« What are the main challenges for the banking industry ? ». Candidats en banque d’investissement, cette question vous poursuit. Avec des retours sur fonds propres au plus bas, c’est une révolution qui s’amorce dans le secteur bancaire.  La concurrence accrue de nouveaux acteurs digitalisés et de petites structures plus flexibles pousse les établissements traditionnels à revoir totalement leur business model. L’intelligence artificielle, le Big Data mais aussi la robotique sont autant de pistes de réflexion à explorer pour les banques (et autant d’éléments de réponse pour vous).

 

N26, un nouveau venu

Alors que les banques traditionnelles sont de plus en plus concurrencées par des banques en ligne type Boursorama ou Fortuneo, N26 casse davantage les codes et pousse l’expérience digitale à son paroxysme. En effet, N26 permet les retraits à l’international sans frais ainsi que toutes les opérations courantes grâce à l’application mobile; et ce, où que l’on se trouve. Dans le même temps, les banques traditionnelles ont tendance à augmenter les divers coûts de retrait d’argent ainsi que ceux de tenue de compte. Autant de raisons qui expliquent la défiance des consommateurs et l’émergence de nouveaux acteurs parmi lesquels N26 fait figure de précurseur. Créée à Berlin en 2013, la start-up lance son service en Allemagne et en Autriche à partir de janvier 2015. En un an, la banque allemande couvre 6 nouveaux marchés dont la France. Pour financer son développement rapide, N26 a reçu le soutien de prestigieux investisseurs dont Li Ka-shing – le milliardaire hongkongais actionnaire de Facebook via Horizons Ventures – et de Peter Thiel, cofondateur de Paypal. Actuellement la société permet d’ouvrir un compte dans 17 pays, couvrant ainsi une majorité de l’Europe, et totalise plus de 200,000 clients.

N26 fonde son succès sur une formule choc : « ouvrir un compte en banque en 8 minutes ! ».  Si la promesse enjolive légèrement les faits, cela reste une prouesse dans une industrie au fonctionnement lourd et à la paperasse souvent décourageante. Le système est idéal pour les voyageurs, et vise les 18-35 ans. Ceux qui ont grandi avec la technologie s’y retrouveront facilement grâce à une application ergonomique. Si le service est de qualité et très avantageux financièrement, N26 ne permet pour l’heure que d’ouvrir un compte d’appoint. Il est impossible d’encaisser des chèques, et la start-up reste absente sur le marché des produits financiers et du crédit. L’exemple de N26 nous montre que les banques traditionnelles vont devoir s’adapter et se moderniser afin de répondre aux nouvelles exigences des clients.

LA4Lire aussi : Blockchain, la plus grosse révolution depuis internet ?

 

Une industrie en pleine évolution

A l’instar de Booking et AirBnb avec les hôtels, de Uber avec les taxis, il semblerait que le système bancaire soit en train de subir sa révolution. Il connaît en effet une crise majeure. Une étude récemment réalisée au Royaume-Uni a montré que seulement 13% des personnes interrogées pensent que les banquiers d’affaires de la City se comportent de manière éthique et honnête dans leur travail. A cette crise de confiance du public, s’ajoute l’arrivée sur le marché de nouveaux concurrents innovants. Le britannique Revolut fait la même promesse que N26, ne faisant payer aucun frais à ses clients. Cependant, à la différence de la banque allemande, Revolut s’assimile plus à un compte Paypal disposant d’une carte MasterCard. En 2014, la France a également vu le lancement du compte Nickel : un compte en banque sans banque. Pour l’ouvrir, il suffit de se rendre chez un buraliste partenaire muni d’une pièce d’identité et d’un numéro de téléphone. En cinq minutes, le client obtient un RIB et une carte bancaire MasterCard, pour des frais annuels de 20€. Ainsi, le marché français est de plus en plus éclaté dans un pays où le système bancaire a toujours été très concentré.

La banque d’investissement en quête de modernisation

Les banques d’investissement traditionnelles doivent faire leur révolution numérique. Il s’agit plus d’une nécessité que d’un choix. En 2014, le retour sur fonds propres s’est établi à 8%, contre 12% 3 ans plus tôt. Après avoir utilisé tous les leviers de réduction des coûts – tels que la baisse des salaires, des effectifs et du train de vie des collaborateurs – les économies réalisées ne suffissent pas à compenser les erreurs du passé. En effet, le montant combiné des amendes, litiges et pertes de trading s’élève à 104 milliards de dollars entre 2007 et 2014. De plus, les coûts de structure restent très élevés : l’écrasante majorité des banques possède un ratio coûts-revenus supérieur à 60%.

A cela s’ajoute une profitabilité de plus en plus faible due à une concurrence plus dense et à l’émergence de nouvelles boutiques M&A. Ces dernières sont intervenues dans 22% des opérations de fusions-acquisitions en 2014 contre seulement 16% en 2007. La majorité des institutions se sont trop diversifiées en proposant des variantes de produits similaires dont les coûts sont élevés au vu de la rentabilité qu’ils proposent.

L’enjeu pour les banques va être d’intégrer de nouvelles technologies dans leur fonctionnement, tout en restant sécurisées. En juin dernier, la Banque de France a mis en garde les dirigeants des grands groupes bancaires français sur leur vulnérabilité face aux cyberattaques. Le piratage du réseau interbancaire Swift, en 2016 – ayant permis le transfert frauduleux de 81 millions de dollars au détriment de la Banque Centrale du Bangladesh – a lancé une première alerte. Pour l’instant, 75% du budget IT des banques est alloué à la maintenance.  Un chiffre qui nous montre que le monde bancaire amorce doucement une révolution high-tech, mais consacre une majorité de son budget à maintenir son parc informatique.

LA4Lire aussi : Allen & Co. et Qatalyst, deux boutiques M&A qui jouent les trouble-fêtes

 

Un véritable challenge pour les banques d’investissement

Goldman Sachs, par le biais du co-directeur de son département technologie, Don Duet, a annoncé avoir investi de manière importante dans l’intelligence artificielle et le Big Data. La banque américaine veut collecter des données et les transformer en actifs au cœur de sa stratégie. D’après Don Duet, l’industrie n’en est qu’à ses prémices dans l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il cherche à créer des synergies et des applications de cette nouvelle technologie. Les opportunités qui en découlent permettront d’améliorer l’expérience client et les processus déjà existants. JP Morgan ne veut pas se faire distancer, et se concentre sur les applications du Big Data et de la robotique. La banque devrait communiquer davantage sur sur cette stratégie d’investissement prochainement.
Il semblerait que les banques d’affaires internationales aient pris conscience du challenge à relever. Si la concurrence s’est plus que jamais accrue, les plus prestigieuses voient dans l’innovation technologique le moyen de tirer leur épingle du jeu. Selon une étude publiée par Ernst & Young, les banques d’affaires atteindront un retour durable sur fonds propres de 12 à 15%, à condition de poursuivre les changements radicaux de stratégie en marche. La banque d’investissement risque donc de vous surprendre en réinventant son business model.

 

Thomas Henry, étudiant à l’EDHEC et contributeur du blog AlumnEye