Diplômé de HEC et de Polytechnique, c’est au sein de Citizen Capital que François-Henri Champagne a trouvé sa place, un fonds accompagnant les entrepreneurs qui relèvent des défis sociaux ou environnementaux. Dans cette interview, il développe son parcours et son quotidien d’investisseur en Venture Capital et nous livre tous les conseils pour intégrer le monde du Venture Capital.

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai suivi un cursus ingénieur à l’École polytechnique, que j’ai choisi de compléter ensuite par le master de finance internationale d’HEC. Les compétences des ingénieurs étant appréciées en finance de marché, j’ai d’abord exploré cette voie pour mon premier stage, que j’ai effectué chez La Française AM, en gestion de portefeuille de crédit. J’ai ensuite choisi d’aller plutôt en Corporate Finance, en intégrant Eiffel Investment Group en dette privée. C’est à cette occasion que j’ai découvert le métier d’investisseur, qui m’a immédiatement plu.

A la fin de mes études j’ai donc choisi de poursuivre dans cette voie. Les places étant difficiles à trouver en fonds en tant que junior, j’ai effectué 6 mois de bénévolat dans une association du Val-de-Marne, pour me donner le temps de trouver… et de choisir ! J’ai finalement rejoint Citizen Capital pour les débuts de son fonds de Venture Capital en juin 2019, poste que j’occupe aujourd’hui encore.

Notre activité chez Citizen Capital est de financer des sociétés qui tentent de résoudre, avec leurs produits ou leurs services, des enjeux sociaux ou environnementaux majeurs. Notre conviction est que les sociétés qui arrivent sur de tels marchés avec une proposition de valeur transformante sont les futurs champions de demain, c’est pourquoi nous recherchons les mêmes rendements financiers qu’un fonds classique, tout en nous focalisant uniquement sur des sociétés vertueuses.

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Qu’est-ce que ta journée type concrètement chez Citizen Capital en Venture Capital ?

Une journée en Venture Capital est ponctuée d’échanges avec les entrepreneurs. Nous étudions à chaque instant une dizaine de dossiers en parallèle, ce qui implique beaucoup de discussions et beaucoup de tâches éparses. Au-delà des discussions avec les entrepreneurs, l’étude d’un dossier prend des formes très diverses : lectures sur un marché, appels avec des spécialistes, examen des concurrents, rédaction de notes d’investissement, revue des documentations juridiques… Les journées ne se ressemblent vraiment pas d’une semaine sur l’autre.

Un pan important du métier est également d’aller chercher soi-même des opportunités d’investissement, ce qui passe par des cafés avec d’autres fonds, des participations à des événements, de la veille… Enfin, nous travaillons à suivre et soutenir nos investissements au maximum avec des discussions régulières, des boards, des ateliers… Tout ce qui peut leur être utile !

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Pourquoi avoir choisi le Venture Capital ?

J’ai d’abord choisi le métier d’investisseur avant de choisir le milieu des start-ups. Être investisseur, c’est rencontrer chaque jour des gens passionnants, découvrir des nouveaux marchés voire parfois devenir expert sur certains secteurs. Chaque dossier est l’occasion d’apprendre, j’ai du mal à imaginer un métier plus stimulant ! Ensuite, étant moi-même tenté par l’entrepreneuriat, je pense qu’il est très formateur de rencontrer autant de projets et d’entrepreneurs. On voit ce qui marche, ce qui ne marche pas, les bonnes pratiques, et on se construit un réseau. Le Venture Capital est le seul métier où je peux avoir autant d’exposition à des porteurs de projets. Enfin, une spécificité du Venture Capital est qu’une partie importante du travail de sourcing repose sur le junior, contrairement à de l’investissement dans des sociétés plus matures, où les deals sont intermédiés, et moins nombreux. J’aime participer à cet effort, et me dire que j’ai les moyens de faire la différence pour mon fonds.

Un point qui m’a fait choisir Citizen Capital en particulier est l’investissement à impact. J’ai la satisfaction d’apprendre et d’être autant stimulé que dans un fonds classique, tout en ne finançant que des sociétés vertueuses, que j’ai réellement envie de voir se développer. Je pense que c’est une grande chance de pouvoir concilier ces deux aspects dans le travail. Par ailleurs, je crois que regarder des opportunités d’investissement avec cet angle complète et enrichit grandement l’analyse que nous en faisons.

Quelles sont les qualités et les expériences recherchées pour travailler en Venture Capital ?

Le Venture capital est globalement moins codifié en termes de compétences que le reste des métiers la finance. Les compétences « techniques » nécessaires en finance étant assez basiques du fait de la jeunesse des sociétés, le métier est ouvert à une plus grande diversité de profils.

La qualité numéro 1, celle qui est absolument nécessaire, est l’esprit critique. Être investisseur, c’est être sans cesse bombardé d’informations nouvelles, souvent sur des marchés que l’on ne connaît pas. Être capable de rapidement se former des convictions sur la masse colossale d’informations qui nous arrive, de ne pas être d’accord, de savoir poser les bonnes questions pour challenger ce que l’on entend est absolument nécessaire. C’est une qualité que je recherche dans tous les entretiens que je fais passer.

La seconde qualité que je mentionnerais est l’intelligence humaine. Il faut sentir les gens, les jauger, et pouvoir rapidement créer un lien avec eux. Les entrepreneurs cherchent des partenaires et pas seulement des financeurs. Par ailleurs, une grande partie du métier réside dans la capacité à networker, ce avec quoi il faut être à l’aise.

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Quels conseils aurais-tu aimé entendre quand tu étais encore étudiant ?

Le premier : « N’aie pas peur de sortir des sentiers battus ».
Quand on est étudiant, on a parfois l’impression que la voie royale (conseil en stratégie, M&A…) est la seule voie possible ou même souhaitable. Si ces métiers vont à beaucoup de gens, j’ai très vite senti que ce n’était pas mon cas. Je suis aujourd’hui très heureux d’avoir eu le courage de suivre ma propre voie sans être influencé par la pression du groupe.

Le second : « N’aie pas peur de contacter les gens ».
Le monde du travail peut sembler obscur et plein de gens surbookés qui n’ont aucune envie de répondre aux étudiants. Contacter et parler à des gens du secteur dans lequel on souhaite s’engager est non seulement incontournable pour trouver un métier, mais c’est également un excellent moyen de s’assurer que l’on va faire le bon choix. N’oubliez pas que les gens aiment beaucoup parler d’eux !

Anthony SULIO, étudiant à l’Université Paris-Dauphine et responsable éditorial du blog AlumnEye