une amende de 10 millions de dollars pour avoir manqué de transparence sur la vente du droit de traitement des flux d’ordres à des firmes de trading à haute fréquence (THF). Ce type de transaction constitue le fondement du modèle économique de la société, qui n’est pas encore rentable. Cette dernière, à l’instar des autres brokers en ligne, se rémunère, d’une part, grâce à la collecte des intérêts sur les liquidités non-utilisées par les clients et, d’autre part, par la vente à ces THF tels que Citadel Securities, G1X Execution, Two Sigma Securities ou encore Virtu Americas, du droit de recueillir les flux d’ordres de leurs clients et de les traiter. En d’autres termes, ces traders à haute fréquence fournissent les actions vendues aux utilisateurs de l’application.

Quoi qu’il en soit, l’entreprise est aujourd’hui leader sur son segment aux Etats-Unis, où elle revendique plus de 13 millions d’utilisateurs. D’après Business Insider, elle a en effet dépassé tous ses rivaux du courtage en ligne en juin 2020, en générant 4,3 millions de transactions par jour, contre 3,8 millions pour TD Ameritrade et moins de 2 millions pour Charles Schwab et E*Trade Financial.

Robinhood n’est pas encore disponible en France, mais de nombreux acteurs sont déjà partis à l’assaut du marché hexagonal. Alors que les années 1990 et 2000 voient apparaître les premières banques en ligne, à l’instar de Bourse Direct, Boursorama, Fortuneo Banque, Saxo Banque ou encore BforBank, la démocratisation du trading pour les particuliers s’accentue au cours de la décennie 2010, qui voit émerger un grand nombre de jeunes pousses proposant des services de courtage en ligne. On peut notamment citer la start-up néerlandaise Degiro (apparue en France en 2014), la plateforme française Birdee (née en 2017), ou encore l’entreprise néerlandaise Bux Zero, dont les services sont proposés en France depuis cette année.

Autour du globe, les plateformes se développent et se déclinent sous de multiples formules, comme le « trading social », qui permet aux novices de répliquer les décisions d’investissement de traders expérimentés, segment sur lequel la société israélienne eToro (fondée en 2007) est leader, avec 14 millions d’utilisateurs revendiqués dans le monde, dont 10% en France. Les fintech du paiement en ligne, telles que la société britannique Revolut (lancée en 2014), sont également de plus en plus nombreuses à proposer à leurs utilisateurs des solutions de trading sur différents types d’actifs financiers, élargissant ainsi leur cœur de métier.

Ces « néo-brokers » entendent déverrouiller intégralement le marché du trading en abaissant, voire en supprimant, les commissions sur les ordres passés. Ils visent essentiellement un public jeune sans connaissances financières avancées, plus réceptif aux sollicitations numériques qu’un public plus âgé. C’est pourquoi une grande partie de leur effort marketing est concentré sur la communication via les réseaux sociaux.

De manière générale, les nouvelles plateformes en ligne offrent la possibilité de réaliser des opérations de trading sur les actions, mais également et de façon croissante, sur les indices eux-mêmes (S&P 500, Nasdaq, etc.), les devises (via le Forex), les matières premières ou encore les crypto-monnaies les plus en vue, telles que le Bitcoin, l’Ethereum ou encore le Ripple. Elles ont également rendu accessibles des opérations relevant autrefois de montages financiers trop élaborés pour être ouverts au grand public, à l’image de la vente à découvert, technique qui permet de spéculer sur la baisse d’un titre.

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Une dynamique accentuée par le contexte pandémique

 

Personne en train de faire ses comptes

Mi-février 2020, les indices boursiers américains sont historiquement hauts, suite à la bulle boursière formée dans le sillage de l’après-2008. Mais fin février, sous l’effet de la perte de confiance en la résilience de l’économie liée à la pandémie de Covid-19, les indices mondiaux connaissent un effondrement brutal de 20 à 30% en l’espace d’un mois.

Début avril, 50% de la population mondiale est confinée, soit près de 3,9 milliards d’êtres humains. Le confinement généralisé, ainsi que la perspective de bénéficier d’un extraordinaire point d’entrée sur les marchés boursiers, suscitent des vocations chez de nouveaux investisseurs plutôt jeunes et opportunistes, dotés d’une faible aversion au risque.

En effet, d’après l’Autorité des marchés financiers, le nombre de particuliers ayant acheté des actions françaises du SBF 120 a été multiplié par 4 en mars, dont plus de 150 000 nouveaux investisseurs (soit 27% des particuliers acheteurs d’actions). A titre de rappel, le SBF 120 est un indice de la Bourse de Paris composé des 40 valeurs du CAC 40, ainsi que des 80 valeurs qui suivent ces dernières par ordre d’importance. Cette évolution tranche avec le désamour antérieur des Français pour la Bourse observé à la suite de la crise de 2008. En effet, fin 2019, les petits actionnaires individuels n’étaient plus que 3 millions, contre 7 millions en 2007, chiffre record qui fait alors suite à deux décennies d’introductions en Bourse d’entreprises privatisées (Air France, Technicolor, EDF, GDF, etc.).

Pourtant, ce chiffre de 2007 reflète toujours, pour une grande part, une situation où l’investisseur particulier se positionne sur un investissement à moyen ou long terme se prêtant aisément au recours à son propre conseiller bancaire, pratique historique chez les particuliers souhaitant investir leur épargne. Il ne s’agit donc pas réellement de démocratisation du trading actif.

A l’inverse, la situation de 2020 fait apparaître de nouveaux venus ayant une moyenne d’âge de 10 à 15 ans inférieure à celle des investisseurs habituels (50% des nouveaux investisseurs ont moins de 36 ans), mais également un montant investi médian de l’ordre de 2500 euros, deux fois inférieur à celui des investisseurs historiques. Ces particuliers novices sur les marchés sont également plus que jamais portés sur les plateformes de trading en ligne, qui gagnent des parts de marché sur les services de placement proposés par les traditionnelles banques de réseau.

Le succès de ces plateformes à la faveur de la crise du Covid-19 se vérifie également aux Etats-Unis, où Robinhood a enregistré 3 millions de nouveaux utilisateurs au cours du premier trimestre 2020, un record pour la start-up californienne. Ses concurrents dans l’univers des courtiers traditionnels ont également bénéficié de ce contexte, bien que dans une moindre mesure, à l’image de E*Trade Financial, Charles Schwab ou TD Ameritrade. On peut voir dans l’ensemble de cette dynamique une conséquence du placement en actions du chèque de relance, allant jusqu’à 1200 dollars, envoyé par l’administration Trump à 70 millions d’Américains.

Cet empressement opportuniste à aller contre la tendance des marchés en tablant sur un rebond prochain apparaît comme un pari gagnant à ce jour puisque, début octobre 2020, les principaux indices boursiers mondiaux sont largement à la hausse par rapport à leur point bas de fin mars, malgré la légère correction du mois de septembre. Le FTSE britannique a ainsi gagné 18% sur cette période d’un peu plus de six mois, +29% du côté du CAC 40 français. Outre-Atlantique, les indices boursiers ont retrouvé, voire dépassé, leur niveau pré-Covid, avec des hausses de 50% pour le S&P 500 et de 61% pour le Nasdaq, principalement sous l’effet du succès des valeurs technologiques.

Le point de vue qui consisterait à affirmer que la remontée en flèche des cours au printemps et au cours de l’été 2020 serait due en grande partie à l’apparition, certes massive, de nouveaux investisseurs particuliers, est difficile à vérifier empiriquement, dans la mesure où il s’agit pour le moment de volumes relativement faibles ayant un impact sans doute marginal, de l’ordre de 1%, à en croire Bloomberg Intelligence, même si certains analystes de Wall Street commencent à s’interroger sur l’impact futur sur la spéculation de l’arrivée de ces nouveaux investisseurs en herbe. Mais en ce qui concerne la situation récente, les causes du redressement spectaculaire des cours sont certainement bien davantage à chercher du côté d’un regain d’optimisme de l’ensemble des investisseurs, en particulier sous l’effet des politiques ultra-expansionnistes des banques centrales et des plans de relance de grande ampleur initiés par les Etats.

La crise pandémique n’en a pas moins représenté un remarquable succès pour ces nouvelles plateformes, qui signent une performance inédite en bénéficiant d’une publicité phénoménale à cette occasion. Se voulant à la fois rémunératrices et ludiques pour leurs utilisateurs, elles présentent toutefois certains risques de dérives, qui ne doivent pas être ignorés.

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Les risques du trading en ligne

Dès lancés au-dessus d'une main

 

Il existe parfois une distorsion manifeste entre les volumes d’achats de titres sur Robinhood et les performances financières ou la santé économique des entreprises en question. En effet, beaucoup de plateformes récentes nourrissent un certain nombre de fantasmes existant autour du trading et, au mieux, font preuve de légèreté en ne proposant pas systématiquement des services de conseil en investissement de qualité dispensés par des analystes financiers professionnels mais, au pire, incitent leurs clients à prendre des risques à court terme, à grand renfort de sollicitations permanentes via des notifications envoyées sur leur smartphone. Cette tendance à encourager l’exécution fréquente d’ordre d’achat ou de vente, conjuguée au fait de laisser les utilisateurs débutants livrés à eux-mêmes, constitue un axe d’amélioration manifeste des procédés utilisés par ces néo-brokers.

C’est ainsi que Robinhood a été sous le feu des critiques en juin dernier, après qu’un étudiant de l’Université du Nebraska a mis fin à ses jours, pensant avoir perdu plus de 700 000 dollars en investissant via l’application. Le jeune homme avait eu recours à une stratégie à effet de levier à base d’options de vente (put options) et affichait alors une perte qui n’aurait, en réalité, été que temporaire. Pour autant, ce drame met en lumière un certain manque de clarté dans la plateforme de Robinhood et souligne les risques importants que présente l’utilisation d’un effet de levier.

Le trading avec effet de levier, qui a recours à des CFD (Contracts For Difference), est proposé par de plus en plus de ces courtiers en ligne au succès grandissant, qui le présentent comme une opportunité de maximiser son gain avec un investissement de départ modéré, ce qu’il est, à l’évidence. Mais c’est aussi un outil très risqué qui expose son utilisateur à des pertes très importantes. Le CFD est un produit dérivé qui permet de négocier une variété d’actifs financiers (à l’achat ou à la vente) sans avoir à posséder en propre ces actifs, dits « sous-jacents ». Pour investir sur une position en générant l’effet de levier, l’investisseur emprunte les fonds qui lui manquent à son courtier, ce qui a pour effet de démultiplier ses propres gains (ou pertes). Si les fonds présents sur le compte de l’investisseur ne sont plus suffisants pour couvrir la perte de sa position, le courtier lance un « appel de marge » (margin call, un nom qui ne sera pas inconnu des cinéphiles), c’est-à-dire une alerte qui laisse l’investisseur face à deux options : le réapprovisionnement de son compte ou la clôture automatique de sa position. Autrement dit, le recours aux CFD est susceptible de démultiplier les gains de l’utilisateur, mais également ses pertes, et ce en très peu de temps. Les plateformes de trading en ligne présentent généralement ces opérations complexes de façon simplifiée, ce qui a pour effet d’endormir la méfiance de beaucoup d’utilisateurs.

Robinhood est loin d’être le seul broker en ligne à proposer ce type d’outil. De nombreuses sollicitations provenant d’acteurs variés aux intentions parfois discutables sont légion, en particulier depuis le confinement au printemps 2020.

Ces derniers utilisent souvent des messageries, en particulier l’application Telegram, pour envoyer des « signaux » de trading à des utilisateurs potentiels, notamment sur le marché des devises, le Forex. Le principe est le suivant : le gérant du canal Telegram invite l’utilisateur à rejoindre une conversation privée dans laquelle sont publiés régulièrement des signaux de trading. L’adhésion à ce canal privé est conditionnée à l’ouverture d’un compte de trading auprès d’un broker partenaire (qui verse une prime au gérant du canal), tel que les célèbres Admiral Markets et Vantage FX. Une fois le compte approvisionné, l’utilisateur peut commencer à recevoir les signaux et se voit recommander une plateforme de trading renommée, à l’image de MetaTrader 4 ou 5 (MT4, MT5), pour passer ses opérations. L’objectif est donc pour le gérant du canal d’attirer le plus d’utilisateurs possibles pour toucher la prime la plus élevée possible. Les signaux qu’il envoie répondent généralement à la structure suivante : un message indiquant une paire de devises à négocier (par exemple la paire EURUSD, sur l’euro/dollar), une recommandation d’achat (buy) ou de vente (sell), un TP indicatif (take profit, c’est-à-dire un seuil de gain au-delà duquel la position est automatiquement clôturée) et un SL indicatif (stop loss, un seuil de perte au-delà duquel la position est automatiquement clôturée).

Tout l’enjeu pour l’utilisateur est de définir adéquatement la taille de son « lot », c’est-à-dire la taille de sa position. Si certains gérants de canaux mettent correctement en garde les utilisateurs qui les suivent contre les risques d’un mauvais « money management » (mauvaise gestion de son risque par le choix de lots trop élevés) et adoptent une approche suffisamment pédagogique du service qu’ils proposent, d’autres ont moins de scrupules et ont une démarche trompeuse envers les investisseurs amateurs qui suivent leurs signaux.

D’autres types de publicités sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram, sollicitent les aspirants investisseurs en ayant recours à des influenceurs, dont l’objectif est d’attiser l’intérêt d’un maximum d’entre eux afin de toucher la prime offerte par le broker auquel ils sont affiliés.

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Les précautions à prendre

 

Aussi, les réelles opportunités côtoient-elles les acteurs malhonnêtes sur ce segment encore trop jeune pour être correctement régulé qu’est le trading en ligne, c’est pourquoi certaines précautions de base sont à prendre avant de s’impliquer dans une telle activité lorsqu’on est inexpérimenté. En premier lieu, il est capital de définir son objectif : quel montant souhaite-t-on investir, quel est le gain visé, en combien de temps, quel montant est-on prêt à perdre, etc. Si l’on investit dans les actions, il est nécessaire de se renseigner sérieusement sur l’entreprise dans laquelle on investit : quel est son segment d’activité, sa stratégie, ses perspectives futures, ses performances financières, etc.

Par ailleurs, le trader néophyte doit être conscient des biais psychologiques dont il risque d’être victime. La littérature est abondante sur le sujet, mais l’idée principale à retenir est que l’investisseur qui laisse ses émotions diriger ses arbitrages lorsqu’il effectue son activité de trading s’expose à des pertes démultipliées par l’irrationalité de sa prise de décision. C’est pourquoi la discipline, le sang-froid et la patience sont des qualités essentielles de tout bon trader.

Autre élément à garder à l’esprit : tout gain réalisé via le trading est soumis en France au barème d’imposition en vigueur (généralement de l’ordre de 15% à 30% de la plus-value réalisée) et doit, par conséquent, être déclaré à l’administration fiscale. Si l’on prévoit d’être en conformité avec cette dernière, il peut être opportun de privilégier des plateformes moins récentes telles que Boursorama ou Bourse Directe, qui présentent l’avantage de transmettre automatiquement au fisc la synthèse des gains réalisés pendant l’année sur leur plateforme, alors que les plateformes les plus récentes sont encore peu nombreuses à proposer ce service et laissent à l’utilisateur le soin de se charger des calculs et formalités afférentes à la déclaration de ces revenus. Ce détail vient à l’appui de l’idée que beaucoup de plateformes de trading récentes proposent des services qui relèvent encore souvent du « jeu » en Bourse plutôt que d’une réelle structure d’investissement pensée sur le long terme.

Ainsi, si la démocratisation du trading en ligne va dans le sens de l’histoire et présente l’avantage de proposer aux particuliers des solutions d’investissement sur-mesure et à des prix attractifs, les investisseurs en herbe doivent impérativement prendre leurs précautions et être conscients des risques et abus potentiels auxquels ils s’exposent, ce faisant.

 

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Nathanaël Zobel-Pantalacci, étudiant à Grenoble École de Management et contributeur du blog AlumnEye